CHAPITRE 50

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Thalia (Juste avant que tout le monde ne commence à se taper dessus dehors)

Allez, on réfléchit. Raven m'a laissé seule, c'est ma chance de m'enfuir. Enfin, il reste ces trois gardes. Mais c'est juste une formalité. Je dois analyser la situation. Mes pieds sont attachés aux pieds de la chaise. Mes mains sont attachées dans le dossier et quand j'essaye de les bouger, ça fait schling. Donc du métal. Leçon du jour : « Comment s'échapper lorsqu'on a les mains enchaînées et les pieds attachés ? » Eh bien, à moins d'être un super bodybuilder ou d'avoir des bras en étoilite, c'est impossible de briser ces chaînes. Il ne reste qu'une solution dans mon cas : briser la chaise. C'est assez compliqué vu que mes pieds y sont attachés mais comme elle est en bois, ça devrait aller.

Je me penche le plus possible en avant, juste avant de perdre l'équilibre je bascule en arrière de toutes mes forces. Et c'est un échec. La seule chose qui a changé c'est que j'ai les pieds en l'air. Je profite qu'un garde me remette droite pour lui mettre un coup de boule. Il grogne et je me prends son poing dans la figure. Aïe ! Mais vraiment... ça fait mal et j'ai la tête qui tourne. Je bouge dans tous les sens pour me libérer et insulte le garde de tous les noms pour l'énerver. J'ai une très mauvaise idée en tête mais ça peut marcher. Le gros lard n'en peut plus de moi et me frappe dans le ventre, il frappe si fort que la chaise cède. Enfin libre ! Enfin presque. Je tousse et peine à reprendre mon souffle. Du sang coule de ma bouche. Je me dépêche de me mettre debout et passe mes mains sous mes pieds pour les remettre devant moi. J'évite plusieurs coups et saute sur le dos de l'homme, j'enroule la chaîne qui retient mes mains autour de son cou et serre jusqu'à ce qu'il s'effondre. Les deux autres gardes sont partis. Sûrement pour prévenir Raven. Je sors de la pièce et regarde rapidement par la fenêtre. Elle a déployé ses troupes. Elle sait donc que je me suis enfuie. Sauf qu'elle ne sait pas que je compte bien lui mettre une raclée avant de partir. Mais je dois d'abord la trouver. C'est étrange qu'elle ne soit pas encore là pour m'attraper. Elle mijote certainement quelque chose...

Luna

J'ai terminé mon discours mais je pense vraiment que personne n'a écouté. Les NightWolf se battent à nos côtés ainsi que des habitants de la ville-basse et de la ville-haute. Ceux qui ne participent pas se cachent chez eux ou sont emmenés dans notre super base. Ils seront en sécurité là-bas. Maintenant, je dois suivre le plan de Yoko et me rendre au palais, en espérant qu'elle y est déjà. Le souci c'est que j'ai perdu Glass et activer seule le rayon de la mort me semble difficile. Mais je dois essayer. J'espère qu'elle va bien...

J'essaye d'éviter le combat au maximum, encore peu sûre de mes capacités de combattante. Mais je suis quand même obligée de passer dans la mêlée. Je fonce dans le tas en courant, une main m'attrape et une lame se pose sur ma gorge. Tout se passe en quelques secondes. Je sens la personne qui m'a attrapée faire glisser la lame coupante de son couteau sur ma gorge. Je sens la douleur de la coupure mais très rapidement, plus rien. Je ne sens plus aucune emprise et ne vois plus qu'un visage inquiet, parsemé de tâches de rousseurs et aux yeux de couleurs différentes. Je me tourne et vois mon agresseur à terre avec un trou dans le ventre. Une nausée me prend à la vue de tout ce sang qui s'écoule. Je crois que ce n'est que maintenant que je me rends compte de l'endroit où je suis et de ce que je fais. Une main se pose rapidement sur ma joue pour me forcer à retrouver ces yeux vairons que j'aime tant.

