32 - De l'attirance

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Il est là, au milieu du trottoir, les bras ballants. Nous nous faisons face, mais aucun des deux n'ouvre la bouche. Nous restons ainsi, à cent mètres l'un de l'autre, sans parler. Juste à nous observer. Dans cette rue vide, le temps s'arrête, semble comme suspendu dans les airs. Et pour une raison qui me dépasse, je remarque alors quelque chose que j'aurais préféré ignorer.

Il est beau. Vraiment beau.

À la seconde où je l'ai rencontré pour la première fois, j'ai aimé son corps. Certes, il est un peu cliché, ressemblant à un bad boy de roman à l'eau de rose, avec les yeux sombres et les tatouages sur chaque parcelle de peau visible. Cependant, son physique est plus qu'appétissant. Et ce soir, c'est au-delà. Il est parfait. Je ressens toute sa beauté avec cette puissance qu'il dégage et attire les regards de tous. D'envie, de peur ou de jalousie. Je n'étais pas prêt pour ça, pas maintenant.

Il fait un pas vers moi et instinctivement, je recule d'autant. Je suis comme une proie. Aux aguets. Je suis effrayé par l'idée qu'il approche, qu'il me touche, qu'il... Je ne sais plus. La situation était plus simple quand j'ignorais qu'il était attiré par moi.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je, innocemment.

Il fronce les sourcils, surpris que je lui pose cette question.

— Ce que j'ai ? C'est pas moi qui me barre en plein milieu de la soirée.

Je secoue la tête de droite à gauche, en essayant d'avoir l'air désinvolte, mais je déglutis. Sa voix est chaude et légèrement lente. Un frisson me parcourt l'échine et je n'aime pas du tout cette réaction de mon corps.

— Qu'est-ce qu'Olly t'a dit ?

Cette fois, son ton est net, cassant parce qu'il a compris.

— Rien du tout. Je suis juste fatigué.

Il fait un autre pas dans ma direction et je recule encore une fois.

— Putain, à d'autres, Blaise !

Je baisse un court instant mon regard sur mes doigts. Ils tremblent et moi, je suis ridicule. Je prends une profonde inspiration et me lance :

— Je... Je pense qu'il faut... J'ai besoin d'un peu de temps, Zain. Tout seul, c'est tout.

Il grimace à l'écoute de mes mots avant de se passer une main sur le visage.

— C'est tout, hein ?

Je hoche la tête parce que ma gorge semble s'être rétrécie face à la tristesse qu'on peut lire chez Zain, me privant de la parole.

— Comme tu voudras.

J'ai un petit sourire crispé tout en faisant quelques pas en arrière. Je fais demi-tour et il ajoute :

— Mais ne crois pas tout ce qu'il peut dire.

J'accélère l'allure pour rejoindre la bouche de métro. Je descends les marches, passe les portiques et vais attendre sur le bon quai. Les secondes s'égrainent et je tente de ne pas penser aux derniers évènements. Aux déclarations d'Olly. Au regard profond et au corps robuste de Zain. À ma réaction à l'écoute de sa voix. J'essaie. J'essaie réellement. Mais j'en suis incapable.

La rame de métro entre dans la station et s'arrête devant moi. Je me précipite dedans et m'installe sur un siège vide à ma droite, jambes écartées et coudes appuyés dessus. Je soupire, content de m'éloigner, et le signal annonçant la fermeture des portes résonne. Un cri retentit en même temps :

— Attends ! Blaise !

Je relève la tête. Zain saute les dernières marches de l'escalier et court vers moi. Cependant, la porte se clôt avant. Il tape dessus de rage et me lance :

— Ne l'écoute pas, Blaise. S'il te plaît !

Le métro repart, prenant de la vitesse et je suis abasourdi. Par son comportement, par ses mots, mais surtout par son regard. Il était triste.

Le trajet a duré vingt minutes et pourtant, il m'a paru plus court. Perdu dans mes pensées, je n'ai pas vu les stations se succéder. J'ai même failli louper mon arrêt. Et maintenant que je ferme la porte de ma chambre d'hôtel, je me rends compte que me retrouver isolé n'est pas une si bonne idée.

Je pose ma veste et commence à faire les cent pas entre le grand lit et le petit bureau mis à disposition tout en maugréant. J'ai envie de parler de tout ça à quelqu'un, mais les seules personnes qui me viennent à l'esprit ne peuvent absolument pas m'aider. Entre Dorian qui nous ferait une crise de jalousie, Gareth qui doit faire la connaissance de la sœur de Hayden et Zain qui est responsable de mes problèmes, je dois me contenter de moi-même.

Au bout de plusieurs minutes, je vais ouvrir la fenêtre, me sentant oppressé dans cette pièce. Je me passe une main dans les cheveux pour les ramener en arrière avant de prendre appui sur le rebord de la fenêtre. Je laisse mon regard balayer les environs sans voir les rues londoniennes. Je prends de petites inspirations rapides pour essayer de me calmer, mais cela n'a aucun effet.

Les larmes coulent sur mes joues. Mes jambes flageolent. Mon rythme cardiaque s'emballe. Je me suis au bord de la crise de panique et a réaction n'a aucun sens. Je ferme les yeux et m'accroupis, les mains toujours accrochées à la fenêtre pour m'empêcher de tomber.

Et là, alors que j'essaie de m'évader dans ma tête en m'imaginant sur une falaise, face à l'immensité de l'eau, en Irlande, je comprends une chose. Une vérité que j'ai fait en sorte d'éloigner de mon esprit depuis des semaines.

Je me relève difficilement et vais m'asseoir sur le bord de mon lit. J'entends mon cœur s'effriter dans ma poitrine tandis que cette révélation fait son chemin.

Je suis attiré par Zain.

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