Miroir

1 _ Impression stupéfiante

Aujourd'hui

Je n'ai rien demandé à personne et voilà que je me retrouve en pleine campagne, toute seule. Normalement, je devrais être à New York au bureau d'avocats où je travaille. Mais non, toute cette situation m'est retombée dessus sans que je puisse le voir venir. Alors oui, je n'aurais pas dû m'énerver de cette façon et encore moins le menacer ainsi néanmoins, j'ai trouvé cela justifié. Après que la vérité m'ait explosée à la figure il y a trois mois de cela, j'ai enfin osé lui dire tout ce que j'avais sur le cœur. Évidemment, cela ne lui a pas plu et me voici en repos forcé pour deux semaines.

Je ne savais pas vraiment quoi faire cependant, j'étais certaine du besoin de relâche et de calme. C'est ainsi qu'une amie m'a prêté sa maison de vacances à Livingston. Beaucoup pense que je hais la campagne puisque j'ai fait ma ville en ville. Que nenni ! Je suis née et ai grandi dans la cambrousse et aime m'y ressourcer parfois. J'ai simplement rejoint la grosse pomme pour mes études et y suis restée pour mon travail.

Sortant de ma voiture, je m'avance doucement vers la petite maison en bois qui va m'accueillir ces deux prochaines semaines. Légèrement recluse dans la forêt et visiblement agrémentée d'une cheminée, elle semble chaleureuse. Un courant d'air froid me fait frissonner et me force à rentrer. Il ne manquerait plus que je tombe malade pendant mes vacances. Bien que forcées, je dois bien admettre qu'elles devraient me faire le plus grand bien. Le mois de janvier et ces températures fraîches vont m'amener à bien profiter de ce chauffage à bois.

Essuyant mes pieds sur le tapis de l'entrée, je laisse mon regard papillonner un peu partout. Une cuisine fermée se trouve sur ma gauche. Après quelques pas, je me situe dans le salon simplement meublé d'un canapé, d'une table et d'une bibliothèque. L'endroit n'étant pas habité depuis quelques mois, je m'empresse de m'allumer un petit feu histoire de me réchauffer puis je continue ma visite : une salle de bain très rustique ainsi qu'une petite chambre. Les murs en bois font presque penser à un chalet de montagne.

C'est certain que cela change de mon appartement habituel mais, vivre dans une maison me manquait. J'aurais pu aller passer ces deux semaines chez mes parents sauf que j'avais besoin d'être seule ; les connaissant, ils ne m'auraient pas lâchée une seule seconde.

Ma valise maintenant vidée, je m'affale sur le canapé après cette longue journée. Puis j'attends. Les craquements du feu me ramènent à mes soirées en famille lorsque j'étais plus petite. Récemment encore pour Noël, il y en avait un chez mes parents. Des étincelles volent un peu partout et la chaleur m'entoure peu à peu, rassurante. Éreintée, je pose ma tête sur le coussin et me laisse bercer par les flammes. Si bien que je finis par m'endormir.

* * *

J'ai quitté mon logement provisoire il y a de cela deux heures, peut être trois. Je ne m'en souviens plus à vrai dire. Lorsque je me suis réveillée, ce n'était plus le bouillonnement des flammes qui m'entourait mais une immense solitude. Tout ce que je sais, c'est qu'il fait nuit et que le second endroit où je me suis rendue après cette maison, s'avère être le premier bar qu'il y avait sur mon chemin. J'espérais que le simple fait d'être entourée de vie me redonnerait un peu de baume au cœur. Sauf que paradoxalement, je me suis sentie encore plus seule alors j'ai eu une idée stupide : boire.

Je dois faire peine à voir : enchaînant les verres et refusant de quitter mon tabouret au risque de m'effondrer par terre. L'idée semblait bonne à la base : me reclure dans un endroit où je ne connaissais personne, loin de tous ces problèmes. Sauf que maintenant, je me rends compte que je vais m'ennuyer comme jamais ici. Après deux jours, j'aurais fait le tour de la petite ville et après ? Il me restera plus de dix jours sans aucune activité à l'horizon.

— Un autre verre, s'il vous plaît, quémandé-je au barman.

Un jeune homme au visage sympathique et à la barbe bien taillée grimace légèrement avant de répliquer :