- On n'a pas le temps de traîner ici ! Tu vas bien ?! Elle semble si inquiète que s'en est presque mignon. Ça a l'air d'aller... Bouge-toi le cul avant de crever ! Rester immobile au milieu d'un champ de bataille c'est vraiment une idée de merde ! Oubliez ce que j'ai dit... Yoko restera toujours Yoko...

J'acquiesce et reprends ma course en direction du palais. Un bruit sourd se fait entendre. Ça vient du palais. Je n'ai pas le temps de réagir qu'un rayon rouge passe au milieu de la mêlée. Il détruit tout sur son passage. Une explosion s'en suit lorsqu'il détruit une maison et des flammes s'élèvent sur son passage, brûlant tout et tout le monde, sans distinction. La colère s'empare instantanément de moi, devinant aisément l'auteur de cette attaque. Raven n'a jamais eu l'intention de nous rendre Thalia. C'était un piège et nous sommes tombés en plein dedans. Elle n'hésite pas à tuer ses propres hommes. Je baisse les yeux vers les médaillons attachés à ma ceinture. J'ai pris ma décision. Tant pis si ça ne suit pas le plan, mais je vais détruire cette arme ! D'autres rayons écarlates suivent le premier, la place s'embrase, emprisonnant alliés et ennemis dans une prison brûlante qui se rétrécit de plus en plus. Au centre de l'embrasement, une jeune femme aux cheveux flamboyants affronte des robots fumants et essaye de sauver tout être humain se trouvant dans cette prison. Il n'y a plus de distinction de camp. Face aux flammes et à la mort, tout le monde se rassemble pour la survie. Sa voix s'élève et redonne espoir à tous ceux qui s'apprêtaient à abandonner face à la mort.

- C'est pas aujourd'hui qu'on va mourir ! En tout cas, je sais pas vous, mais moi je compte pas être grillée comme un vieux bout de viande ! Yoko et la poésie... Une grande histoire d'amour. Alors maintenant, on va se battre tous ensemble conte ces foutus tas de ferraille et on va déglinguer Raven ! On va se battre pour la liberté ! Comme disait mon père, « finché la mia fiamma brucerà, la speranza non savanirà » ! Je reconnais directement cette phrase, c'est celle qui apparaît quand on assemble tous les médaillons. C'est aussi celle que Yoko et son équipe criait à chaque début de match : « Tant que ma flamme brûlera, l'espoir jamais ne disparaîtra. »

Si je ne risquais pas de me faire tuer n'importe quand, je vous jure que j'aurais fait une photo. La scène est vraiment belle. Et encore plus lorsque tout le monde se mit à crier, sous l'impulsion de Yoko, ces quelques mots qui resteront gravés dans l'histoire : « Que les murs tombent et que la liberté soit verte ! » Je dois me reconcentrer et reprendre ma route. Yoko compte sur moi aussi. Même si la disparition de Glass m'inquiète, je dois continuer d'avancer. Je réussis tant bien que mal à entrer dans le palais. Revenir en ces lieux qui m'ont vue grandir dans un perpétuel mensonge me provoque un léger pincement au cœur. Il fait complètement noir, Railey a dû réussir à couper le courant. J'essaie de me faire discrète et de me faufiler sans me faire repérer. L'abondance de gardes dans les escaliers n'est pas à mon avantage, mais je connais chaque passage et recoin du palais par cœur. Je passe par des chemins cachés que peu de personnes connaissent tout en me revoyant passer par ces mêmes chemins pour éviter un cours ou pour aller jouer dans le grand salon sans me faire attraper lorsque je devais dormir. C'est en ressassant ces bribes de souvenirs que je me rends compte d'à quel point Yoko a changé ma vie. Avant, j'étais spectatrice de ma propre vie. Maintenant, je me bats pour une cause juste, en laquelle je crois aux côtés de véritables amis. C'est pour ça que je ne dois pas échouer !

Quitte à y laisser ma propre vie, je me battrai pour les sauver. Je me battrai pour que les murs tombent et pour que la liberté soit verte !

Yoko et Luna- TerraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant