9 _ Un câlin après cette frayeur

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— Je n'y arrive pas! s'énerve-t-elle, lâchant sa cuillère.

— Lexie, calme-toi, tu veux?

— Mais je veux qu'on ait terminé les cookies quand tonton Eliott rentrera...

— Ils seront finis, promets-je. Fais comme ça.

Je lui montre à nouveau comment former les petites pâtes rondes. Elle m'observe sérieusement avant de réessayer. Ce coup-ci, elle y parvient comme une chef! Le silence prend peu à peu place sauf qu'elle ne lui laisse pas beaucoup de chance puisqu'elle se remet à parler :

— Si tu ne veux pas tonton Eliott, c'est parce que tu as déjà un amoureux?

— Lexie, soupiré-je.

Ce que j'aimerais pouvoir lui dire que cela ne la regarde pas... Sauf que je n'y parviens pas. Ses mains pleines de pâte à gâteau et de chocolat fondu, elle attend ma réponse, les yeux grands ouverts remplis de curiosité.

— Non. Le dernier a été méchant et cela s'est mal fini alors, je n'en ai pas envie c'est tout, expliqué-je doucement.

— Mais Eliott est gentil! s'exclame-t-elle.

— Je sais Lexie. C'est plus compliqué que ça...

— Ça veut dire qu'il va rester tout seul toute sa vie? demande-t-elle confuse.

Comme ce matin, ses yeux semblent prêts à être noyés de larmes. Rapidement, je m'essuie les mains sur un torchon puis m'approche d'elle.

— Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je suis sûre qu'il trouvera quelqu'un. Pourquoi es-tu persuadée que c'est de moi dont il s'agit?

— Parce que Chester t'aime bien, affirme-t-elle en reprenant ses cookies. Alors ça veut dire qu'Eliott aussi.

Restant silencieuse, je l'observe former des petites sphères. Je prends conscience que pour appréhender Eliott, il faut d'abord faire attention à l'état d'esprit de Chester. Si je me base là-dessus, cela signifierait que son maître commence à me faire confiance...

— J'ai fini! s'exclame Lexie en me sortant de mes pensées.

Baissant les yeux sur la plaque, je me rends effectivement compte que tous les gâteaux sont prêts à être enfournés. Je l'attrape et la mets dans le four afin de les faire cuire. La petite s'assoit à même le sol et contemple la cuisson. J'en profite pour nettoyer la cuisine.

L'enfant semble tellement souhaiter que je devienne la petite amie de son oncle que je me demande depuis combien de temps il n'en a pas eu. Pourtant, il est bel homme, aucun doute là-dessus. Si les femmes qu'il a rencontré n'ont pas cherché à passer outre sa timidité, c'est bien dommage puisqu'il a l'air d'être quelqu'un de très bien.

Ses yeux lui ajoutent un charme indéniable. Je n'ai pas de honte à avouer qu'il me plaît. Le problème n'est pas là. C'est plutôt le fait que mon ancienne relation a réduit à néant la confiance que je peux mettre en l'autre. Égouttant le saladier utilisé, je m'appuie sur l'évier, perdue.

Hier, j'ai fini par rappeler Liv qui m'a crié dessus, me reprochant de lui avoir raccroché au nez juste après m'être mise à pleurer. Toutefois, dès que je lui ai parlé d'Eliott et de Lexie, elle s'est radoucie.

En réalité, j'ai l'impression d'être dans un étape de transition dans ma vie. Je le ressens au fond de moi et ne sais pas comment le gérer. En fin de compte, c'est ce que je suis venue chercher ici alors, je devrais peut être me laisser aller et voir où tout cela me mènera...

Le four sonne en même temps qu'Eliott entre, les cheveux blanchis par ce qui s'apparente à de la neige. En effet, Chester le suit, moins noir que d'habitude.

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