21 _ Depuis quand es-tu tout seul, Eliott?

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Nous sommes vendredi soir, j'ai quitté New-York il y a de cela trois-quart d'heure. Je ne devrais plus tarder à arriver à Linvingston.

La nuit après l'incident avec Adrien, je me suis sentie incapable de fermer l'œil. Mon dos me faisait mal, à croire que me remémorer cette violence s'est répercuté sur mes douleurs physiques. Finalement, j'ai arrêté d'essayer. Je me trouvais dans le salon, installée sur le canapé de Liv. Ainsi, ma soirée s'est résumée à relire les lettres d'Eliott que j'avais récupérée chez moi. Ses mots m'ont fait du bien, je me suis sentie moins seule.

Le lendemain, j'ai été à deux doigts de faire une crise de panique devant les bureaux, refusant d'y mettre un seul orteil. Liv a pris le temps de me rassurer, me jurant qu'elle ne quitterait pas le bâtiment sans moi. Alors, j'y suis entrée à reculons, sans jamais lâcher le bras de ma collègue. Dans la journée, j'ai croisé mon patron. Or, Liv se trouvait à mes côtés. Par conséquent, il s'est approché, m'a dévisagée d'un œil noir puis est parti plus loin. Je passe mon temps à guetter les couloirs. De plus, mon amie ne peut pas constamment rester avec moi, elle du travail. Cette situation devient impossible. Il va falloir trouver une solution, et vite.

Le panneau de la ville se situe maintenant derrière moi. Je m'engage dans le chemin terreux, le cœur battant. Il est 21 heures passées, Lexie dort probablement déjà. Mais pas mon homme des bois.

Robin des bois ou Robinson Crusoé? Il faudra que je lui pose la question...

Garant mon véhicule, je me précipite vers mon coffre afin d'en récupérer mes affaires puis de me diriger vers la maison. Seul le salon semble éclairé. Je n'ai même pas le temps de toquer à la porte qu'elle s'ouvre, mon poing encore en l'air. Un Eliott souriant m'accueille, les cheveux en l'air. Sa barbe est toujours bien taillée; son regard,vif.

— Sal-

Je le coupe en me jetant dans ses bras tant je suis contente de le retrouver. Il vacille en arrière, parvenant à se rattraper d'un jeu de jambes agiles. J'enroule mes jambes autour de ses hanches tandis que ses bras me retiennent contre lui. Son odeur de bois et de... je ne saurais dire. Qu'importe. Son effluve m'embaume de toute part.

— Tu m'as manqué, chuchoté-je dans ses bras.

— Toi aussi, confie-t-il en resserrant son étreinte.

Blottie contre lui, je ne le lâche même pas lorsqu'il verrouille la porte. Il me repose à terre, sans s'éloigner de moi. Chester apparaît, l'air content. Je consens à laisser Eliott l'espace de quelques secondes pour saluer le chien de plusieurs caresses, qu'il accueille avec grand plaisir. Par la suite, son maître m'attrape par la taille pour me ramener contre lui, renfrogné.

— Jaloux? ris-je, trop heureuse d'être de retour.

Il dépose alors son sourire sur le mien pour un baiser aussi tendre que langoureux. Sa présence contre moi m'embrume, je me laisse complète aller dans son étreinte. Nos corps se rapprochent le plus possible tandis que nos langues se retrouvent. Toujours aussi possessif, Eliott nous laisse tout juste respirer avant de s'emparer à nouveau de mes lèvres. Mes doigts crochètent son pantalon pour le rapprocher constamment plus de moi. Doucement plaquée sur le mur derrière moi, j'ai l'impression de le découvrir à nouveau. Sa barbe pique légèrement mes joues sans que cela ne soit désagréable.

— Eliott, haleté-je, à bout de souffle.

Finalement, il laisse ma bouche tranquille, préférant m'enlacer. Fort. Chester nous tourne autour, à la recherche désespérée d'attention. Pour l'instant, Eliott reste ce qui m'occupe le plus. Le visage niché dans mon cou, son souffle se répercute sur ma peau.

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