Miroir

44 _ Tu as promis...

Amaury doit amener Eliott à la maison dans l'après-midi. Je ne lui ai donc pas rendu visite. A la place, je me suis occupée de Lexie et de Chester. De cette façon, il pourra se reposer en arrivant. La petite blonde ne tient plus en place. Installée derrière la fenêtre, elle guette l'arrivée de son oncle. Quant à moi, je boucle le dossier puisque le jugement aura lieu dans quelques jours. Je suis incollable, rien ne devrait poser problème. Malgré tout, je préfère tout reprendre une énième fois afin de ne rien oublier.

J'y ai travaillé pendant tant d'heures que je ne les compte plus. Ayant partagé l'évolution de mon travail à Liv, je n'aurais plus qu'à la briefer avant.L'impatience reste l'émotion prédominante dans la maison. Le nez plongé dans mes papiers, je sens Chester frotter sa tête contre mes jambes.

— Il va arriver mon grand, promets-je sans détourner le regard.

Finalement, il reste à mes côtés en me tenant compagnie. Mary ne se trouve pas ici aujourd'hui. J'ai conscience qu'Amaury nous accueille avec plaisir. Nous n'avons nulle part où aller. Alors, même si j'agis de manière à me faire la plus petite possible, j'ai l'impression que nous nous imposons. Ils vivaient seulement à deux. Voilà qu'un enfant, un chien et moi débarquons du jour au lendemain. J'espère que nous trouverons rapidement une solution intermédiaire.

De toute manière, nous devons partir pour New-York dans deux jours. Avec l'accord du médecin concernant Eliott, évidemment. Cela nous permettra de laisser le barman et sa petite amie tranquilles. Également, je pourrais boucler ma vie à la grosse pomme afin de revenir définitivement ici sans problème.

Mon petit ami a refusé de décaler le jugement. Simplement, à cause d'Esteban, il a été reporté d'une semaine, que nous le voulions ou non. D'après ce que je sais, il s'en sort plutôt bien. Il pourra bientôt quitter l'hôpital. Je ne suis pas parvenue à déterminer si Eliott était soulagé ou non par cette nouvelle. Également, je n'ai pas osé l'interroger sur ce sujet épineux. Personnellement, je n'ai pas souhaité en apprendre plus sur le cas d'Esteban. Cela ne m'intéresse pas. Pour l'instant.

Ainsi, je n'ai pas réellement réellement m'installer dans cette maison. Les vêtements que j'ai achetés sont rangés dans un petit coin de l'armoire. Mes affaires de toilette restent dans la chambre : je les ramène dès que j'ai terminé de m'en servir. Les jouets de Lexie sont ordonnés par mes soins pour qu'ils n'envahissent pas le salon. Concernant Chester, il ne me quitte pas, comme il en avait l'habitude avec Eliott. Même lorsque je sors, il me suit. J'essaye de me montrer aussi discrète qu'une petite souris.

Ma famille commence à se douter que quelque chose cloche. Je me suis promis que je leur rendrai visite dans les jours qui viennent, leur expliquer ce qui se trame. Ils s'inquiéteront, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Seulement, le problème touchera bientôt à sa fin, ils ne pourront rien me reprocher.

— Tu ne me dis pas bonjour?

Je sursaute en lâchant un cri de surprise. Une feuille vole avant de s'échouer sur le sol. Relevant le regard, je croise celui d'Eliott, bicolore. Chester réagit avant moi : le voilà qui lui saute dessus.

— Eh doucement, s'exclame mon compagnon.

Si Amaury ne se trouvait pas derrière, il n'aurait pas eu la force de rester debout. Alors, j'aperçois Lexie derrière eux, un énorme sourire aux lèvres. Lorsque je me concentre à nouveau sur mon petit ami, je remarque qu'il m'observe intensément tout en câlinant son chien. Ses prunelles vairons reflètent une nuance nouvelle : la confiance.

— Salut, soufflé-je en me levant.

Je lui offre ma chaise avec un sourire. Il y prend place, sans cesser de me chercher du regard. Sa barbe a été rasée, me permettant de toucher sa peau douce. Même si un bandage protège toujours ses plaies, il n'en reste pas moins magnifique. Ses mains abîmées attrapent doucement les miennes afin de m'attirer vers lui.