Épilogue

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Je pose le carton que je portais. Je me redresse et regarde la pièce autour de moi. Je n'aurais jamais pensé, il y a six mois, que j'aiderais au déménagement de Hayden Davies alias le pire ennemi de Gareth. Et encore moins chez Gareth. Plus le temps défile, plus je vieillis et plus je me rends compte que nous ne décidons rien. La vie fait ce qu'elle veut de nous. Destin, hasard, Dieu, peu importe comment on l'appelle, nous ne sommes que des marionnettes entre les doigts d'une force incontrôlable.

— Ça ne passera jamais, me surprend Dorian en entrant dans la chambre d'amis.

Je me tourne vers lui, souriant. Au nombre de cartons ici, j'ignore comment Hayden va pouvoir faire, mais je crois que lui non plus, je ne sais pas trop. Depuis quelques semaines, lui et moi avons beaucoup discuté, nous sommes rapprochés. Nous ne sommes plus seulement le petit-ami du meilleur ami de notre petit-ami.

— Il m'a parlé d'acheter un local en ville... Ou de squatter un bureau au boulot.

Dorian pose une demi-douzaine de petits cadres dans un coin et lève un sourcil en me faisant face.

— Squatter au boulot ?

Il ricane un peu en s'approchant de moi.

— Je sens qu'on va avoir le droit à une dispute digne de ce nom ! rit-il à cette idée.

Gareth et Hayden s'aiment. Quand nous les voyons ensemble, nous comprendrons aussitôt qu'ils étaient faits l'un pour l'autre, mais leurs querelles pour les chantiers n'ont pas cessé même s'ils ont décidé de s'associer. Ils ont tous les deux de forts caractères et sont assez têtus dans leur travail.

Dorian me prend dans ses bras et m'embrasse. Mon estomac se contracte, impatient d'en avoir plus. Je souris.

— Toujours OK pour ce soir ? changé-je soudainement de conversation.

— Et louper un dîner gratuit ? Hors de question !

Il me fait un clin d'œil alors que je secoue la tête, amusé par sa remarque. Je me retire de son étreinte et dépose un baiser sur sa joue avant de lui souffler :

— Je t'aime.

Je sors de la chambre, laissant Dorian derrière moi et remonte mes manches, déjà courtes, de mon T-shirt. Dans le couloir, je croise Gareth, les bras chargés d'une boîte, un énorme sourire aux lèvres. Il est si heureux que ça me réchauffe le cœur.

— Mais il habitait dans un manoir ou quoi pour avoir tant d'affaires ? me moqué-je gentiment.

— Je me pose la même question. Dis-lui que j'autorise encore quatre cartons, puis le reste passe à la benne ! Qu'il choisisse bien !

Je ricane parce que nous savons aussi bien l'un que l'autre qu'il ne le fera jamais. Je retourne dehors et en me dirigeant vers le camion que Hayden a loué pour la journée, je remarque Charlie en train d'exploser un tas de papiers bulle à l'aide de ses pieds, riant aux éclats, avec Sybel le filmant.

— Il voulait nous aider, me déclare Hayden en sautant lestement de l'arrière du véhicule.

En résumé, Hayden l'a occupé pour qu'il ne soit pas dans nos pattes.

— T'es super avec lui ! affirmé-je.

Un grand sourire s'accroche à ses lèvres. Il aime Charlie, sincèrement. Comme s'il était son propre fils. J'apprécie de voir que les liens du sang ne font pas tout. Ça m'insuffle un espoir pour moi aussi, un jour, avoir une famille même si mes enfants n'auront pas une partie de mon ADN. Peut-être avec Dorian ?

Je baisse les yeux et soupire.

— Hé ! Ça va ?

Je relève le regard vers Hayden et hoche la tête pour le rassurer. Il me donne une petite tape sur l'épaule et m'annonce :

— C'est le dernier carton ! Tu peux te reposer. Merci.

Il prend ledit carton et part à l'intérieur de la maison. Je l'observe s'éloigner. Dorian sort, croisant Hayden sans même le voir, puisqu'il est sur son téléphone. Encore. Il s'assoit sur le banc en bois que Hayden a obligé Gareth à installer sous le porche.

Cela fait quelques jours que Dorian est souvent sur son portable ou sur son ordinateur. Oubliant beaucoup de choses nous concernant. Ne me disant pas ce qu'il peut bien y faire. Je ne suis pas du genre jaloux, mais là, je sais qu'il me cache quelque chose et ça ne me plaît pas.

Après tout ce que nous avons vécu, j'imaginais avoir un long moment de répit avant de me reprendre la tête à propos de ma relation avec Dorian, mais il semblerait qu'il en ait décidé autrement. Je passe une main dans mes cheveux, nerveusement, et sors de mes pensées négatives quand Charlie hurle :

— Tonton !

Il court vers moi et je l'attrape à la volée pour le faire tourner. Nous rions tous les deux. Quand je l'installe sur ma hanche, Sybel me demande en me montrant son téléphone qui reçoit un appel :

— Je peux te le laisser cinq minutes ?

Je hoche la tête de haut en bas et avec Charlie, nous la regardons s'éloigner.

— Tonton Ian, me dit Charlie en me donnant des petites tapes sur le torse.

Je lève les yeux au ciel. Gareth ne peut pas le renier celui-ci. Ils ont le même caractère autoritaire. Alors je rejoins Dorian qui se dépêche de ranger son mobile en nous entendant arriver. Je soupire. Voilà à quoi j'ai le droit depuis des jours...

Je m'installe à côté de Dorian qui, souriant, met un bras derrière moi. Il discute avec Charlie, mais moi, j'ai l'esprit ailleurs. Sur son portable. Ma jalousie grandit de jour en jour et je ne sais pas quoi faire pour la faire reculer.

— Tu m'aimes ? interrogé-je Dorian, brusquement.

Ses yeux papillonnent, surpris par ma question avant que son visage ne s'adoucisse en me regardant. Il passe une main dans mes cheveux et me chuchote :

— Bien sûr que je t'aime, Blaise.

Mais ma jalousie ne part toujours pas. Je ne suis pas bien. Je vais finir par me rendre malade avec toute cette histoire, mais à chaque fois que j'essaie d'en parler avec Dorian, il ne m'explique rien, change de sujet ou s'énerve. Tout ça cache quelque chose et ça me fait peur.

— Alors les amoureux ? s'exclame Hayden en arrivant sur le porche, main dans la main avec Gareth. Apéro ?

— Ah enfin ! Je n'y croyais plus, lui répond Dorian en se levant.

Mais je reste à ma place, laissant Charlie jouer avec mes doigts qui semblent amusants. Les garçons entrent dans la maison et je ne peux m'empêcher d'embrasser la tempe de Charlie. Juste pour me rassurer. À peine quelques secondes plus tard, Dorian revient. Il s'accroupit devant nous et m'avoue :

— Les papillons sont là ! Et ils le seront toujours tant que tu seras auprès de moi.

Ses lèvres viennent se poser sur les miennes. Sa main sur ma joue. Et j'oublie tout. Mon cœur tremble dans ma poitrine. Mon estomac explose de bonheur.

Moi aussi, les papillons seront toujours là.

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