Chapitre 17; Part 1

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ADE

TROIS MOIS PLUS TARD

     Les bruits des pas de nos pieds résonnent sur le bitume, à l'unisson. Nous ne formons plus un ensemble disparate comme au début, où chacun courait à son rythme selon son souffle, nous ne formons plus qu'une masse coordonnée, synchronisée, respirant d'un même air. Nos instructeurs restent environ deux mètres devant pour donner le rythme et le parcours. Un nouvel exercice a été rajouté : après la course nous devons piquer un sprint et enjamber -ou sauter- des obstacles. Ce moment est toujours l'occasion pour Born et Cirkel de se tester : celui qui arrive en premier gagne.

     L'entraînement d'aujourd'hui était plutôt simple, nos instructeurs ont voulu nous ménager avant notre premier contrat demain. Nous avons uniquement fait notre jogging avant de revoir les bases du corps à corps et un parcours de tirs. Les simulations sont devenues de plus en plus techniques : des otages ont été rajoutés, des guet-apens nous sont tombés dessus, il fallait que les autres viennent nous sauver tout en gardant en vue le contrat. On nous a appris  à gérer un crise sous la pression et le stress. Caden est persuadé que nous ne sommes pas prêt mais le contraire m'aurait étonné. Seul Noah nous a encouragé pour demain et nous a félicité pour notre parcours. Quant à Kelsey elle devient comme Caden, idiote. Elle veut de plus en plus tout gérer et le pire c'est que tout le monde s'en rend compte, y compris Caden. Elle voudrait prendre sa place mais où irait-il alors ? Avec Bajra on a entendu une conversation entre elle et Noah, elle voudrait l'éjecter du programme de formation, selon elle il ne serait pas habilité lors des contrats. Je ne sais pas si c'est rassurant pour nous. Quoiqu'il en soit Caden s'en contre fiche et espère bien changer de poste pour être avec ceux qui choisissent quel contrat nous devons exécuter. J'ignore qui sont ces personnes, si elles sont au sein même de la tour, juste au dessus de nous, ou s'il elles sont ailleurs dans la ville. Peut-être même qu'elles ne sont pas de cette ville, après tout on ne sait rien de cette « organisation ».

     Nos formateurs nous ont laissé sortir à quinze heures aujourd'hui. Beaucoup sont partis à la douche avant d'aller se poser quelques part en attendant l'heure où le bar ouvrirait. La plupart sont excités de sortir à l'extérieur, de revoir le soleil à nouveau après trois mois à rester enfermés ici. Au début le Prétoire et le sous-sol paraissaient immenses mais au final on se sent à l'étroit dedans. La journée nous l'avons pour nous, tous les natifs presque sont dans les bureaux de la tour ou dehors, le soir ils reviennent, ça fait plus de monde dans un endroit qui nous paraît si étriqué. Lorsque nos entraînements finissent plus tôt quelques uns sortent une heure ou deux pour faire le plein de lumière. Le soucis c'est que lorsque l'on se fait prendre, les natifs nous cueillent et nous attachent aux rembarres des Arceaux aussi longtemps que nous sommes restés dehors. C'est assez humiliant et dissuasif pour recommencer. Mais ça nous empêche pas de continuer à sortir. Nous priver de soleil devient critique.

     J'ai pu sortir une fois seule -deux la fois où Loan et moi avions mangé dehors-, j'étais retournée voir ma grand-mère, voir si tout allait bien. La maison était en désordre mais ça ne m'étonnait pas. Quand j'habitais encore avec elle, c'est moi qui m'occupait de la nettoyer, avec ses articulations elle avait du mal à tenir le manche du balai ou à se baisser. Ça m'a plutôt rassuré de trouver la maison dans cet état, au moins j'ai la preuve qu'elle ne s'est pas fatiguée avec cette contrainte. Quand je suis passée elle dormait dans sa chambre, j'ai ordonné un peu les choses avant de lui laisser un mot disant que je repasserai à nouveau. Je suis sûre que dès que je franchirai la porte de la maison à nouveau elle se plaindra de ne pas avoir était réveillé. Ça me faisait sourire d'avance. J'étais parti sur le port revoir Sergail pour avoir des nouvelles concernant l'état de santé de ma grand-mère. Elle avait l'air en forme selon lui, juste ses rhumatismes qui lui faisaient des tours mais à part ça... La routine en somme. Il m'apprit qu'il lui apportait des plantes chaque semaine et en profitait pour passer un peu de temps avec elle, elle ne voyait plus personne, elle restait cloîtrée dans sa maison. Ça me tuait. Dire que je me plaignais d'être constamment entourée de gens. J'avais l'image de ma grand-mère, seule dans sa maison, sûrement assise dans le salon à attendre que la journée se termine, à manger seule à chaque repas, assise à une table. Ça me fendait le cœur.

L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant