8 _ Mener ma vie comme je veux

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Lexie a fini par s'assoupir à nouveau sur le canapé. Par conséquent, je me suis mise à déambuler dans la pièce à vivre puis me suis finalement arrêtée face à la grande baie vitrée. J'avais raison : elle donne sur une grande terrasse avec une vue imprenable sur le lac, tout en étant cachée par les feuillages. Lorsque le printemps reviendra et que tous les arbres auront récupéré leur amplitude naturelle, on doit facilement se sentir coupés de tout.

Jugeant que j'avais passé suffisamment de temps à contempler ce paysage, je retourne dans le salon afin d'en récupérer la tasse dont s'est servie Lexie pour aller la nettoyer. La tache étant rapidement accomplie, je ferme le robinet au moment où la porte d'entrée s'ouvre, me laissant tout d'abord entrevoir Chester. Le propriétaire des lieux ne tarde pas à faire son apparition, frottant énergiquement ses pieds sur le paillasson avant d'entrer. Immédiatement, il lève le regard sur moi puis verrouille la porte.

— Salut.

Il hoche la tête en guise de réponse puis suspend son manteau dans l'entrée. Ses premiers mots concernent Lexie. D'un signe de tête, je lui désigne le salon où il se précipite. Préférant rester à l'écart, je termine d'essuyer ma vaisselle avant de me diriger vers l'entrée afin de remettre mes chaussures. Maintenant qu'il est rentré, je n'ai plus grand chose à faire ici. D'où je me trouve, je me rends compte que sa nièce est réveillée, accrochée au cou de son oncle. Je n'entends pas ce qu'ils disent et ne cherche pas forcément à le savoir. Du coup, je patiente simplement qu'il soit rassuré : elle va bien.

Le chien s'approche de moi, comme s'il voulait me tenir compagnie en attendant. Il s'assoit à mes pieds et avance sa tête timidement vers moi. Surprise, au premier abord, je n'ose rien tenter. Sauf qu'il réitère son geste en couinant. Alors, prenant mon courage à deux mains, je pose doucement mes doigts sur sa tête et caresse son poil doux. Il ne me rejette pas. En réalité, comme je me suis occupée de Lexie et qu'il a dû sentir que j'avais passé la journée ici, il semble moins réticent. Souriant comme une idiote, je continue de flatter son pelage soyeux. Puis il finit par reculer, jugeant que cela suffisait. Je relève alors la tête et remarque qu'Eliott m'observait depuis tout à l'heure. Les mains dans les poches, le regard pétillant, ses yeux ne sont pas posés sur Chester mais sur moi. Je me racle la gorge, le faisant sursauter.

— Désolé, s'empresse-t-il de dire.

— Eliott, tu comptes t'excuser à chaque fois?

Il bredouille des propos inintelligibles avant de finalement se diriger vers moi. Je récupère mon manteau que j'enfile prestement.

— Je vais rentrer.

— Tu ne veux pas rester? bafouille-t-il.

— Eliott, c'est très gentil de ta part. Sauf que je sais que tu préfèrerais passer la soirée auprès de ta nièce, assuré-je.

A nouveau, sans le vouloir, ma main s'est posée sur son bras. Après m'en être rendue compte, je la laisse une seconde de trop avant de la retirer.

— A bientôt alors ?

Il acquiesce vivement, je lui souris puis sors dans le froid hivernal. Il reste dans l'ouverture de la porte jusqu'à ce que je claque la portière de ma voiture. Je démarre puis m'éloigne de cette maison chaleureuse. Toutefois, lorsque je me retrouve sur le chemin en terre, à l'abri de son regard, je m'arrête soudainement, totalement déroutée.

Que m'arrive-t-il?

Je n'avais pas du tout prévu tout ça. Je devais juste passer deux simples semaines ici pour me ressourcer. Pas pour m'attacher à ce point à des personnes.  Pourtant, je ne sais rien d'eux. Cela ne m'a pas empêché de m'acoquiner d'Eliott et de Lexie. Chester, aussi. Après l'épisode humiliant que j'ai pu subir il y a quelques mois de cela, je m'étais promis de ne plus faire de plan sur la comète comme je suis en train de le faire. Puisque oui, je m'imaginais déjà le lendemain. Et le surlendemain...

MiroirWhere stories live. Discover now