LII. Cogadh : Le dernier appel du sang.

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L'essence même d'une traque se rapproche bien trop de celle de la guerre pour que la mission de retrouver les troupes célestes soit confiée à un autre que moi. Cela fait parti de mes fonctions. Et honnêtement je ne m'en plains pas. La satisfaction de se débarrasser d'un ennemi est bien plus intense lorsque sa chasse est parsemée d'action et qu'il ne nous tombe pas tout droit dans la gueule de la sorte. Ma main gantée effleure le pommeau de mon épée un instant. Je tente par ce geste de canaliser l'impatience qui brûle en moi. Si Apo' est parvenue à l'atténuer quelque peu, empêchant tout du moins une explosion imminente, elle n'a fait que retarder l'inévitable. Le moment viendra où je ne pourrai plus me brider et où je devrai laisser libre court à ma nature destructrice. Et lorsque l'entité du chaos nous a annoncé que nous allions nous attaquer aux troupes célestes, j'ai su que le moment était venu. Oh que oui, je vais me donner à cœur joie dans ce combat qui s'approche. J'en brûle d'impatience.

Affronter nos ennemis naturels, créer dans le but de nous défaire à quelque chose de plus grisant qu'aucune autre bataille. Et pourtant j'en ai mené des guerres. Seulement, celles contre les armées d'Avènement et de son valet, Prometeos, ont toujours été mes préférées. Les célestes sont si drôle à détruire ! Ils sont persuadés de combattre le mal et de répandre la lumière de par leurs actions. Je ne peux leur en vouloir, c'est là leur divine mission. Et puis je l'avoue, lorsqu'il s'agit de combattre les ténébreux, ces blanc-becs se débrouillent plutôt bien, ce qui donne lieu à quelques beaux combats. Mais lorsque l'apocalypse est en marche, ils ne sont plus d'aucune utilité. Comme si tous leurs pouvoirs disparaissaient, faisant d'eux des sac de frappe au service d'Apo' qui s'en donne à cœur joie.

Mais peut-être qu'avec l'approche de la fin, ils se montreront un peu plus difficile à vaincre...

Soudain je la sens. La trace des célestes est là, comme un petit chemin de lumière tracé dans l'obscurité. Je le vois aussi assurément que je vois le bout de la longue faux de Bhàs qu'il balance avec nonchalance dans mon angle de vision. Dans le brouillard du monde, de perçois leur présence, pas si loin que ça de nous.

Je me tourne vers mes frères et Apo' qui s'amuse avec la petite clé qu'elle a récupéré des mains d'Avarice. Lorsqu'elle surprend mon regard, elle m'adresse un clin d'œil et fait disparaître l'objet dans son décolleté. Personne n'irait penser à la chercher la dedans ou ne s'y risquerait. Je me racle la gorge et souffle :

« Ils sont ici, je les sens.

Apo balaye du regard l'immense champs dans lequel nous nous trouvons, les lèvres pincées et lève la tête, humant l'air. Peu à peu ses traits s'éclaircissent. Elle fait craquer sa nuque et nous lance :

- Ils doivent être une bonne centaine, de quoi vous amuser mes agneaux. Mais je vous prierai de ne pas faire de bêtises. En particulier toi, Dainn'.

- Moi ? Mais pourquoi c'est toujours moi que l'on accuse de faire n'importe.

Je ricane tandis que l'entité du chaos lève les yeux au ciel. C'est bien fait pour le cavalier de la misère, lui qui cherchait à me foutre en rogne il y quelques heures à peine... Tout en essayant de conserver une voix maîtrisée, je me moque de mon frère :

- Rappelle moi qui n'a pas pu s'empêcher de prendre toute la richesse d'un pays, faisant mourir de faim la moitié de son peuple, alors qu'il était sensé se maîtriser afin que celui-ci puisse mener une révolte qui aurait dû se changer en guerre ? Les pauvres étaient tellement à bout de force que je n'ai rien pu faire d'eux...

- Ça date d'il y a un peu plus de deux millénaires ! À quoi bon ressasser un passé si ancien ?

- Tu désires peut-être qu'on évoque la présence d'un certain Deamlasair dans ta caverne aux milles richesses ? renchérit le cavalier de la mort, s'appuyant sur sa faux et penchant la tête sur le côté, amusé.

ApocalypseWhere stories live. Discover now