Apocalypse

XXIV. Tinneas : Echec et mat.

D'après Apocalypse nous n'avons fais que gratter la surface de nos pouvoirs. Ne pouvait elle pas nous le dire plus tôt ? À croire qu'elle s'amuse, qu'elle joue avec nous depuis le départ. Parfois même, on dirait qu'elle a tout prévu et qu'elle regarde ses pions subir le fil de sa partie. Tant de pouvoir en une si petite personne... C'en est réellement fascinant. Nous ne pouvons pas faire autrement que de l'aduler.
Au moins, Cogadh, lui s'est découvert une force encore plus grande que ce qu'il escomptait. Dommage que son esprit, lui, ne se soit pas plus développé.
Non pas qu'il soit stupide. Seulement les plans machiavélique, c'est pas son fort ! Il est bon pour déclencher les guerres et même pour orchestrer des stratégies millitaires plus incroyables les unes que les autres. Mais pour ce qui est du reste...
Et c'est bien dommage vu sa puissance.

Cependant, il est vrai que la fourberie et le machiavélisme, c'est plus mon truc... Après tout, je suis le poison.

Marcher dans des terres empoisonnées me détend quelque peu. Que de travail m'attend.
À nous voir tous les quatres, on croirait que notre existence est des plus amusante.
La réalité est autre : certes, nous menons le chaos et certes, cela est très plaisant, cependant, nous n'avons pas droit à l'erreur. Parce qu'il en va du destin d'Apocalypse. Et qu'aucun de nous, réellement aucun, ne désire être responsable de sa chute. Si cela devait arriver la sanction serait terrible. Ce que nous avons risqué pour Deamlasair ne serai qu'un petit coin de paradis à côté, une petite séance de détente au bord d'un lac scintillant.

Mais alors que je déambule sans réel but précis, la dernière personne au monde que je désire voir apparait, son éternel sourire narquois plaqué aux lèvres.

<<Arcadias, que fais-tu là ?

-Poison ? Ou devrais-je dire Tinneas, peut être... Peu importe, je vais emmerder quelques célestes trop imprudents. Tu souhaites m'accompagner peut être ?

Il est vrai que j'aurai dû noter ses armes mises en valeur ainsi que son regard de braise... Son attitude est pûrement et simplement celle qu'il adopte lorsqu'il s'apprête à faire un massacre. Je repond froidement et distant :

-Cela met-il en danger l'Apocalypse ? Parce que si ce n'est pas urgent, j'ai autre chose a faire que de m'amuser.

-Alors comme ça, le terrible cavalier du poison reffuserai d'aller faire un petit tour chez les blanbecs rien que pour l'amusement ? Et moi qui croyait que vous adoriez semer le chaos. N'est ce pas là votre rôle, votre... but dans la vie ? Votre essence vitale ? Semer le chaos...

La fureur naturelle qu'il m'inspire n'a cessée d'augmenter à chacune de ses paroles mais il n'en a pas finit.

-Peut être n'êtes vous pas réellement à la hauteur de votre tâche. Cela me déçoit énormement de ta part Tinneas...

Brusquement, j'explose. Une vague de poison jaillit de moi, s'évadant de chaque pores de ma peau. Le seigneur des tenébres se protège à l'aide son arme et son sourire s'agrandit. Je reste stupéfait de ce qu'il vient de se produire : jusque là, seul mes mains transmettaient le poison... Pas le reste de mon corps ni simplement mes pensés... Arcadias donne un coup de pieds à une roche touchée par ma soudaine attaque et celle-ci s'effrite.

-Apo' m'avait parlé de l'étendue inexplorée de vos pouvoirs. Je crois que vous vous reveillez enfin. Il était temps. Parce que justement, le temps, lui, file. Et à toute vitesse en plus. Et si nous ne faisons rien je doute que notre chère impératrice du chaos réussisse. Et alors... imagine donc sa colère... non vraiment, je suis peut être un gentil toutou à vos yeux mais je suis sûr que vous ne désirez pas subir sa fureur.

-On t'a déjà dis que tu parlais trop ?

Mon ton est peu amène et je me tiens la tête entre les mains, agacé. Mais malgré tout, je suis de son avis. Bien sûr je préfèrerai mourir que de le lui avouer. Son visage se ferme une seconde et il interroge :

-Puis-je savoir pourquoi vous ne m'appréciez pas, toi et les trois autres ?

-Je crois que tu en connais la raison.

