Bonus I. Apo' : Reine de coeur

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- 60 001 lunes

Je tourne en rond dans ma salle du trône jetant de temps à autre un coup d'œil au portail, attendant mes cavaliers. Les astres s'aligneront dans une lune, c'est peu dire, et une fois libérée j'aurai affaire à la dernière création d'Avènement : l'Homme ! Ils sont apparus il y a quelques milliers de lunes. Mes cavaliers ont été envoyés en éclaireur dés leur création et de ce qu'ils m'ont rapporté, il existe un vice chez l'Homme. Un vice qui, si je l'exploitais, deviendrait une arme intéressante. Voilà pourquoi j'ai créé Arcadias, le seigneur des ténèbres ainsi que sa troupe de ténébreux.

J'avoue que cette idée était lumineuse - mauvais jeu de mot compris ! D'autant plus que quand je l'ai créé, j'étais en forme : une touche d'humour par ci, un cœur maléfique par là, un charme indéniable et une force phénoménale !

Je surprends souvent ses coups d'œil dans ma direction. Parfois il m'observe avec une sorte de fascination et je ne peux m'empêcher de lui lancer un sourire malicieux en retour. Il se retrouve alors comme surpris et souvent l'incompréhension gagne ses magnifiques traits. Comme si trouver que je suis la plus magnifique créature de l'univers était une chose honteuse....

Ce ne serait pas le premier à céder à mes charmes. Mon actuelle apparence est celle d'une toute jeune femme - et oui encore cette malédiction me condamnant à être coincée dans le corps d'une presque adulte - à la beauté époustouflante, à la chevelure d'argent aussi tranchante que des lames de rasoirs, et aux yeux envoutants. Personne ne peut me résister. Personne n'a jamais pu. Je représente tous les vices et la tentation elle-même ne m'égale pas. Je suis la créatrice de la luxure après tout.

Mais il est puissant aussi. Et il parvient à semer le mal derrière lui. Rien de ce que je fais n'est inutile...

Je lève les yeux sur le portail par lequel mes compagnons rejoignent le monde des humains et qui m'enferme dans ce foutu palais d'ombre. Fonçant des sourcils, je m'approche et tend la main vers lui. À peine mes doigts effleurent-il le mur invisible qui me sépare de la liberté qu'une décharge électrique puissante me traverse le bras. Je retire ma main prestement et me met à jurer dans tous les langages que je connais.
D'un pas vif je retourne à mon trône et me laisse tomber que mon majestueux siège avant d'appuyer ma tête sur ma main.

Je hais l'enfermement. Je hais cette cage. Je hais les soixante mille lunes que j'ai à attendre. Je hais ma sœur.

J'ai besoin de détruire. De tuer. De faire couler le sang. Et ce n'est pas en restant dans cette foutue prison que j'y parviendrai. Qu'importe. Une lune à tenir, ce n'est rien face à toute l'éternité que j'ai vécu. Lorsque je sortirai, nul doute que je causerai un chaos sans nom. Rien qu'à cette perspective, l'impatience me regagne et un rictus nait sur mes lèvres.

Un grésillement, signe que quelqu'un vient de traverser le portail, me fait me redresser. Ce n'est pas un de mes cavaliers mais bien le seigneur des ténèbres qui s'approche de mon trône avant de s'incliner profondément. Mon sourire s'agrandit cette fois ci. Puisque nous sommes enfermés là, essayons de tirer profit de la situation !

Je me relève, les plis de ma légère robe noire se défaisant et retombant le long de mes jambes, et je m'avance vers lui.

<< Arcadias.

Je l'invite à se relever et il obtempère. Mon seigneur des ténèbres lève son regard rubis brûlant sur moi et souffle, comme si ma vue était des plus époustouflante, ce qui est sûrement le cas :

- Ma reine.

- Que me vaut l'honneur de ta visite ?

- Mes troupes sont prêtes à te servir. Les ténébreux sont parés à tout. Si tout se passe comme prévu, la bataille devrait vite être gagnée. La stratégie mise en place par Guerre semble infaillible et je vois mal comment mon frère pourrait faire mieux avec ses célestes...

Exaltée je bats des mains et m'exclame :

- En voilà une bonne nouvelle ! Tout est parfait !

