14 - Des papillons

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Concours sur mon histoire « for him. » si ça vous intéresse !
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Brusquement, je me recule, le surprenant. Les sourcils froncés par l'incompréhension, je crache, blessé :

— Et pourquoi tu ne pourrais pas ou ne voudrais pas l'être ?

— Non, j'ai pas dit...

Je me relève, le dominant. Ses yeux voilés par les larmes se lèvent vers moi. Il ressemble à un enfant, mais je ne vais pas m'adoucir. Il a dit ce qu'il ne fallait pas. J'ai trop souffert de devoir cacher qui j'étais à mes parents. Aujourd'hui, je m'assume parce que ce n'est pas une tare d'être gay.

— Si, tu viens de le dire ! Je t'ai entendu, Dorian !

— Je...

Il se prend la tête entre les mains et son soupir me fend le cœur, mais je ne lâcherai rien.

— Il n'y a rien de honteux à aimer quelqu'un. Rien ! crié-je.

— Bien sûr que non. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire... Je...

— Alors qu'est-ce que tu as voulu dire ? Hein ? Je serais curieux de le savoir !

Je croise les bras devant moi, attendant de voir ce qu'il va bien me dire pour se défendre, mais aucun mot ne sort de sa bouche.

— Putain, Dorian, explique-moi tout de suite ou je pars !

— Je suis perdu, me lance-t-il. Ça fait des années que je le suis et je ne sais pas ce que je dois faire. J'essaie d'assumer. Je te le jure, je fais tout ce que je peux. Vraiment, mais... Il y a toujours une voix dans ma tête qui me dit qu'il y a quelque chose qui cloche chez moi et je n'arrive pas à la faire taire.

— Il n'y a rien qui cloche chez toi, dis-je, m'agenouillant devant lui.

— Mais elle n'arrête pas, chouine-t-il. Elle est là, au fond de moi, quand je suis avec toi ou que je pense à toi.

Je retire ses mains et les remplace par les miennes pour l'obliger à lever son visage. Je plonge mon regard dans le sien et lui répète dans un souffle :

— Il n'y a rien qui cloche.

Avec mes pouces, je caresse ses joues, les essuyant en même temps.

— Rien ! Tu es parfait comme tu es.

Il se précipite sur moi et m'embrasse. Comme la nuit dernière, il y a urgence. Il cherche à me retenir ou alors à faire taire cette voix. Je ne sais pas, mais une chose est sûre, ses lèvres se meuvent contre les miennes et je ne peux pas rester de marbre. Je réponds aussitôt à son baiser. Je l'aime trop pour le refuser. Il met ses mains dans mon cou, me coupant l'air frais et je frisonne à son toucher. Il se recule en m'avouant à toute vitesse :

— J'ai envie de ça. J'ai envie de plus. J'ai envie de tout avec toi.

Je l'embrasse, mais chastement cette fois, juste pour le réconforter ou le récompenser.

— Dans la voiture, le jour où l'on s'est rencontrés, je t'ai dit que tu pouvais boire ton café, que ça ne posait pas de problème et tu m'as déclaré...

Il a un petit rire à ce souvenir avant de poursuivre :

— Que tu avais des papillons !

J'ouvre les yeux, ne me rappelant pas avoir dit une telle stupidité, mais malheureusement, je le crois. Je peux être idiot face aux personnes qui me plaisent.

— J'ai pas compris sur le moment et je n'ai surtout pas cherché à comprendre. Ça m'a juste fait sourire et je t'ai laissé faire ce que tu voulais. Mais c'est resté dans un coin de mon esprit et maintenant, je sais ce que tu pensais dire ce jour-là. Je l'ai réalisé quand tu m'as...

Jeté ? Remis à sa place ? Largué ? Lui-même ignore quel terme convient le mieux pour notre situation.

— J'avais les papillons aussi.

Il s'agenouille juste devant moi, pour que nous soyons au même niveau.

— J'ai encore et toujours les papillons quand tu es près de moi, poursuit-il, sur le ton de la confidence.

Tout mon être semble se remplir d'amour et de joie.

— Je les ai vues... tes larmes quand on parlait avec Gareth au téléphone et je crois que... oui, tu es différent pour moi.

Mon cœur tressaute à ses mots.

— Tu l'as toujours été et c'est pour ça que j'ai peur. Parce que tu es différent ! En tout point. Physiquement, mentalement, émotionnellement. Tu es au-dessus de tout, de tout le monde, mais je ne sais pas le gérer. Je suis terrifié par ces putains de papillons. Que ça change toute notre vie. Que je te perde, toi, un jour. Parce qu'un petit-ami peut facilement nous remplacer, mais pas son meilleur ami.

— Si l'on s'aime vraiment, ça n'arrivera jamais, le rassuré-je.

— Je t'aime. Je t'aime tellement, mais... Je ne suis pas sûr de pouvoir...

— De pouvoir quoi ?

— Pouvoir gérer le...

Il baisse les yeux, honteux.

— Le sexe avec moi ? proposé-je. Je comprends et je ne te force à rien.

Dorian a toujours connu que des femmes dans son lit. À plus de vingt-quatre ans, se découvrir une attirance pour les hommes peut être perturbant pour certains d'autant plus tout ce qui concerne les relations intimes. Ce n'est pas le côté physique qui me manque entre nous aujourd'hui – même si je ne dirais pas non, bien entendu.

— Tu m'as dit que tu... Oh, c'est ridicule.

Sa voix déraille, se perd et moi, je prends peur à mon tour. Qu'est-ce que j'ai pu dire pour me mettre dans cet état ?

— J'ai dit quoi ?

— Que tu voulais me... prendre.

J'ai envie d'éclater de rire, mais je me retiens parce qu'il est certain que pour lui, ce n'est pas drôle, ce n'est pas une blague. C'est un problème profond.

— J'ai dit ça ? Mais... Quand ?

— Il y a longtemps, mais... Je peux pas ça. Je ne peux pas. Je te jure, j'y ai réfléchis. J'y ai beaucoup pensé. J'ai regardé des vidéos. J'ai même souvent imaginé, mais...

Il tremble de peur. Il panique.

— Stop, Dorian !

Je resserre mon emprise sur ses joues pour qu'il fixe son attention sur moi. Je ne me souviens pas d'avoir dit une telle chose.

— Je ne vais rien te faire. Rien du tout. Rien que tu ne désireras pas. C'était... Je ne sais pas moi. Juste une phrase dans l'excitation du moment. Je... Je ne t'oblige pas à ça.

Je m'en veux parce que je prends conscience que c'est peut-être ces mots qui l'ont bloqué pendant si longtemps.

— Je ne vais pas te mentir... Oui, j'ai envie de toi, de ton corps, mais je te demande rien, OK ? Je souhaitais seulement qu'on soit nous et qu'on avance ensemble.

— On l'est déjà. Pour moi, on l'a toujours été.

Il me semble si malheureux, mais surtout si sincère. Je le prends dans mes bras et l'embrasse naturellement dans le cou. Il murmure :

— Pour... comment ça... « souhaitais » ?Pourquoi tu utilises le passé ?

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