Apocalypse

LVIII. fin : Apo' : Et le chaos deviendra fin.

Mes doigts sont prêts à claquer. Un seul mouvement et tout sera finit. Le monde se disloquera : les hommes sont déjà réduits à moitié, la nature est presque décimée... il suffirait d'un claquement pour que tout s'effondre. Pourtant je maintient mon geste en suspension, mes doigts en contacts, prêts à glisser, stoppés par un événement perturbateur : Avènement se tient derrière Arcadias, et sa lame est pointée sur le dos de mon amant, prête à le transpercer.

« Il semblerait qu'on en soit au même niveau Apocalypse. souffle t-elle.

Prometeos se trouve à quelques pas de moi. Il serait si simple de le tuer... mais ma sœur pourrait en faire de même et alors nos seigneurs, mon seigneur, ne seraient plus que de lointains souvenirs...

- Si tu le tues, le tien aussi mourra Avènement. L'équilibre ne peut être rompu, je m'en assurerai.

- Aimer ou Régner, Apocalypse ? Le choix n'est pas si simple... »

Tous retiennent leurs mots, attendant de voir ce que je déciderai de faire. Arcadias lui, me fixe impassible, un léger sourire au coins des lèvres. Alors je me mets à rire en baissant ma main. Je ris avec démence, figeant d'horreur le monde. Même mes quatre cavaliers n'osent plus bouger. Je secoue la tête. Quel putain de coup bas. Peut être qu'Avènement est plus cruelle que ce que je ne l'aurai cru... Elle cache bien son jeu. Oh, nous nous ressemblons bien plus qu'elle ne le prétend... Et si je suis capable d'éprouver des sentiments, il lui est tout à fait possible d'agir de manière mesquine. Mais envers et contre tous, je reste la pire.

Mon seigneur des ténèbres retient un rire en comprenant ce qui se trafique dans mon esprit. Il se met à parler sans qu'aucun son ne s'échappe et je lis sur ses lèvres.

Détruis tout.

C'est le sacrifice ultime qu'il fait là. Parce qu'au moment même où je ferai ce que je ferai, lui, Prometeos, les démons, les anges, les humains... tous disparaîtront. Mais il me sourit, confiant. Mourir ne l'effraie pas. Je lève les yeux pour plonger dans le doré de ceux d'Avènement. Tout se joue maintenant. La victoire ou l'amour. Je suis l'apocalypse, et j'engendre le chaos. Le reste n'est qu'une vaine chose. L'amour n'est qu'un sentiment né de cette apparence humaine. Alors je penche la tête en arrière, posant mes yeux sur le ciel sombre.

Et je libère avec puissance l'apocalypse.

Une onde gigantesque de pouvoir s'échappe de mon enveloppe charnelle et se déverse sur le monde. La terre tremble, le poison long de Tinneas se met soudainement à tout dévorer, les cataclysmes s'abattent sur la Terre, le chaos prend place.

Je libère tout mon pouvoir de cette enveloppe, le sentant quitter mon corps, et le monde cède peu à peu. L'onde de choc est si puissante que tout ce qu'elle traverse - mise à part les entités, c'est à dire Ave', mes cavaliers et moi même - est détruit. Au moment même où elle frappe Prometeos qui se volatilise en million de petites étincelles blanches, Avènement hurle de douleur. Sa lame vient s'enfoncer en Arcadias. Un spasme le secoue et son regard de braise se fixe dans le mien.

Brusquement l'onde de destruction se suspend. Comme si le temps était ralentit, mon seigneur s'effondre au sol, toujours son sourire aux lèvres. Une étincelle noir, une petite braise, s'échappe alors et s'élève doucement dans le ciel. Plus rien ne bouge. La vie se fige un instant et mes cavaliers font de même... tous nous fixent. Ma sœur et moi nous toisons un instant, une larme de rage coulant sur sa joue au moment même. Tremblante d'une haine non contenue et plus violente que n'importe laquelle, je me sens déchirée en deux. Ce qui me sert de cœur semble souffrir le martyre tandis qu'un long hurlement résonne dans ma tête. En supprimant une partie de moi, Avènement vient de supprimer ce qu'il me restait de retenue. Un rictus naît sur mes lèvres. Un souffle puissant balaye alors la Terre, s'amassant derrière moi. La Terre est prise d'une secousse. Je relève mes yeux vers ma sœur et brusquement la libération reprend. Ténébreux et célestes sont anéantis, le sol s'ouvre sous nos pieds, la lave remonte des profondeurs, des pans entier de roche s'élèvent haut dans les airs avant d'exploser en millier de météores et de retomber sur terre.