11 - Des mains

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Les yeux fermés, je me concentre sur mon club que je serre à m'en faire mal aux doigts. J'ai loupé tous mes coups jusqu'à présent et ce n'est pas quelque chose d'habituel pour moi. Mon niveau n'est pas excellent, mais je ne suis pas le pire non plus. Pourtant, on dirait que je n'ai jamais joué au golf de ma vie.

Après une forte expiration, mon esprit visualise le mouvement que je désire ainsi que la trajectoire que je la balle fasse. Je prends de l'élan et tape. Le club en l'air, le corps tourné vers le green, je suis du regard ma balle qui ne fait pas du tout ce que je prévoyais. Je râle :

— Nul, nul, nul ! Putain !

J'ai qu'une envie : jeter tout le matériel contre un mur. Cependant, ce n'est pas le mien et même si c'était le mien, ça coûte trop cher et j'y tiens trop pour agir aussi impulsivement.

— Vous êtes trop dur avec vous-même, affirme Zain, le jeune homme qui m'a donné les clubs.

Pour toute réponse, je grogne. Je joue depuis plus de dix ans. Plusieurs heures par semaine. Je ne suis pas un novice, je connais mon niveau habituel et depuis que je suis au practice, j'ai été mauvais. Je m'empare une nouvelle balle et me penche pour la mettre à sa place. Je suis têtu et perfectionniste. Il faut que j'y arrive. Je me redresse et il reprend la parole :

— Vous êtes trop tendu.

Je respire à fond et laisse la voix de cet homme glisser sur moi. Je tourne la tête lentement et il est là, appuyé contre le mur, une jambe repliée et relevée. Il porte à sa bouche une cigarette et les yeux fermés, tire dessus pendant ce qui me semble une éternité. Je ne saurais dire pourquoi, mais ce geste a quelque chose de sensuel. Presque charnel. Je l'observe recracher la fumée et il me surprend en ouvrant les paupières.

Ses yeux se posent sur moi tandis qu'un léger sourire apparaît aux coins de ses lèvres. Il est bel homme, je ne peux pas nier l'évidence. Et il a ce petit côté bad boy que j'affectionnais beaucoup quand j'étais plus jeune, avec ses tatouages, son regard sombre et son ton lent et bas comme s'il cherchait à camoufler la réalité. Il lève un sourcil, me questionnant silencieux sur ce que je fixe. Je secoue la tête et me détourne de lui.

Il y a plus d'une demi-heure, j'ai imaginé que cet homme pouvait améliorer ma journée. Que je voulais finir la nuit avec lui. Je l'ai pensé, mais dès que j'ai dû aligner deux mots pour le remercier pour les clubs, j'étais aux abonnés absents. Je ne sais pas faire ça. Draguer, coucher et jeter. Mais je ne suis pas bien meilleur pour les relations sérieuses non plus à priori.

— Vous devriez vous détendre, continue-t-il.

— Facile à dire, lancé-je sans réfléchir. J'aimerais bien vous y voir.

À peine mes mots sont sortis que j'entends un petit rire résonner derrière moi. Je lève les yeux au ciel puis essaie de faire bouger mes épaules pour me décontracter. Je fixe longuement ma balle qui attend bien sagement sur le tee avant de jeter un coup d'œil au terrain qui s'étend sur plusieurs dizaines de mètres sur ma gauche. Je sursaute quand des mains glissent sur mes hanches. Un corps se love derrière moi et un souffle chaud caresse alors ma peau sous mon lobe :

— Je peux vous aider.

Je panique. Je... Je panique complètement. Il fait bouger mon bassin de droite à gauche et me chuchote encore une fois à l'oreille :

— Il faut que ce soit souple, si vous voulez réussir à correctement la mettre dans le trou.

Je déglutis à son sous-entendu qui ne semble pas si sous-entendu, mais bien direct. Mais je fais l'idiot et lui réponds :

— C'est un practice, il n'y a pas de trou...

Il rit encore une fois alors qu'il rapproche son corps de moi.

— On sait tous les deux que je ne parlais pas de golf.

Si j'avais encore un soupçon de doute, il vient de s'évaporer comme neige au soleil.

— Et on sait tous les deux de quoi tu as besoin pour te sentir mieux.

Je ne devrais pas, mais mon corps en manque d'amour, d'attention et de caresses semble trouver la proposition camouflée de Zain très tentante. Une de ses mains commence à descendre lentement vers mon entre-jambe et je ferme les yeux, ignorant ce que je dois faire.

Oui, je n'ai pas couché avec quelqu'un depuis plus de trois ans.

Oui, je n'ai pas été touché par quelqu'un depuis plus de trois ans.

Oui, je ne me suis pas senti désiré par quelqu'un depuis plus de trois ans.

Mais je ne suis pas sûr de vouloir que ce quelqu'un soit Zain, le mec du golf, que j'ai rencontré, il n'y a même pas une heure.

Toujours le club en position devant moi, je baisse les yeux vers les doigts de Zain qui sont arrivés à destination et se sont calés sur mon sexe comme si tout cela était normal, presque habituel. Mon esprit est encore coupé en deux, entre mes besoins physiques et mes envies mentales quand une voix fend l'air :

— Tu vas retirer tes putains de mains de lui !

Je relève brusquement la tête et aperçois Dorian à l'entrée du practice. La mâchoire serrée. Les poings fermés. Ses yeux envoient des éclairs. Il me semble si puissant et enragé qu'il me fait presque peur. J'ignore si c'est la même chose pour Zain. En tout cas, ce dernier enlève ses mains, les levant bien haut, mais il ne se recule pas.

— Et tu vas éloigner ta putain de queue de son cul. Tout de suite.

Je soupire. Il faut toujours qu'il exagère etsurtout qu'il soit vulgaire. Zain est très proche de moi, j'en conviens, mais nousne sommes pas non plus en train de nous envoyer en l'air. Pas encore, mesouffle mon traître d'esprit.

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