23 _ Il n'a pas fait exprès

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 — Mon Dieu, Eliott, m'affolé-je.

Ses yeux vitreux sont fuyants. Ses tremblements ne semblent pas vouloir s'arrêter. Chester continue de se coller à lui en couinant. L'arcade sourcilière d'Eliott est ouverte, son nez saigne également.

— Porte...fermée..., bégaye-t-il si faiblement que c'est tout ce que je perçois.

— Tu veux savoir si la porte est verrouillée? questionné-je nerveusement.

Il hoche douloureusement la tête. Cela le calmera peut être alors, je me hâte d'aller vérifier ce détail. Rapidement, je reviens vers lui, le cœur battant à tout rompre.

— C'est bon, affirmé-je. Que s'est-il passé?

Il ouvre et referme la bouche plusieurs fois avant de répondre fébrilement :

— Suis tombé...

— Je suis très bien placée pour savoir que ce genre de blessures ne se font pas de cette façon, le coupé-je. Quelqu'un t'a frappé, affirmé-je, sûre de moi. Qui, Eliott?

Il tressaille en s'éloignant de moi, se tenant les côtes. Je me rends alors compte que l'inquiétude l'a emporté sur le reste : je me suis montrée un peu sèche. Regrettant instantanément ma réaction, je me calme de suite.

— Excuse-moi, mon chéri, murmuré-je, adoucie. Tu veux bien que je m'occupe de tout ça?

Je lui tends ma main incertaine. Prostré, il l'observe durant de longues secondes, extrêmement craintif. Finalement, Chester pousse son poignet vers le mien d'un coup de tête. Doucement, je cale mes doigts entre les siens puis les tire vers moi afin de l'aider à se lever. Il prend appui sur l'accoudoir du canapé en grimaçant.

— Ça va aller? m'inquiété-je en gagnant simplement un hochement de tête de sa part. Assieds-toi sur le fauteuil, je vais chercher ce qu'il faut.

— Non, je ne veux pas risquer que Lexie me voie, bredouille-t-il en observant la porte de la petite fille.

Malgré mes protestations, il avance difficilement jusqu'à l'escalier qu'il s'apprête à grimper. C'est ainsi que, lentement, nous montons une marche après l'autre jusqu'à la salle de bain. Eliott s'appuie à la fois sur moi et sur la rampe, respirant fort et réprimant des gémissements de douleur.

— Tu es sûr que tu ne veux pas que je t'amène à l'hôpital? demandé-je, soucieuse.

— Ce n'est pas la peine, murmure-t-il en s'asseyant sur la chaise à côté du lavabo.

Je m'accroupis devant lui. Depuis que je l'ai trouvé dans le salon, je ne suis plus parvenue à croiser son regard. Il soupire, mal à l'aise.

— Es-tu blessé ailleurs que sur le visage? m'informé-je précautionneusement.

— Je ne sais pas, balbutie-t-il.

— Très bien. Tu veux bien enlever ton pull, que je vérifie? m'enquiers-je gentiment.

Sachant qu'il tient à sa pudeur, je m'en vais fermer la porte dans la salle de bain en attendant. Chester s'empresse d'entrer avant qu'il ne soit trop tard.

Il boite.

Comme la fois où j'avais trouvé Eliott étrange en le croisant. Les yeux écarquillés, je le suis du regard jusqu'à ce qu'il s'arrête au pied de son maître. Il avait dû se passer quelque chose de similaire. Il ne m'avait donc pas menti...

Secouant la tête, je reviens à ce qui me préoccupe le plus en cet instant : l'état d'Eliott. A présent torse nu, il se cache de moi comme il peut. Ne souhaitant pas le brusquer, je lui demande simplement où il range sa trousse de secours. Son index me désigne un placard en hauteur.

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