Mon regard parcourt rapidement le corps athlétique de mon interlocuteur et je me mords la lèvre. C'est décidé, je veux sa reddition totale et complète. Je le veux. Qu'importe si cela ressemble à un caprice de gamine, cela fait bien trop longtemps que je résiste aux appâts du seigneur de ténèbres et que lui résiste aux miens. Mon petit diable m'a complètement fait perdre la tête. Ce soir j'en fais mon casse croûte.

Je m'approche, séductrice et me plante à deux centimètre de lui. Penchant la tête sur le côté je sussurre :

- Comment pourrais-je te remercier Arcadias ?

Un éclat traverse son regard. Il ouvre la bouche puis se ravise mais trop tard. J'ai déjà perçu ses pensés. Peut-être que s'infiltrer dans son esprit n'était pas très respectueux mais je n'en ai rien à faire.
Un sourire narquois se peint sur mes lèvres et je m'avance d'un centimètre encore.

- Rien ne me fais plus de plaisir que de vous servir, ma reine.

- Appelle moi Apo'.

Nouvelle lueur, nouvelle pensée très flatteuse pour moi qui traverse l'esprit tordu de mon futur amant.

- Très bien Apo'.

- Je peux tout t'exaucer tu n'as qu'à formuler ton souhait. Mes pouvoirs sont infinis.

- Il est des souhaits qui ne nécessite aucun pouvoir. gronde-t-il de sa voix caverneuse.

Son message ne pouvait pas être plus clair. J'éclate de rire. Le roi des ténébreux semble bien Caliente ce soir !

- Ces vœux là aussi je peux les réaliser... Tout ce que tu désires peut être à toi.

Et encore plus si ce qu'il désire c'est moi. Je m'approche encore d'un pas. Cette fois nous nous frôlons presque. Si il ne réagit pas je vais l'étriper moi même.

- Alors ?

Arcadias reste raide comme un piquet, comme pour me résister, ses yeux ne se détachant pas de moi. Pourtant, mon instinct me dit qu'il me suffirait de le pousser encore un peu pour qu'il me cède enfin. Je me hisse alors sur le pointe des pieds, m'appuyant sur son buste. Il frémit à mon contact. Alors plongeant mes yeux dans le sien, je reordonne les boucles noires qui tombent sur son front. Actuellement nous sommes si proches que je perçois ses battements de cœur et qu'il doit très certainement sentir mon souffle sur son visage.
Pourtant il n'agit pas. Je souris tout de même approchant un peu plus mon visage du sien avant de soudain reculer et retomber sur mes talons.

Seulement il m'en empêche, ses mains se saisissant brusquement de mes hanches pour me maintenir contre lui. Enfin ! Mon regard se fait enjoué tandis que j'entre-ouvre les lèvres prête à répliquer quelque chose. Mais une lueur de pur désir traverse le regard d'Arcadias alors que ses yeux s'ouvrent grands et il ne me laisse pas le temps de dire quoique se soit qu'il s'empare de mes lèvres, en un baiser bien loin d'être pur. Enfin, enfin, enfin ! Il cède enfin. Poussée par l'euphorie, je passe mes bras autour de son cou pour me rapprocher encore plus de lui, supprimant toute distance entre nous. C'est une explosion de sentiment violents en moi. Passion, destruction, chaos et désir. Amour peut être ? Mais un amour si sombre, si ténébreux... Qu'il serait délicieux d'y céder entièrement ! Mes mains s'aggripent à son dos, mes griffes poussant et s'enfoncent dans sa chaire. Mais il n'en a que faire car les siennes me soulève déjà pour me hisser un peu plus à son niveau. Bientôt seul son bras autour de ma taille me retient tandis que son autre main remonte dans mes cheveux d'argent. Les ténèbres et le chaos s'embrasent en nous.

Il se détache soudain, son souffle se perdant contre mon oreille et il murmure alors, la voix rauque de désir :

- Je t'aime, Apocalypse.

Un sourire satisfait nait sur mes lèvres tandis qu'il enfouit son visage dans ma gorge. Presque nonchalamment et peu consciente de ce que je fais, je caresse d'une main ses belles boucles noirs, savourant ses baisers sur mon cou. Mes doigts se crispent sur sa chevelure lorsqu'il me mord avant d'apaiser la fugace, très fugace sensation de morsure des caresses de ses lèvres. Je me penche alors un peu pour lui murmurer :

- Tu es à moi, Arcadias. Pour toujours et à jamais. >>

Et pour toujours je serai l'unique reine de son cœur.

ApocalypseUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum