6 _ Tête de linotte

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Je donne trois coups sur la porte qui ne tarde pas à s'ouvrir sur Eliott. Il s'est changé depuis tout à l'heure : un jean foncé ainsi qu'un pull dans les mêmes tons mettent en valeurs ses yeux clairs. Sans prononcer un mot, il se décale pour me laisser entrer.

— J'ai apporté une bouteille de vin et j'ai préparé des cookies, déclaré-je en lui tendant le tout.

— Je ne bois pas d'alcool.

— Oh, pardon ! Je ne savais pas, soufflé-je, mal à l'aise.

Il va me prendre pour une alcoolique à force : entre la façon dont nous nous sommes rencontrés et la bouteille que je tiens entre mes mains...

— Je ne vois pas comment tu aurais pu. Merci pour les gâteaux.

— Tu sais quoi ? C'est toi qui as raison, je la donnerai à Amaury pour le bar.

Sur ces mots, je retire ma veste et l'accroche tout en posant le vin au sol dans l'entrée. Eliott m'observe en souriant légèrement lorsque Lexie apparaît face à moi.

— Tu es venue ! s'exclame-t-elle en sautillant. Viens, je vais te montrer la table !

Sa petite main attrape fermement la mienne et elle me tire jusqu'au salon où je ne suis pas encore allée. Je n'ai pas le temps de m'y attarder puisqu'elle me désigne la table de la salle à manger joliment dressée. Une expression fière et adorable prend place sur son visage.

Les assiettes sont placées sur des sets de table bleus marine, les verres supportent des serviettes en papier enroulées, les couverts sont placés de part et d'autre des assiettes. Cela se remarque que c'est une enfant qui s'en est chargée mais je devine qu'elle l'a fait avec patience.

— C'est vraiment très joli, bravo, la complimenté-je.

Manifestement, elle n'attendait que cela puisqu'elle semble satisfaite. En guise de remerciement, elle m'offre un grand sourire. Eliott nous rejoint et lui apprend que j'ai apporté des cookies aux pépites de chocolat. Son regard s'éclaire et elle s'accroche brusquement à mes jambes :

— T'es trop géniale !

Riant doucement, je passe ma main dans ses cheveux blonds. Les yeux méfiants de Chester me détaillent longuement avant de juger qu'il n'a pas besoin d'intervenir.

— Et si nous passions à table ? propose le propriétaire des lieux.

Nous nous installons : Eliott et moi face-à-face et Lexie en tête de table. Maintenant, je peux observer les lieux à ma guise : une énorme cheminée trône en face d'un canapé qui m'a l'air très confortable. Le recoin qui m'était invisible ce matin contient plusieurs jouets appartenant forcément à la petite fille. Quelques poupées, peluches, morceaux de puzzle jonchent le sol.

Soudain, je sens quelque chose de chaud sur mes pieds, me faisant sursauter et me lever de ma chaise d'un bond. Chester, allongé sous la table, me regarde étrangement et je comprends alors que ce sont ses poils qui me donnaient chaud.

— Désolée, il m'a surprise, confié-je en me rasseyant à ma place.

— On dirait une peluche, pas vrai ? questionne Lexie en tentant de le caresser.

— Je t'ai déjà dit de ne pas le toucher pendant que nous sommes à table, intervient l'homme face à moi.

— Pardon, tonton Eliott.

Elle se remet à sa place, les mains à plat sur ses genoux. Donc, elle se trouve être sa nièce d'où leur ressemblance frappante. Est-elle la fille de son frère ou de sa sœur? Mais pour quelle raison ne se trouve-t-elle pas avec ses parents ? Peut être travaillent-ils ce soir et est-ce pour cela qu'elle dort ici. En effet, elle est déjà revêtue d'un pyjama violet avec un nounours sur le haut. Ses pieds sont emmitouflés dans de gros chaussons blancs.

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