CHAPITRE 19

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 YOKO

Je sens la colère bouillonner en moi. J'étais venue pour m'excuser et voir si elle n'avait pas vu quand j'ai pu faire tomber mon médaillon. Mais à la place, je vois que c'est elle qui l'a. Je m'approche d'elle en serrant mon poignard si fort que ça me fait mal aux doigts. Elle veut vraiment que je la tue ou quoi ? Je lui tends la main, je sais que je n'ai pas besoin de parler pour qu'elle comprenne. D'une main tremblante, elle me rend mon médaillon, elle a l'air terrifiée et recule. Je ferme les yeux un instant pour me calmer et repars sans un mot. Elle me l'a rendu. Ça ne vaut pas la peine que je m'énerve. Je vais plutôt aller me défouler sur le terrain demain. La nuit est déjà bien avancée.

Je passe les quelques heures qu'il reste avant que le soleil se lève à ruminer de bien sombres pensées. Je retourne à l'auberge pour préparer mes affaires et trouve un mot d'Enzo qui me confirme que notre nouveau joueur est prêt et qu'on a enfin toutes les autorisations. Et on va le faire jouer dès aujourd'hui. Impossible qu'on perde. Les Girlsbands n'ont qu'à bien se tenir.

Peu de temps plus tard, on est toute l'équipe réunie. Il manque juste Enzo et le nouveau. Et Ben puisqu'il est toujours à l'hôpital...

- Alycia, où est Enzo ? Elle a l'air complètement ailleurs et cherche quelqu'un du regard, sûrement Eliza.

- Chercher Cema.

Sa réponse est évasive et elle ne me regarde pas. Ça a le don de m'énerver encore plus. J'entre dans les vestiaires et me change, je mets tout mon équipement et mes protections. Je dois me calmer. Je risque de faire n'importe quoi. En arrivant j'ai posé le matériel qu'Eliza a demandé exactement là où elle m'a dit, mais je n'ai vu personne récupérer le sac.

Je relève la tête en entendant la porte des vestiaires s'ouvrir, un homme est entré. Une capuche et un foulard cachent son visage. Je ne suis pas méfiante, c'est sûrement un rebelle. Je ne les connais pas tous après tout et Eliza m'a dit qu'on a pas mal de nouvelles recrues. Je le regarde, attendant qu'il parle.

- Ça fait longtemps, Yoko. Il enlève sa capuche et son foulard. Une profonde balafre traverse son œil gauche qui est devenu blanc et inutilisable. Immédiatement je le reconnais, mon regard se fige et je sens les larmes me monter aux yeux. Je me lève et sans hésiter me glisse dans ses bras, il a l'air d'abord surpris mais me sert quand même. Je croyais que l'amour est une faiblesse ?

- Je croyais que t'étais mort...

Il caresse ma joue pour essuyer les quelques larmes que j'ai échappé et pose doucement ses lèvres sur les miennes. J'en profite un instant puis le repousse instinctivement.

- T'as pas changé !

LUNA

Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas aller au match des Grounders. Je risque de la revoir et ça me fait trop peur pour le moment. J'ai vraiment cru que j'allais y passer... Je ne veux plus lui parler et encore moins l'approcher. J'ai l'impression qu'elle peut me tuer d'un simple regard.

Mais je n'ai pas le choix. Je suis déjà devant le stadium. Ai-je encore le temps de fuir ? Même avec mes deux gardes du corps, je ne me sens pas rassurée. Pourront-ils vraiment arrêter Yoko si elle se décide à me tuer ? Malgré ma forte réticence, à peine quelques minutes plus tard, je me retrouve assise dans les gradins, à la place royale qui plus est. Celle qui est le plus facilement repérable.

J'ai peur. J'ai l'impression qu'en entrant sur le terrain elle va me tuer. Mais à la place, lorsque les équipes se mettent en place, Yoko à l'air... ailleurs ? Elle a un petit sourire mais en même temps elle a l'air un peu perdue.

Autre fait étonnant, ils ne sont que trois sur le terrain et ils ont un remplaçant sur le banc. Il manque un des joueurs habituels. Je crois qu'il s'appelle Enzo. Et le nouveau joueur n'est pas là non plus. A peine cette pensée me traverse l'esprit que j'entends d'étranges bruits. Je ne les ai jamais entendus. On dirait les cris d'un monstre. Certains sont aigus alors que d'autres semblent plus graves, mais étonnamment, ils n'ont rien de terrifiant, au contraire, c'est au travers de ces cris que la bête exprime sa joie d'entrer sur un terrain et de rencontrer de nouvelles personnes.

Lorsqu'elle entre sur le terrain, tout le monde reste bouche bée, certaines demandent à leur voisin ce que c'est. Mais seuls les plus instruits peuvent reconnaître l'animal. Il se tient sur quatre pattes qui semblent être mécaniques. Au bout de son robuste corps, une queue brune et noire s'agite dans tous les sens, prouvant son excitation d'être ici. Une plaque métallique recouvre l'emplacement de son cœur et monte le long de son cou jusqu'à son œil droit comme s'il s'agissait d'un fil métallique qui reliait directement son cœur à son œil. Œil lui aussi mécanisé d'ailleurs au vu du cercle bleu qui remplace sa pupille. J'ai déjà vu cet animal dans un livre. Mais je ne savais pas qu'on pouvait en trouver dans la ville-basse, sachant qu'ils sont déjà extrêmement rares dans la Ville-Neuve et la ville-haute. Au point que généralement on en voit seulement des empaillés. Mais aucun doute, il s'agit d'un chien. Et au vu de son pelage brun, noir et des quelques taches blanches que celui-ci comporte ainsi que son œil bleu, je dirais qu'il s'agit d'un berger des neiges. Ce sont des chiens très intelligents et robustes. Ils sont aussi extrêmement fidèles.

Mais que fait-il ici ? Un si bel animal ne devrait-il pas plutôt être dans un musée ?

- Je suis si heureux d'être ici ! On va gagner !

J'ai rêvé ou ce chien vient de parler ?!

Yoko et Luna- TerraWhere stories live. Discover now