CHAPITRE 18

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Yoko

Ses mots résonnent dans ma tête. Elle veut mettre les soins de Ben à mes frais. Elle sait que je ne pourrais pas payer. Elle veut le tuer.

- Bon alors, tu réponds ? Elle tient un petit objet tactile et transparent dans sa main, je n'en ai jamais vu mais je devine facilement qu'il s'agit d'un SCR (Système de Communication Rapide). On en trouve seulement dans la Ville-Neuve et habituellement ils sont directement transplantés dans le bras du propriétaire.

Il lui suffit d'appuyer sur ce bouton. En une fraction de seconde, elle peut décider de tuer Ben. Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'elle sera morte bien avant d'appuyer sur le petit bouton vert. Je l'attrape par le col et la plaque au mur, lui coupant le souffle. Rapidement, je sors mon poignard de ma poche et le pose sur sa gorge.

-Appuie sur ce bouton et tu meurs.

- Tue-moi et on sera trois à mourir. Elle essaie de me faire peur mais ça ne marche pas. Ça se voit qu'elle est sur le point de lâcher le SCR et de se pisser dessus. Et elle a raison. On ne menace pas ma famille impunément. Jamais.

- Arrête ton cinéma. T'es terrifiée. Tu penses que je vais vraiment te tuer. Malheureusement pour toi, c'est ce qui arrivera si tu t'en prends encore une fois à un de mes proches. Je la vois déglutir difficilement, ses mains tremblent et ses jambes menacent de la lâcher, malgré tout, elle continue de me défier du regard. Une vraie idiote. Oui, je suis une Rebelle. Mais ça, je pense que tu es la seule idiote à ne pas l'avoir compris. Si tu révèles mon secret, tu meurs. Si tu t'en prends à ma famille, tu meurs. Si tu te mets en travers de ma route, tu meurs. Et si tu n'obéis pas à Pax, tu meurs. Malgré que tu sois qu'une abrutie pourrie gâtée, on a besoin de toi. J'espère que je suis claire.

- O-oui. Elle éteint son SCR et le range dans sa poche.

- Bien. Je soulève légèrement son haut et lui fais une légère entaille au ventre. Prends ça comme un avertissement. Dégage maintenant. J'ai des choses à faire. Je te recontacte si j'ai besoin de toi.

Elle s'enfuit en courant. Ce sont des larmes que j'ai vu avant qu'elle ne parte ? Trouillarde. Mais tu as raison. Crains-moi. Parce que je pourrais te tuer en une fraction de secondes. Elle disparaît à peine de mon champ de vision que déjà la culpabilité me ronge. Qu'est-ce qui m'a pris ? Elle a vraiment réussi à m'énerver et j'ai pas réfléchi. Elle a réussi à faire sortir la part de moi la plus sombre, celle que je voulais oublier. En plus je lui ai dit que je suis une rebelle. Si n'importe qui l'apprend, je suis dans de beaux draps. Mais vu comme elle a eu peur, je doute qu'elle n'en parle.

Je prends le temps de me calmer et pars trouver tout ce qu'il faut à Eliza. Malgré que la mission s'avère plutôt difficile puisque je dois m'introduire dans des entrepôts gardés, Luna ne quitte pas mes pensées. Je m'en veux vraiment de l'avoir blessé et menacé. Mais elle le méritait cent fois. Mais j'y suis allée un peu fort non ? Non, elle n'avait qu'à pas menacer de tuer Ben. Mais est-ce qu'elle l'aurait vraiment fait ? Je ne pouvais pas prendre ce risque. J'ai bien agi. J'ai fais ce qu'il y avait à faire. Je dois arrêter de douter de moi.

Je retourne à l'auberge à la nuit tombée. Alycia sort de la douche pour prendre des vêtements quand j'entre dans la chambre. Elle est juste habillée d'une serviette, avant qu'elle ne retourne dans la salle de bain, je regarde le tatouage dans son dos. Même si cette fois je n'en vois qu'une partie, je le connais par cœur. Je le trouve magnifique, même si je ne comprends rien au dessin. On dirait juste pleins de ronds bizarres. Je m'allonge sur mon lit en repensant à notre première rencontre.

FLASHBACK, 13 ans plus tôt

Je suis assise en boule au fond d'une ruelle, il fait froid, j'ai faim, j'ai mal. Je les ai tué. Si j'avais attendu sagement à la maison, il n'y aurait pas eu de feu. Ou alors j'aurais pu l'empêcher. Je sens des larmes dévaler mes joues, la tristesse me serre la poitrine et m'empêche de respirer normalement. J'essaie de ne pas faire de bruit. Je ne veux pas qu'elle sache que je suis là. Je ne suis à l'orphelinat que depuis un mois mais je déteste déjà cet endroit. Tous le monde est gentil avec moi quand la dame qui s'occupe de nous est là. Elle s'appelle Alma. L'orphelinat est très grand, c'est carrément un quartier de la ville-basse. Alma, elle fait de son mieux, mais elle arrive pas à tous nous nourrir alors on doit beaucoup voler. Mais on a tous un lit à l'intérieur. J'entends Alma m'appeler, je voudrais courir et me jeter dans ses bras. Mais alors elle va m'emmener à l'intérieur, et quand elle partira, les autres vont encore m'embêter. A cause de mes yeux. Alma m'a acheté des lentilles pour que les autres arrêtent de m'embêter. Elles coûtent très cher pourtant. Elle aurait pas dû dépenser son argent pour moi. Ils ont continué de m'embêter. Je veux mon papa et ma maman. Ils me manquent. Thalia aussi.

Yoko et Luna- TerraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant