22 - De la proximité

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Pour une raison obscure, je reste figé à ma place, à côté de la fenêtre, à regarder Dorian. Il semble prendre tout son temps pour me rejoindre. Il salue Kasie qui l'adore parce qu'il joue toujours avec elle. Ils discutent et moi, je bois un peu de mon cocktail alors que j'ignore complètement ce que ça peut être.

Il s'accroupit pour être à la hauteur de Charlie qui vient de débarquer de sa chambre, son doudou T'Choupi dans les mains. Ils se font le câlin le plus long au monde et moi, je me mets à tapoter d'impatience mon pied sur le sol.

Il va au fond de la pièce pour saluer Gareth, Sybel, son copain Tommy et Nicola. Il les prend dans ses bras alors qu'il est le premier à me critiquer quand je fais ça et moi, je bouillonne de l'intérieur.

Il contourne le canapé. Lorsque je pense qu'il se dirige vers moi, il s'assied sur l'accoudoir pour échanger quelques mots avec Hope et Hayden. Je l'entends remercier ce dernier pour lui avoir prêté sa petite merveille la veille et moi, je lève les yeux au ciel, désespéré par cet homme.

Je suis en train de chercher les raisons qui font que j'aime Dorian parce que là, il m'insupporte. Il finit par me rejoindre. Il glisse une main dans le creux de mon dos et m'embrasse la tempe, s'y attardant un peu plus longtemps que d'habitude.

— Tu sens bon, me déclare-t-il avant la moindre salutation basique.

Je ris.

— Tu es en retard.

Il se recule pour se mettre en face de moi en soupirant. Mon regard détaille son corps et aussitôt des millions d'idées peu avouables me traversent l'esprit. Pourtant sa tenue n'a rien d'extraordinaire. Il porte une chemise ouverte sur un T-shirt blanc, un jean noir avec des bottines assorties mal lacées. Mais je crois que ces dernières lui donnent un petit look baroudeur chic et... J'adore !

— Je sais. J'essayais d'être présentable.

Je déglutis. Il a réussi haut la main. Même peut-être un peu trop.

— Pour plaire à quelqu'un, ajoute-t-il.

— Ah bon ?

— Ouais...

Il me fait un sourire éblouissant.

— Pour le plus beau de la soirée, d'ailleurs.

— Et tu crois que tu as tes chances avec lui ? entré-je dans son jeu.

— J'ose le penser...

Il se passe une main dans les cheveux alors qu'il n'en a pas du tout l'utilité. Il sait juste que j'aime quand il fait ça.

— C'est peut-être un peu trop présomptueux de ta part, non ?

— Sûrement, mais... J'ai mes raisons d'y croire.

— Vraiment ? Et lesquelles ?

— Il m'a laissé l'embrasser hier soir, affirme-t-il, tout sourire.

Oh ces baisers ! Ils n'étaient pas passionnés et encore moins sensuels. Juste une invitation, un effleurement, une promesse. Parce que c'était Dorian qui était à l'initiative, alors que nous étions dehors. Certes, il était plus de vingt-trois heures et il faisait nuit, mais quelqu'un aurait pu nous voir. Il faut que j'aille au rythme de Dorian. Un pas après l'autre.

— Non ? Il a fait ça ?

Il s'approche de moi. Comme il l'a fait hier soir et mon cœur ne bat plus. Il avance tellement lentement vers que j'ai le temps de remarquer son regard appuyé sur ma bouche. Va-t-il m'embrasser devant tous les invités ? Cela serait une première ! Alors que son souffle chaud chatouille mes lèvres, je ferme les yeux, désireux. Les siennes frôlent ma joue et je ne peux empêcher de pousser un soupir de déception.

— Désolé, me murmure-t-il à l'oreille.

Je souris alors qu'il pose son front sur mon épaule. Je suis frustré, je ne vais pas mentir, mais en même temps, tout ne peut pas se régler d'un claquement de doigts. Je passe une main dans sa nuque, juste à la naissance de ses cheveux et le caresse un instant. Rien que ce moment, cette proximité, cet abandon me plaît.

— Tu n'as pas à l'être. Je suis heureux, lui avoué-je.

Il se redresse et sonde mon regard pour être certain que je ne lui mens pas. Pour seule réponse, je lui embrasse à mon tour la joue et pour éviter de le mettre mal à l'aise, je pars sur un autre sujet :

— Hayden est complètement stressé par la présentation aux filles !

Les paupières de Dorian papillonnent quelques microsecondes pour prendre conscience du changement radical de conversation.

— Je le comprends... Sybel peut faire peur !

Je ricane à sa boutade tout en secouant la tête.

— Qu'est-ce qui te fait rire comme ça, le leprechaun ? me demande Gareth, en passant un bras sur mes épaules.

Je lève les yeux à l'écoute du surnom que Gareth me donne depuis deux ou trois jours.

— Leprechaun ? rebondit Dorian, les sourcils froncés.

— Gareth se croit intéressant et très drôle à m'appeler comme ça depuis que j'ai raconté quelques histoires du folklore irlandais à Charlie.

— Je suis hilarant !

Il se tourne vers Hayden qui discute toujours avec Hope, Charlie sur ses genoux et lui demande tout fort, de manière à ce que tout le monde entende :

— N'est-ce pas que je suis drôle, Hayden ?

Ledit Hayden grimace avant de lancer innocemment :

— Disons que ce n'est pas ta qualité première...

Tandis que Gareth fait une moue boudeuse, sûrement un peu vexé, Sybel, quant à elle, de l'autre côté du salon, explose de rire. La petite Kasie imite très vite sa sœur aînée alors que Hope cache difficilement son sourire derrière sa main. Sybel déclare, entre deux éclats :

— Je l'aime déjà, lui !

Aussitôt, Gareth oublie son affront et va s'asseoir sur l'accoudoir du canapé à quelques centimètres d'Hayden, lui aussi aux anges. Ce réveillon s'annonce beau, très beau...

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