19 _ Ne te cache pas de moi

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— Ben alors ma cocotte, pourquoi cette triste mine?

Ma meilleure amie se trouve face à moi. Nos bureaux se situent côte à côte. J'y ai remis les pieds ce matin. J'ai encore du mal à me faire au changement de quotidien : prendre le métro ce matin afin de venir m'enfermer entre ces quatre murs jusqu'à ce soir. Certes, je suis très contente de retrouver Liv, elle m'avait beaucoup manquée. Toutefois, tout ce qui vit à Livingston me manque déjà.

— J'aimais bien ma forêt, marmonné-je en acceptant le café qu'elle me tend.

En arrivant, une pile de dossiers et de feuilles en tout genre s'entassaient sur mon bureau. Ma boîte mail paraissait pleine à craquer. Si bien que je viens tout juste de terminer de tout trier et qu'il est déjà l'heure de manger.

— Tu es sûre que la forêt est ce qui t'attirait le plus? renchérit-elle avec un clin d'œil. Dans ce cas, va à Central Park.

Je redresse le regard puis remarque beaucoup de regards curieux sur moi. Les pièces sont simplement séparées de vitres en verre afin de donner un espace totalement ouvert. Ainsi, je perçois facilement les œillades inquisitrices de mes collègues. Depuis mon retour, j'ai l'impression désagréable d'être dévisagée par tout le monde, sans raison apparente.

— Que se passe-t-il? m'informé-je, curieuse.

Liv pivote en arrière avant de comprendre de quoi suis-je en train de parler. Par la suite, elle revient vers moi, incertaine.

— Des rumeurs, après tes éclats de voix avec lui, murmure-t-elle.

— Super, bienvenue au travail, bougonné-je en claquant rageusement mon tiroir.

Je n'ai pas encore croisé Adrien, je m'en porte très bien. Néanmoins, j'ai conscience que cela peut survenir à tout moment. Je ne devine pas quelle sera ma réaction. Elle m'effraie un peu en réalité. Mon comportement peut varier du tout au tout en quelques secondes seulement. Ma meilleure amie m'observe, l'air inquiète. J'avale le reste de mon café d'une traite puis prépare mes dossiers pour cette après-midi.

— Il ne t'a pas envoyé de message, c'est ça? questionne-t-elle.

La lettre d'Eliott repose sur la table de mon salon, toujours close. Je savais que j'en aurais besoin aujourd'hui, en rentrant du boulot. Par conséquent, je ne sais toujours pas ce qu'elle contient.

— Il ne possède pas de téléphone, réponds-je.

— Mais comment allez-vous faire pour tenir une relation à distance? s'étonne-t-elle.

Ses longs cheveux sont ramenés dans un chignon flou, ses ongles sont manucurés, son visage, maquillé. Elle aime prendre soin de son image. Je lui ressemblais, avant. Ensuite, j'ai appris à faire la part des choses et à ne plus trop m'en préoccuper. Cela ne nous empêche pas d'avoir des tas d'autres centres d'intérêt communs. En réalité, elle se fiche complètement de l'allure de ses proches.

Malgré tout, elle n'a pas tort. La communication va s'avérer compliquée toutefois, cela ne m'effraie pas outre mesure.

— Je l'appellerai sur son fixe en rentrant.

— Ne sois pas stupide, achète lui un portable ce sera mille fois plus simple! s'exclame-t-elle.

Je dois avouer qu'à partir du moment où je me trouvais avec lui, je n'avais pas pensé aux détails de l'après. Du coup, ces soucis d'échanges ne m'ont pas effleuré l'esprit.

— J'irai dans la semaine, affirmé-je. Retourne travailler avant de te faire alpaguer par le chef.

— Tu ne t'en tireras pas comme ça, je veux tout savoir! réplique-t-elle avant de rejoindre sa place.

MiroirWhere stories live. Discover now