VIII- Retour sur Terre

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(pdv de Gabriel)


Par mesure de sécurité, à peine notre pacte acté, je m'empare de larges bracelets d'argent où sont incrustés, de manière à être en permanence en contact avec la peau, de petits cristaux de pierre de soleil. Il serait illusoire de croire que les immortels sont invincibles, après tout, je viens de commander la mort de deux d'entre eux. Chaque être à son point faible. Celui des anges est la pierre de lune, celui des démons est la pierre de soleil, logique. Cette pierre empêchera mon captif d'user de ses pouvoirs ou d'amorcer sa transformation. Mieux vaut prévenir que guérir, et avec cet énergumène, la guérison est longue et douloureuse, si toutefois il reste quelque chose à guérir après son passage.

 J'utilise une incantation ancienne qui me permet de me glisser dans la cellule de mon allié prisonnier sans qu'il ne puisse profiter d'un quelconque manque d'attention pour me filer entre les doigts. Pas qu'il pourrait aller bien loin, il se trouve après tout dans la demeure du Père, mais on n'est jamais trop prudent, en une seule minute, qui sait ce que ce monstre est capable de faire ?

Le démon me dévisage, curieux, avant de recentrer son attention sur la pair de bracelets dans mes mains. Il sait parfaitement ce que sont ces objets et ce qu'ils l'empêcheront de faire. Et il sait surtout qu'il n'a pas le choix. Il fait la moue.

- Ce n'était pas spécifié dans notre contrat, tu abuses de tes pouvoirs, l'ami.

- Primo, je ne suis pas ton ami mais ton geôlier. Secundo, et comme tu l'as si justement dit, ce n'était pas spécifié dans le contrat, je peux donc user de mes pouvoirs comme bon me semble. A croire que tu as perdu la main en un siècle, lui répond-je en souriant.

L'arrogant ne fait qu'afficher un sourire fier, comme si, par ce léger abus, je passais "du côté obscure de la force". Tiens, encore une référence qu'il n'aura pas. Il soupire avant de me tendre docilement ses poignets.

- C'est fou ce que les gens changent en un siècle, dit-il alors à la cantonade, souriant toujours. A croire que les démons ont un sourire greffé sur le visage à leur naissance. Bref, je m'égare.

Le voyage jusqu'au Portail des Mondes se passe sans problème, les éventuelles frasques de mon prisonnier démoniaque étant découragées par une équipe détachée de l'armée divine chargée de nous escorter jusqu'au centre de l'Eden afin de prévenir tout débordement inopportun. Comme je l'ai dit, avec ce genre de créature, mieux valent trop de précautions que pas assez, même si Fenris ne semble pas décidé à causer trop de tord à cet endroit. Après tout il n'en a plus la puissance après un siècle de captivité conjugué à l'effet des bracelets.

Nous rejoignons la grande clairière où trône une immense structure de pierre recouverte de lierre, de mousse et d'inscriptions anciennes. Quiconque s'approche de ce portail céleste sans savoir l'actionner se retrouvera à traverser une simple arche de pierre sans pouvoir particulier. En revanche, si, comme mes frères et moi, l'incantation vous est familière, cette magnifique et antique construction vous mènera où bon vous semblera.

 Fenris derrière moi, j'avance jusqu'à la limite du cercle de pierre sur lequel repose la structure imposante et fais signe aux anges gardiens des lieux d'activer le système. Chacun des sept anges dévoués à cette tâche pose la main droite sur chacune des pierres servant à déverrouiller le système. Chaque pierre sert à encrer chaque chakra dans le monde d'arrivée. Un jaspe rouge pour le chakra racine, une cornaline pour le chakra sacré, une calcite jaune pour le chakra plexus solaire, une calcédoine pour le chakra du coeur, un quartz rose pour le chakra de la gorge, une améthyste pour le chakra du troisième oeil, et un cristal de roche pour le chakra couronne.

Lorsque de longs filaments d'un bleu luminescent se mettent à courir sur la surface de la pierre, je sais qu'il est temps pour nous de rejoindre le monde des mortels. Je prononce tout bas l'incantation et traîne mon allié provisoire derrière moi avant de traverser le Portail des Mondes.

Ex Nihilo -1- Homo homini lupus est [Wattys 2020 - Paranormal]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora