20 _ Tu es coincée

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Chapitre surprise!

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Un miracle, éventuellement? Voilà la seule explication que j'ai pu trouver. En effet, cela fait trois jours que je suis revenue, je n'ai toujours pas croisé Adrien. Cela ne saurait tarder, il se promène dans les couloirs depuis ce matin. Angoissée au plus haut point, je tente de me concentrer au mieux sur mes dossiers. Si jamais je lève le regard et que je croise le sien... Le problème est que j'ai terminé de tout traiter. Triturant le fil entortillé de mon téléphone, je sens mon cœur battre la chamade.

Frappe entre les jambes.

Promis, Eliott, je viserai bien. Liv avait rendez-vous à l'extérieur avec des clients. Pourquoi faut-il que seules des vitres séparent les bureaux? Je me sens tellement mise à nue ici, à la vue de tous. Impossible pour moi de me cacher. Je dois simplement me dire que dans deux petits jours, je serai de retour dans la maison en bois, au bord du lac.

Jouant avec mon stylo, je vérifie distraitement mon agenda. Quelques entrevues notées vont jongler ma fin de journée. Préparant mon sac afin de partir à l'une d'entre elles, je baisse malheureusement la garde. Son regard brun se pose sur moi, me glaçant le sang.

Salope, t'es inutile.

Un frisson désagréable me parcourt l'échine. Il fronce les sourcils, l'air mécontent. Je détourne naïvement les yeux, refusant de l'observer encore.

Abrutie.

Mon rythme cardiaque s'affole, mes mains deviennent moites. Ne rentre pas dans ce bureau, je t'en supplie. Fouillant dans mes papiers, je fais comme si je ne l'avais pas vu. Mon téléphone professionnel sonne. M'empressant de décrocher, je ne l'ai pas vu s'approcher. Je salue mon interlocuteur puis écoute ce qu'il a à me dire. Sauf qu'Adrien s'empare du combiné afin de le raccrocher violemment, me faisant sursauter.

— Mais c'était un client pour-

— Tu es revenue, me coupe-t-il, d'un ton neutre.

— Ça te pose un problème? rétorqué-je, en tenant de ne pas paraître impressionnée.

— A toi de me le dire, renchérit-il en posant ses deux mains à plat devant moi.

Aujourd'hui, il me paraît trop imposant, trop simple. Il n'y a rien qui sorte du commun chez lui. Ni ses cheveux, ni son look, ni sa façon d'être, ni... ses yeux. Je ne sais plus ce qui m'a poussée dans ses bras, il y a un an.

Je hausse un sourcil, de façon à le provoquer. Il a toujours détesté cela alors, je n'osais plus le faire. Maintenant, les choses me semblent différentes. Adrien serre la mâchoire tandis que ses épaules se contractent.

— Ces vacances ne t'ont pas été utiles pour réfléchir? s'agace-t-il.

— J'ai du travail. Donc, tu veux bien sortir de mon bureau?

Je refuse de détourner le regard du sien à présent. Je ne baisserai plus les yeux devant lui, c'est terminé. De toute manière, il ne me fera rien ici : tout le monde peut nous voir. Disons que je profite de la situation. D'un mouvement de main, je lui fais poliment signe de dégager.

— Pas tout de suite, Auxanne. Après tout, tu rentres de vacances, il faut bien que je te mette au courant des dernières nouvelles professionnelles, ment-il avec un sourire hypocrite.

Je n'apprécie pas la tournure des évènements. Prise au piège, je lance des regards d'alerte à l'extérieur. Sauf que, comme par hasard, il n'y a pas personne dans les parages en ce moment. En réalité, je commence à paniquer en me rendant compte que nous sommes seuls sur tout l'étage.

MiroirWhere stories live. Discover now