17 - Du stress

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Gareth referme la porte derrière nous et je ne peux m'empêcher de ricaner. J'ai l'impression que mon père vient de m'autoriser à sortir avec mon petit-ami... Enfin j'imagine que c'est ainsi que les choses se passent dans les familles tolérantes. Mon hilarité se fane à cette pensée. La main de Dorian se pose dans le creux de mes reins, comme il en a toujours eu l'habitude.

— Ça va ? Tu... tu as changé d'avis ?

Je lève les yeux vers lui. Il a perdu le flegme qu'il avait à l'intérieur. Peut-être parce qu'il n'y a plus Gareth et Charlie avec nous. Ou parce que nous sommes sur le point de nous montrer au monde – ou en tout cas à certains clients du restaurant où nous allons dîner. Ou simplement parce qu'il s'inquiète...

— Non. Je n'ai pas changé d'avis. Je veux nous laisser une chance.

Il prend une profonde respiration comme s'il avait été en apnée tout ce temps. Un court instant, il baisse les yeux, un sourire en coin avant de plonger son regard dans le mien.

— Merci...

Il m'embrasse la tempe avant de descendre les marches du porche en me déclarant :

— Je crois que j'ai faim.

Je secoue la tête et le suis de loin. Il va à toute vitesse, comme à chaque fois qu'il est stressé. Quand je me détourne de sa silhouette enivrante, je remarque, stationnée sur le bord du trottoir, une Mercedes blanche. Clairement pas le pick up de Dorian.

— Pourquoi avoir emprunté la voiture de Hayden ? l'interrogé-je, piqué par la curiosité.

— La mienne est encore au garage. Il n'a pas trouvé ce qu'elle avait.

Il va jusqu'à la portière passager et me l'ouvre ce qui m'amuse, mais je ne dis rien. Je le laisse gérer la soirée comme il l'entend et surtout comme il le peut.

— C'est vrai ? m'étonné-je. C'est bizarre.

Je m'installe et m'attache pendant que Dorian contourne le véhicule. Tout en montant, il affirme :

— Je pense surtout qu'il prend son temps vu que ce sont les fêtes de fin d'année.

— C'est possible. Comment tu as fait au boulot cette semaine ?

Nous travaillons ensemble, mais Dorian a été sur le terrain. Principalement avec la voûte des Reynolds. Sur ce coup, Gareth avait raison sur toute la ligne !

— J'ai emprunté un camion de l'entreprise.

— Tu n'auras qu'à prendre la mienne. Je ferai du covoiturage avec Gareth.

Il tourne son visage vers moi avant de me remercier pour ma proposition. Il boucle sa ceinture et semble hésiter.

— Cette bagnole est d'enfer ! s'exclame-t-il.

J'éclate de rire.

— C'est vrai qu'elle est géniale, glissé-je, amusé.

— Puis elle est quand même plus classe que le camion du boulot. Alors j'ai pensé que... ça serait mieux pour un premier rendez-vous.

Je suis attendri. Alors que Dorian démarre enfin, je lui dis, après un regard jeté sur la route devant nous :

— C'est gentil, mais... c'est comme cette rose, Dorian, ce n'était pas obligé.

Mon attention tombe sur la fleur rouge que j'ai posée sur mes genoux et qu'il m'a offerte dans l'entrée, sous les yeux émerveillés de Charlie et ceux légèrement moqueurs de Gareth. Elle est belle, il n'y a pas à dire, mais j'ai la sensation qu'il souhaite m'en mettre plein la vue, me prouver qu'il a changé. Mais c'est impossible en si peu de temps.

— Ça te plaît pas ? Ça fait trop... fille ?

— Pas du tout, je l'aime beaucoup, mais je veux pas que tu te sentes forcé de faire des choses pour moi. Je suis déjà heureux que tu m'aies invité pour ce dîner.

J'évite d'ajouter « en amoureux » pour ne pas le brusquer.

— Non, ça... ça m'a plu et puis...

Il passe une vitesse et garde bien son regard fixé sur la route.

— Et puis ? insisté-je.

— Je sais pas comment ça se déroule les rendez-vous avec un autre homme.

Je me laisse aller dans le siège que j'avais imaginé plus confortable et lui avoue :

— Moi non plus.

— Quoi ?

Il me jette un coup d'œil, les sourcils froncés.

— Je n'en ai jamais eu avant ce soir, lui avoué-je. Avec mon ex, on ne pouvait pas parce qu'il y avait mes parents qui n'étaient pas au courant pour moi et après, je suis arrivé ici. Je t'ai rencontré et tu connais la suite.

— Je suis content, lâche-t-il. Enfin pas que... tu vois. Mais je suis content que ce soit une première pour nous deux. Ça me rassure.

Je hoche la tête, le comprenant totalement. Il a dû angoisser toute la semaine pour ce rendez-vous pensant être comparé à un autre. Il s'est mis plus de pression inutilement. Je pose ma main sur la sienne qu'il laisse comme toujours sur le levier de vitesse.

— Tout va bien se passer. Alors, tu... tu nous emmènes où ? m'exclamé-je pour détendre un peu l'atmosphère.

— Dans ton restaurant préféré...

Dorian le connaît ? Je déglutis et n'ajoute rien. J'attends de voir s'il a juste... Mais quand quelques minutes plus tard, nous nous garons devant mon petit italien, je me rends compte qu'en effet, Dorian sait et me connait mieux que je pensais.

— J'espère que ça te va, lance-t-il après avoir éteint le moteur.

Je baisse les yeux sur ma rose et sans réfléchir, je coupe la tige, retire les quelques épines qui restaient et la coince dans ma boutonnière.

— C'est parfait, lui chuchoté-je.

Il semble soulagé, même s'il demeure stressé. Alors quand il s'apprête à sortir, je le retiens et lui rappelle :

— Je veux pas que tu croies que j'ai besoin de roses, de belles voitures, d'un bon resto, de tout ça pour passer être bien avec toi. Je n'attends pas ça de toi.

— OK. Mais tu mérites un beau premier vrai rendez-vous.

Il sort et tel un gentleman, vient m'ouvrir ce qui me fait rire. Un léger sourire transperce son angoisse. Nous ne sommes séparés que par la portière. Dorian pose un bras sur le dessus et rapproche un peu plus son visage de moi pour me murmurer :

— Et je veux te l'offrir parce que jet'aime.

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