2 - De la jalousie

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Je bascule la tête en arrière, la posant sur le dossier derrière moi. Je ferme un instant les yeux. La soirée a pris une tournure plutôt inattendue avec l'arrivée de Hayden chez Gareth. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres quand je me repasse la réaction de mon ami en voyant le grand brun dans son salon. Après je ne vais pas me mentir, je connais Gareth, ça aurait pu mal se terminer. Il aurait pu le virer à coups de pied s'il l'avait voulu et je ne serai pas aussi serein qu'à cet instant.

— Il te plaît hein ?

J'ouvre les yeux, surpris et me tourne vers Dorian qui vient d'asséner ça sans le moindre signe avant-coureur. Il est assis à côté de moi, son verre de vin entre les doigts. Il ne me regarde pas, préférant fixer le couloir où Hayden et Gareth ont disparu. Un de mes sourcils se hausse sous l'incompréhension. Qui me plaît ? Hayden ?

Je passe une main sur mon crâne. C'est la première fois, aujourd'hui, que je rencontre Hayden. Puisque je ne suis qu'un mec qui a le cul visé sur une chaise derrière un bureau, je ne suis jamais allé sur un chantier. Et bien entendu, Hayden ne s'est jamais pointé au boulot vu la relation chaotique qu'il avait avec Gareth jusqu'à ce soir. Mais une chose est sûre : il est canon le Hayden !

— Il est beau, affirmé-je en détournant mon regard pour le poser sur le sapin de Noël qui se trouve de l'autre côté de la pièce.

Il grogne, mécontent de ma réponse. Dorian est un homme génial. Altruiste, généreux, aimable, souriant, tolérant. On pourrait le qualifier de parfait. À première vue. Quand on ne vit pas avec lui comme moi. Je ne dirai pas qu'il est un tortionnaire avec moi, mais parfois, il peut être insupportable.

Il devient jaloux, possessif, légèrement autoritaire et si j'ai le malheur de proférer quelque chose qui ne lui convient pas – comme à cet instant – il perd immédiatement sa bonne humeur... Mais qu'avec moi. Il est intelligent et sait faire la part des choses à la perfection !

— Beau ? N'exagère pas. Je vois pas ce qui peut te plaire chez lui...

Ah et la mauvaise foi !

— C'est sûr que pour toi, il n'a pas du tout ce qui te plaît, asséné-je sèchement.

Il tourne brusquement la tête vers moi pour me foudroyer du regard. Je lève les yeux au ciel. Les premières fois, quand j'ai croisé ce regard, j'ai eu peur parce qu'un Dorian énervé, c'est flippant. Maintenant, je suis comme vacciné, mais ça me fait toujours aussi mal de constater qu'il ne me fait pas confiance, qu'il croit que je vais aller voir ailleurs dès que l'occasion va se présenter.

— Et pour répondre à ta question, non, il ne me plaît pas.

Hayden est beau sans la moindre hésitation, mais il n'est pas mon style. Moi, c'est Dorian. Ça fait plus de trois ans que c'est lui. Il n'y a que lui que je veux embrasser. Il n'y a que lui qui me donne envie de le déshabiller sur place et de faire l'amour avec lui. Il n'y a que lui avec qui je souhaite de me réveiller chaque matin.

— Mais t'as dit...

Son regard s'adoucit, mais je sens qu'il ne me croit pas. Sa jalousie est plus forte que moi et mes mots. Même mes gestes ne le rassurent pas tout le temps. Mais comme à chaque fois, je tente le coup. Je m'approche de lui et lui murmure :

— C'est toi qui me plais.

Je dépose un baiser juste sous son oreille. Puis un autre dans son cou. Un troisième sur son grain de beauté presque au niveau de sa pomme d'Adam. Je me redresse et plonge mon regard dans le sien. Je le vois vaciller, il a peur. De ce qu'il ressent. De moi. De la présence de Gareth et Hayden non loin. Mais je m'en fiche, moi. Je caresse du bout de mon index, la ligne de sa mâchoire et finis par l'embrasser tendrement sur les lèvres. Juste un baiser chaste et rapide, mais dans lequel j'essaie de mettre tout mon amour pour lui.

— Toi et seulement toi, insisté-je.

Il se passe une main dans les cheveux, mal à l'aise. Il soupire et râle :

— Mais qu'est-ce qu'ils foutent ? Qu'est-ce qui leur prend autant de temps ?

Moi, j'ai bien une petite idée, mais je dois me tromper. Après tout, Gareth ne craque pas aussi facilement et encore moins avec son fils dans la même pièce.

Dorian se lève et commence à faire les cent pas entre le canapé et la table basse, les mains dans les poches. Il me donne le tournis. Qu'est-ce que j'avais dit ? Mes mots et mes gestes n'ont aucun impact sur lui quand il est comme ça.

Je me redresse à mon tour et l'arrête en posant mes mains sur ses épaules. Il a les larmes aux yeux. Je secoue la tête tandis que mon cœur se brise en le voyant comme ça. Je le l'enlace parce que je sais qu'il ne maîtrise pas sa jalousie :

— Je suis avec toi. Pour toujours. Quoiqu'il arrive.

Je sens ses bras se refermer sur moi. Il prend une profonde inspiration pour se calmer.

— Pour toujours ! répété-je au cas où.

Je me recule un peu, encadre son visage de mes mains et l'embrasse à nouveau, mais malheureusement, je vois bien que son corps ne s'est pas détendu. Il se détache de mon étreinte et évite mon regard. Il déclare alors :

— Je vais aller préparer le repas en les attendant.

— Je vais t'aider.

— Non ! s'exclame-t-il brusquement. Non, je... Reste ici, je vais m'en occuper.

Sous mes yeux, il se dirige vers la cuisine. J'ai alors qu'une envie hurler mon désarroi. Ce mec va me tuer. Il va avoir ma peau. J'ai l'impression de lui donner encore et encore, mais de ne rien recevoir en retour ou en tout cas, pas assez. C'est avec un pincement au cœur que je me rassieds et finis d'une traite mon verre d'alcool.

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