Nous nous faisons face et malgré ma rage contenue, je sens le sang pulser contre mes tempes et je n'ai qu'une envie, envoyer au tapis le petit jouet d'Apocalypse. Ses yeux se mettent à rougeoyer. Je doute qu'il puisse me tuer cependant il est assez puissant pour peut être me blesser et je n'ai vraiment pas que ça à faire. Le seigneur des ténèbres poursuit tout de même sur sa lancée.

-Officieusement, tout le monde connait la raison. Mais, officiellement ? Je doute que vous alliez crier sur tout les toits que votre haine contre moi est dûe à... ce qu'elle est dûe.

-Imagine un jeu d'échec. Apocalypse en est la reine, la pièce plus puissante. Bhàs, Cogadh, Dainn et moi même sommes les cavaliers, ce qui est logique. Tes petits ténébreux en sont les pions. Deamlasair est la tour du haut de laquelle la reine se perche pour tout conquêrir. Et toi... toi tu es le fou. Autant que nous, tu es de la chaire à canon. Le roi représente la réussite, une chose si fragile, une petite étincelle entre les doigts crochus du destin. Et la Terre est notre échiquier.

-C'est une jolie image. Mais rien ne m'explique pourquoi ma relation avec Apo' vous met tant en rogne.

Je frémis à ces quelques mots et je sens de nouveau comme un froid glacial puis une brûlure intense parcourir mes veines. Cependant j'évite l'explosion et réplique vivement :

-A-t-on réellement besoin de t'expliquer ?

-Peut-être de la jalousie ?

-Non ce n'est pas...

Je commence à rugir. Mais je me force à reprendre mon calme :

-Ce n'est pas de la jalousie. C'est autre chose, quelque chose de naturel. Tu aimes Apocalypse et aussi fou que cela puisse paraître, elle t'aime. Bordel, petit seigneur de merde que tu es, elle t'aime. La reine aime le fou. Apocalypse, l'entité la plus dangereuse au monde, celle qui pourrait tous nous anéantir d'un claquement de doigts, celle qui ne ressent que haine, t'aime. Et ça la met en danger !

J'ai recommencé à hurler. Durant ma longue tirade, ses traits se sont figé dans une colère sourde. De sa voix caverneuse, il persiffle :

-Voilà pourquoi la fraterie des seigneurs est tant haïe... chacun d'entre nous met en danger la précieuse petite Apocalypse. Mes frères, passe encore je comprends, j'éprouve la même chose. Prometeos étant le fou d'Avènement -pour reprendre ton image - c'est donc lui que vous haïssez le plus. Quand à l'autre... Mais moi ? Croyez vous réellement que moi, le seigneur des ténèbres, la création même d'Apocalypse, soit un danger pour elle ? Qu'elle se serait créé elle même une faiblesse ?

La hargne dans sa voix, le tambourinement de son coeur maudit dans sa poitrine, le flamboiement de ses iris écarlate... Aimer l'Apocalypse est une malédiction pour lui et, de tout son coeur, de toute son âme pourrie, il aime cette malédiction. Je sens que je vais regretter les mots qui vont suivre mais pourtant rien ne les arrête :

-Apocalypse est folle. Cinglée. Aliénée. Et sa folie est destructrice à un tel point que personne ne peut se l'imaginer dans toute son étendue. Elle s'est créée une arme. Un véritable venin. Malheureusement, elle a bu elle même dans la coupe empoisonnée. Si la reine tombe, nous tombons tous. Et elle tombera si son fou continue d'occuper son coeur.

Nous nous toisons encore un instant. Puis nous finissons par abandonner nos positions. Après tout, rien de ce que nous ne dirons jamais aura un réel impact. Nous ne feront pas changés les choses avec de simples paroles. Seule la joueuse en a le pouvoir. Et la joueuse semble décidée à garder son amant auprès d'elle pour toute l'éternité.
Avant qu'il ne s'en aille, je lui souffle :

-Amuses toi bien avec tes célestes...

À nouveau,  son sourire froid réapparait et, bien qu'il demeure crispé, il réplique ironiquement juste avant de s'éclipser :

-Bonne chance dans ta quête de pouvoir caché.>>

Pour le coup, la chance ne sera pas sûrement de mon côté. Car Apocalypse aime beaucoup trop nous voir galérer.

Tinneas Versus Arcadias !
Les deux creations d'Apocalypse s'affronte sur la relation qu'entretient le seigneur des ténèbres avec l'entité du chaos...
Les cavaliers ont-ils raison ?

Merci de votre lecture !
Dredre

02 Juillet 2018