16 - Des bombes

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Je me regarde dans le miroir et souris à mon reflet avec conviction malgré le fait que j'ignore ce que cette soirée va donner. Je ne suis même pas certain que Dorian sorte de son pick up. Mais je souhaite y croire. Toute cette semaine, il m'a prouvé qu'il pouvait suivre mes envies en me laissant emménager chez Gareth sans me faire de crise. En ne m'inondant pas de messages pour savoir où je suis, ce que j'y fais et avec qui. En me permettant de réfléchir à mon avenir, au nôtre. C'est peut-être stupide à dire, mais avec une personne comme Dorian, c'est un véritable miracle.

Lorsque la sonnette de la maison retentit, je remets une mèche en arrière. Je panique. Mes mains tremblent tellement que je suis obligé de m'accrocher au rebord du lavabo. Je souffle à fond et tente de me calmer. Des coups résonnent contre la porte de la salle de bain dans laquelle je me trouve. Une main sur mon torse, je sursaute et vais ouvrir. Je découvre alors Charlie de l'autre côté. Je souris, attendri par ce bonhomme :

— Papa, il dit que tu dois sortir. Tonton Dodo y t'attend.

Après m'être baissé à son niveau, je repositionne son haut de pyjama et lui embrasse le front en le remerciant. Il s'en va à toute vitesse dans le couloir, sûrement pour retrouver Dorian qu'il adore. Je me relève et rejoins la chambre d'amis que je squatte depuis une semaine. J'attrape une fine écharpe que je glisse autour de mon cou et enfile ma veste de costume gris perle. Je souffle à fond.

Pendant un moment, je reste debout, au pied du lit, le regard fixé sur les lumières extérieures, à me poser des dizaines de questions. C'est la première fois que Dorian et moi faisons ça. Un rendez-vous amoureux. Il y a encore une semaine, c'était impensable et je l'admets, j'ai peur. Je suis effrayé par ce qu'il va se passer. Cette soirée représente beaucoup plus qu'un dîner. En tout cas, pour moi.

— Hey ! Ça va ? me demande Gareth.

Je me tourne vers lui et le trouve, appuyé contre le chambranle de la porte. Je hoche la tête de haut en bas pour simple réponse.

— C'est quoi le problème ? me demande-t-il, d'un ton doux.

— Il n'y en a pas, mens-je.

Il referme derrière lui avant de s'approcher de moi. Une fois à ma hauteur, il passe un bras sur mes épaules qu'il tapote en m'affirmant :

— On est entre nous. Tu peux tout me dire.

Je m'assieds sur le lit. J'inspire profondément, les yeux baissés. Je lui avoue alors :

— J'ai peur qu'il ne change pas. Que rien ne change, que tout ça ne serve à rien...

Il s'installe à côté de moi et pendant que je frotte mes mains moites sur mon pantalon de costume, mon ami prend la parole, avec hésitation :

— Je... Avant que tu arrives ici la semaine dernière, je... Je n'aurais jamais pu imaginer que... Putain... Je pensais juste que vous étiez pudiques tous les deux. Pour moi, vous étiez en couple. Un vrai, de ceux qui tiennent et qui s'adorent. Et tu veux savoir pourquoi je croyais ça ?

Je lui murmure une réponse affirmative et il reprend :

— Parce qu'il m'a dit, lui-même, qu'il t'aimait. On était là dans mon salon à boire une bière quand il me l'a avoué.

Je déglutis, mal à l'aise, mais en même temps, heureux. Je pensais qu'il n'en avait parlé à personne et maintenant, j'apprends ça. Ça me fait du bien.

— Pour lui, tu es l'homme de sa vie.

Je me redresse en me reculant un peu, pour détailler Gareth. Déterminer s'il me ment ou s'il est sincère. Mais au fond, je sais que Gareth n'est pas un affabulateur.

— Je... Je ne vais pas te mentir, je ne saisis pas son blocage et ce qui le dérange dans toute cette histoire. Après je ne suis sûrement pas le mieux placé pour le comprendre vu la personne qui partage mon lit. Tout comme toi qui t'assumes à cent pour cent. Mais Blaise, je sais qu'il est capable de dépasser ça. Pour toi.

— Tu en es certain ? Je veux dire... C'est quand même... Un énorme problème.

— Il t'aime. Il fera taire cette voix, il y arrivera.

— Tu... comment... tu, bafouillé-je, déstabilisé de voir que Gareth est au courant.

— Comment je sais ? Parce qu'il me l'a confié. Comme il le fait avec son psy.

— Son... quoi ?

— Son psy ! répète-t-il.

Je reste interdit un moment, un peu trop long sûrement, mais je n'en reviens pas. Dorian va voir un psy ?

— Ouais, me répond Gareth alors que j'ignorais avoir parlé à voix haute. Il a eu son premier rendez-vous cette semaine. Ce n'est pas la solution révolutionnaire qui va en quelques jours, le métamorphoser, mais...

— Ça peut aider, finis-je à sa place. Ça peut l'aider.

J'y avais pensé, mais je n'ai jamais espéré que Dorian accepterait un truc pareil. Pas lui. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je me lève. S'il fait tous ces efforts pour que nous deux ça marche, je peux sortir de cette fichue chambre pour un dîner. Je passe devant Gareth qui me retient par le bras :

— Lui dis rien pour le psy. Il ne voulait pas que tu sois au courant.

Je le remercie en secouant la tête. Je ne lui en parlerai pas, mais j'apprécie que Gareth me l'ait avoué parce que ça m'aide. J'ouvre la porte, les pas de Gareth me suivent dans ma traversée du couloir. En arrivant dans l'entrée, je suis estomaqué par la beauté de Dorian. Il porte Charlie sur sa hanche droite, ils discutent. Ils ne m'ont pas encore vu ni entendu alors j'en profite pour laisser mes yeux glisser le long de son corps.

Son jean noir, sa chemise assortie, son long manteau rayé le mettant en valeur.

Waouh... Il est... Waouh...

— Hayden m'a promis un croissant, explique Charlie avec enthousiasme.

Dorian sourit face à son filleul avant de poser son regard sur moi. Sa bouche s'entrouvre et j'ai comme l'impression qu'il aime ce qu'il voit. Ça me plaît.

— Tu m'avais pas dit que tonton Blaise étaitsi beau ! déclare-t-il à Charlie.

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