Chapitre 41; Part 2

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     Mes yeux s'habituent peu à peu à la lumière. J'arrive à mieux voir ce qui m'entoure. Les effets de cette fléchette doivent s'estomper. C'est vraiment puissant, j'ignore les produits que possèdent et utilisent les natifs mais c'est quelque chose d'assez intense.

     Les explosifs que nous avions disséminé dans la résidence ont fait leur effet : de puissantes détonations se sont faites entendre à travers la ville, d'ici on ne voit pas les effets mais nous retournons sur nos pas avec Born pour s'assurer que ça a fonctionné. En chemin il me pointe du doigt un point dans la ville. Je me rapproche pour mieux voir de quoi il s'agît mais il n'y a rien.

- Et qu'est-ce que je suis censée voir ?

- La tour.

     Il se tourne vers moi tout sourire. Je rigole à mon tour avant de contempler notre travail. C'est sûr que vu d'ici ça ressemble à un champ de mine, la Draperie n'existe plus (quoique ce ne soit pas de notre faute), on ne voit plus que les rails des gares, le centre-ville tout entier est détruit, l'Organisation est tombée. Il ne reste plus rien de notre ville. Le port lui a été épargné et une foule conséquente s'y est réfugiée formant une masse noire près des rives et des bateaux. Ce paysage apocalyptique fait plutôt peur en fait, toutes ces ruines témoignent de notre détermination en quelque sorte. Et elle n'est pas forcément belle à voir.

     Born reste un moment juché à fixer la ville. Pour ma part je m'assoie sur des gravats et attends. De toute manière tous nos explosifs ont sauté donc si des natifs venaient à nous attaquer on aurait rien de mieux pour riposter. Des cailloux se tapent les uns aux autres. En me tournant j'accueille le groupe de Jethro en les saluant de la main. Born vient célébrer cette victoire bruyamment avec Kah et Gaci tandis que Jethro se fait plus discret. Je le rejoins pour lui proposer de venir avec moi voir l'état des galeries. Nous repartons ensemble vers une entrée de métro un peu plus loin que celle que nous avions prise. Son groupe reste tranquille à parler fort, chanter, rire. Je me demande si ça s'est bien passé pour Loan et Ade.

- Bajra est parti dans quel groupe ? Me renseignais-je.

- Je ne sais pas. Il doit sûrement être avec Oskar.

- Et Bélem ?

- On l'a laissé en prison.

- Quoi ?

     Je m'arrête et lui prends le bras.

- Pourquoi il y est resté ?

- Oskar en a pris la décision. Je crois que d'autres membres du conseil y sont restés, mais je ne préfère pas m'avancer.

     Ha donc ça se passe comme ça ? Oskar décide comment se débarrasser des éléments trop encombrants. J'en reviens pas qu'ils aient laissé Bélem avec ces traîtres, ni même qu'ils aient laissé les malades trop graves mourir pulvérisés.

     Je marche bien pensive jusqu'à l'entrée du métro. On s'y engouffre difficilement avec Jethro.

- Sacrée explosion.

     Ça c'est sûr. Là-dessus Ade n'avait pas menti. Nous y faisons quelques pas tumultueux. Des morceaux de fer, de briques, de tout un tas de merde nous ralentissent. On doit escalader des trucs, en pousser d'autres, des conduits d'eau ont sauté et inondent le passage. Il faut vraiment faire attention où l'on marche. Au bout de longues minutes à essayer d'avancer au plus possible nous arrivons à un cul de sac.

- Il semblerait que les explosifs aient fait leur effet.

- Il semblerait.

     Tout est bouché on ne peut pas aller plus loin. Si c'est comme ça en surface je n'ose même pas imaginer comment ça peut être aux galeries. Nous rebroussons chemin pour rejoindre les autres. Ils ont posé leurs armes au sol, leurs sacs leur servent de repose-tête, ils regardent tous dans la même direction.

L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant