Chapitre 20; Part 2

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     Je marche la tête baissée, j'essaye de camoufler le logo de l'Organisation et décide d'enlever ma veste. Le fond de l'air est frais, ma peau se hérisse. Je prends le temps d'arriver chez moi. Je flâne dans les rues, longe le port où les bateaux de pêche sont amarrés, le clapotis de l'eau se répercute sur les parois en bois. Être loin de l'Organisation me calme. Je vois la cour de ma maison, le soleil ne va pas tarder à disparaître complètement. Les toits des maisons deviennent plus sombres, l'air se rafraîchit. Je pénètre dans la cour de ma grand-mère. Le portillon grince toujours, la rouille ne cesse de se montrer sur le métal. Les mauvaises herbes reviennent, recouvrant le dallage indiquant le chemin jusqu'à notre porte. Le salon est plongé dans le noir, les volets sont mi-clos, toutes les lumières éteintes, et encore une fois, la porte n'est pas fermée. J'espère qu'à cette heure-ci ma grand-mère n'est pas couchée. Je pousse doucement la porte de sa chambre qui grince dans tout le salon. Je ferme les yeux espérant que ça ne l'ai pas réveillé. Son lit est défait mais elle n'est pas dedans. Je pars la chercher dans les autres pièces de la maison sans la trouver. Toutes sont sans dessus-dessous, la maison toute entière est négligée. Je me précipite vers sa chambre pour vérifier qu'on ne l'ai pas volé.

     Je la trouve allongée à même le sol. En robe de chambre. Instinctivement je pose ma main sur son cou pour trouver du pouls, je la secoue pour la réveiller, elle grogne et ouvre à peine les yeux.

- Hé grand-mère, c'est moi, c'est Ade. Comment tu t'es retrouvée par terre ? C'est pas vrai...

     Je peine à la relever, elle ne m'aide pas et se laisse porter.

- Fais un effort, t'es trop lourde.

     Elle m'écoute que d'une oreille, je la supplie de se lever en la tirant vers moi mais je peux à peine la bouger. Je n'avais jamais remarqué qu'elle était si lourde, peut-être a-t-elle prit du poids durant tous ces mois. Je parviens à l'asseoir sur son lit, je me relève pour la coucher mais elle se laisse tomber sur le dos. Je la recouvre d'une couverture avant d'ordonner un peu la maison. Tout est si sale, jamais elle ne laisserait un intérieur pareil. Je soupire en rangeant ses plantes en sachets dans ses boîtes en bois. J'essaye de faire le ménage le plus silencieusement possible mais lorsque la vaisselle fut faite, ma grand-mère pointa le bout de son nez dans l'entrebâillement de sa porte.

- Bien dormi ?

- Pourquoi t'es là ?

- Je voulais passer la soirée avec toi. Comment tu te sens ?

- Vieille. Et malade.

- Tu prends toujours tes plantes ?

- Elles marchent pas. Je vais arrêter.

- Pour prendre quoi ? Tu sais j'ai pas envie qu'un matin en venant te voir, je trouve un avis de décès placardé sur ta porte.

- Alors ne vient pas.

- Arrêtes...

     Elle s'est assise à une chaise. Je me penche vers elle, les mains sur ses genoux. J'ai posé à ses côtés une assiette avec les restes qu'elle avait. Elle tâtonne du bout des doigts pour trouver la nourriture.

- C'est important que tu te soignes. Quand je reviendrais, on reprendra notre quotidien. Comme avant.

- Ne t'en fais pas pour moi Crevette. T'es une brave fille, tu t'es bien occupée de moi. Mais quand tu auras fini... ce que tu fais là-bas, je sais que tu reviendras. Parce que tu reviens toujours.

     Quelque chose me chagrine mais j'essaye de ne rien transparaître. Je suis toujours accroupis sur les genoux de ma grand-mère, pourtant, elle ne m'a pas regardé. Ses yeux étaient bien plus haut, sa maison en désordre, son regard dans le vide. Finalement elle est bien plus malade que ce que je ne voulais croire.

- T'as raison. Je reviens toujours.





L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant