4 _ Tueur en série?

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Suivant les indications de mon GPS, je m'enfonce de plus en plus dans une forêt imposante. Cela doit faire plusieurs minutes déjà que je roule sans voir aucune maison à l'horizon. Si bien que j'en viens à me demander si toute cette histoire ne serait pas une immense blague, pour se moquer d'une citadine venant passer ces vacances ici. Marmonnant dans la barbe que je n'ai pas, je cherche un endroit pour faire demi-tour lorsque je tombe sur un cul-de-sac : un lac magnifique s'étend à perte de vue face à moi. Entouré d'arbres immenses et reflétant le soleil resplendissant, je reste subjuguée quelques instants dans ma voiture. Si je ne venais pas de conduire, je serais persuadée de me situer en plein milieu de la forêt à des heures de la prochaine ville.

Je distingue le pick-up d'Eliott et gare mon véhicule à côté du sien puis sors. En quelques enjambées, je me retrouve au bord de l'étendue d'eau. L'Homme n'a pas touché à cet endroit, le laissant au naturel. Le soleil colore l'étang d'une teinte rosée matinale. Ma tête pivote vers une maison parfaitement fondue dans le décor : en bois et sur pilotis, elle donne l'impression d'être une cabane dans les arbres. Camouflée dans les feuillages, j'en fais le tour avant de trouver l'escalier qui me permet de monter jusqu'à la porte d'entrée. J'y toque deux coups puis patiente en laissant mon regard retourner sur cette vue exceptionnelle. Les couchers de soleil doivent être splendides ici ... Il n'y a pas âme qui vive en face. En même temps, la prochaine rive se trouve si loin que je peine à la distinguer.

Un raclement de gorge me sort de ma contemplation en me faisant sursauter. Eliott est appuyé sur le chambranle de la porte, me détaillant de son regard si singulier. À la lumière du matin, il revête une tension encore différente.

— Arrête de me fixer comme ça, tu me mets mal à l'aise, murmure-t-il en se frottant la nuque.

— Oh, excuse-moi, bafouillé-je en détournant le regard.

— Tu rentres ? propose-t-il toujours sans oser m'observer.

Il s'efface et me laisse passer. Je découvre donc une immense pièce à vivre regroupant la cuisine, le salon et la salle à manger. L'odeur du bois est prédominante, j'adore ça. Cela ne donne pas le même aspect chalet que mon logement mais renforce plutôt mon idée de cabane, celle que nous avons tous rêvé d'avoir étant petit. Eliott me débarrasse gentiment de mes affaires.

— C'est très joli chez toi, fais-je remarquer.

— Merci. Écoute, je tenais à m'excuser pour hier. Je n'ai pas été très correct.

L'observant entre mes cils, je perçois nettement son embarras. Il fuie mon regard, vraiment mal à l'aise.

— Je ne t'en veux pas, ne t'en fais pas. J'espère que Chester va mieux?

— Tout est rentré dans l'ordre. Tu as déjeuné ? balbutie-t-il.

Il me paraît sincère et, j'ai envie de le croire. Alors, c'est ce que je fais : je lui donne ma confiance. Peut être à tort, je n'en sais rien sauf que, pour je ne sais quelle raison, Eliott me touche beaucoup. Par conséquent, je préfère me dire qu'il a été perturbé par son chien plutôt qu'il soit en train de me mentir.

— Oui, pas toi ? m'inquiété-je.

— Si, ne t'en fais pas. Je vais préparer du chocolat chaud, si ça te dit.

Il me précède jusqu'à la cuisine ouverte où tout est en bois à nouveau. Mes doigts frôlent le plan de travail. D'ici, ma vision n'a pas accès à l'ensemble du salon. En effet, un recoin me reste invisible. Cependant, je remarque une magnifique et immense cheminée qui doit faire office de chauffage pour toute la maison. Cet endroit est probablement le plus chaleureux qu'il m'ait été donné de voir.

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