27 - Des amis

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Nous sommes partis du pub, il y a dix minutes. À présent, la voiture ralentit avant de s'arrêter devant l'immeuble que j'ai indiqué à Zain. Je jette un coup d'œil à la façade, il n'y a aucune lumière. Je regarde l'heure sur le tableau de bord et prends conscience qu'il est plus d'une heure du matin. C'était peut-être une mauvaise idée.

Je secoue la tête, me maudissant. Je tâtonne mes poches de manteau, avec l'espoir d'avoir les clés parce qu'il est clair que sans elles, ça ne sert à rien que je descende de cette voiture. Le bruit métallique bien distinctif résonne. Je soupire, rassuré.

— Blaise ?

Zain pose une main sur ma cuisse, me sortant de mes pensées. Instinctivement, je la retire d'un geste brusque, même s'il n'y avait aucun sous-entendu lubrique.

— Désolé, s'excuse-t-il.

Il baisse les yeux, en s'accoudant sur le volant. Il se prend la tête entre les doigts et soupire. Moi, je reste sans voix. Je n'aime pas le voir comme ça, mais j'ignore quoi faire. Je ne comprends pas ce qu'il a. Dans une tentative vaine, je lui affirme :

— C'est pas grave. C'est... j'ai été surpris.

Je mens pour qu'il se sente mieux parce que je pense que j'aurais eu la même réaction si je n'avais pas eu l'esprit ailleurs. Il se rassied correctement, la tête basculée en arrière. Il soupire à nouveau et la tourne de manière à pouvoir m'observer.

— Je suis désolé, répète-t-il. Pour la main, mais surtout pour ce soir. Pour ce que je t'ai dit à propos de ton... de Dorian.

Il grimace en prononçant le prénom de mon petit-ami.

— C'est juste... que la première fois que je t'ai vu, tu... allais tellement mal à cause de lui et... Je m'inquiète pour toi, Blaise. Je ne veux pas que tu souffres encore, m'avoue-t-il.

Cette fois, c'est moi qui pose ma main sur sa cuisse et lui souris parce que ses mots me font du bien.

— Merci, Zain. Ça me touche que tu t'inquiètes pour moi. Mais je te jure qu'il m'aime. Sincèrement. Et puis, je ne risque rien puisque tu assures mes arrières, n'est-ce pas ?

Il déglutit.

— Je suis tellement content de vous avoir rencontrés, toi et Olly, ce soir-là.

Il hoche la tête avant de me répondre :

— Moi aussi...

Allongé sur la banquette, Olly se met à taper dans ses mains m'empêchant d'entendre la suite de la phrase du conducteur, mais j'ai l'impression qu'il a dit « Enfin... je crois ». Je fronce les sourcils en le fixant, mais il me fait un sourire qui me semble fatigué.

— Tu descends ou je t'embarque chez nous ?

Olly et Zain sont colocataires depuis plus d'un an de ce que j'ai compris. Ils se connaissent depuis une éternité et sont presque inséparables.

— Aucune envie de nettoyer quand Olly vomira dans votre salon ! répliqué-je, ce qui fit rire Zain.

Il regarde son meilleur ami et soupire tout bas :

— Il est irrécupérable. Je te comprends !

Je détache ma ceinture et le prends dans mes bras ce qui le surprend. Je lui chuchote encore des remerciements et sors de la voiture. Je ferme la portière derrière moi et commence à m'éloigner jusqu'à ce que la voix de Zain me crie :

— Réfléchis pour le match, OK ?

Je me tourne, il a ouvert la vitre côté passager pour me rappeler le projet qu'ils m'ont proposé.

— Je te donne une réponse demain !

Il fait un mouvement de tête et la voiture repart. Je demeure un instant sur le trottoir, les bras ballants avant de rejoindre l'immeuble. Je monte les marches à toute vitesse alors que je pourrais prendre l'ascenseur.

Quand j'arrive devant la porte, j'hésite. Bien sûr, depuis que je suis venu chercher quelques affaires pour aller squatter chez Gareth, je suis revenu ici. J'y ai passé plusieurs soirées avec Dorian, sans jamais y rester la nuit, mais à présent, j'ai envie de dormir là. Dans les bras de Dorian.

Je sors mes clés et ouvre la porte. Doucement. Sans bruit, j'entre et referme derrière moi. L'appartement n'a pas changé. Tout comme la présence des chaussures du boulot de Dorian dans le hall qu'il a posées en rentrant. Ou alors son manteau étendu au sol parce que la patère est encombrée trop. Il faut dire que nous n'avons jamais pris le temps de trier.

Je lance un regard vers le salon qui est un peu éclairé par les réverbères extérieurs. Il y a les restes de son dîner sur la table basse. Une assiette, une bouteille de bière, une boîte de gâteaux apéro, juste à côté des télécommandes et d'une photo de nous. Je souris à cette vue.

Je pose mon manteau et le jette sur le canapé. Je retire mes converses et me dirige vers la partie nuit de l'appartement. Sur le chemin, je ne réfléchis pas et enlève mon pull que je laisse sur le sol du couloir.

À la porte ouverte de sa chambre, je fronce les sourcils en remarquant que son lit est vide. Mon cœur s'emballe. Où est-il ? Je commence à paniquer, à m'imaginer des dizaines de raisons pour lesquelles Dorian pourrait ne pas se trouver ici en pleine nuit. Jusqu'à ce que je me rappelle que Nicola m'avait dit que Dorian s'était enfermé dans la mienne le soir de notre dispute. Peut-être y est-il ce soir aussi.

J'efface la distance qui me sépare de ma pièce, poussela porte et mets une main devant ma bouche. Il a laissé une petite lumièreallumée sur ma table de chevet sans doute pour bouquiner, mais il s'estendormi. Il est à présent allongé dans mon lit, un de mes oreillers contre luiet il est beau. Je m'approche, retire mon jean pour être plus à l'aise et meglisse sous les couvertures. J'éteins la lampe et me love au dos de Dorian,passant un bras autour de son corps.

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