LIII. Tinneas : Je te touche, tu meurs.

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Lorsqu'au bout de mes mains un nouveau céleste se transforme en un tas de poussières noires, détruit par mon poison, je savoure la terrible sensation de puissance qui circule dans mes veines. Bon sang, empoisonner la nature et tout ce qu'il y a de vivants sur cette terre possède certes quelque chose d'exaltant mais user de mes dons pour détruire les célestes... Ça me rend euphorique. Je comprends l'engouement de Cogadh à l'idée de ce combat. Par ailleurs, je surveille du coin de l'œil mon frère. D'un simple mouvement de son épée, il peut faucher la vie d'une dizaine d'ennemis, un peu à l'image de Bhàs qui manie sa faux avec dextérité. Cependant le cavalier de la guerre a un côté bien plus bestiale. Il n'est conduit que par sa nature profonde. C'en est terrifiant, même pour nous, ses frères. Il est certainement le plus fort d'entre nous. Mais personne ne se risquerait à le lui dire. Orgueilleux qu'il est, il en prendrait la grosse tête...

Je me baisse soudainement pour éviter une attaque et je saisis la lame qui me menaçait à deux mains. À mon contacte l'acier se met à fondre d'une bien étrange manière. Le céleste lâche son arme et me décroche un coup de poing qui me fait plier en deux. Je lâche une injure et alors qu'il s'apprête à réitérer son action j'intercepte son poing. Il blêmit comprenant ce que cela signifie et tente de se dégager. Il me lance un coup de pieds dans le ventre mais je ne faiblit pas et mon venin mortel se répand lentement dans ses chaires. Ses comparses semblent se rendre compte qu'il est en difficulté et se jettent à son secours. Je pousse un soupire. Quand ces blanc-becs comprendront-ils qu'ils ne peuvent rien face à nous ? Sans même me tourner vers eux, je laisse s'échapper de moi une vague de poison qui se diffuse sur quelques mètres, tuant ceux qu'elle frappe de plein fouet. Les soldats de l'Avènement se figent et regardent avec horreur leurs corps se mettre à pourrir, le sol autour d'eux à noircir jusqu'à devenir une boue immonde dans laquelle ils ne tarderont pas à s'effondrer, morts. Ils lâches leurs lames et tentent de s'échapper mais ils restent fixés au sol, leurs pieds pris dans le marécage qui s'est créé sous eux. En ricanant je lance à la cantonade :

« Quelqu'un désire-t-il se jeter au secours de ses camarades ? Non ? Tant mieux !

Je me redresse totalement et tord le bras du céleste que je maintiens toujours dans son dos. Il lâche un grognement de douleur mais ne peux définitivement plus se défendre. Il ne lui reste plus qu'une option, attendre que la mort l'emporte. Seulement Bhàs est un peu trop occupé ailleurs. Du coin de l'œil j'aperçois un reflet doré se précipiter vers moi. J'intercepte de justesse la flèche lancée à toute vitesse vers ma tête et observe l'objet un instant. Puis, poussant un théâtrale soupire je me tourne vers celui qui l'a lancée, laissant tomber ma victime au sol qui se met à convulser.

D'un pas décidé je m'avance vers l'archer qui se met sur ses gardes tandis que je souris, jouant avec le brouillard venimeux qui glissent entre mes doigts. Mais je me fige quand brusquement une lame le traverse, lui ôtant la vie avant que je ne le fasse moi-même. Il tombe sur le côté, dévoilant Dainn qui plonge dans une révérence narquois, heureux de m'avoir piqué ma proie de repartir à la chasse, d'un pas guilleret.

Je passe à nouveau à l'attaque, m'en donnant à cœur joie. Je te touche, tu meurs. C'est comme un jeu. Un jeu que j'adore. J'éprouve presque trop de plaisir à assassiner d'un simple contacte. C'est une puissance démesurée que je possède là. Je n'ai pas besoin d'armes. Juste de mes mains. Peu à peu, nos adversaires se retrouvent réduits à moitié tandis que mes frères et moi même sommes aussi frais que si nous venions de passer un siècle de pur repose. Les célestes reculent, se dégageant du combat.

Je me tourne vers la Guerre qui sourit à la vue de cette armée qui se regroupe pour mieux nous attaquer, avec plus de hargne, plus de rage. Dommage que ça ne suffise pas. Je hèle mon frère puis l'interroge :

ApocalypseWhere stories live. Discover now