CHAPITRE 34

49 5 0
                                    

Yoko

« La nature est tout ce qu'on voit,
Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime.
Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit,
Tout ce que l'on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l'aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu'on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t'aime.
La vérité c'est ce qu'on croit
En la nature c'est toi-même. »

George Sand

Je sais pas qui c'est ce George Sand, mais j'aime son poème. Je souffle et m'allonge sur le toit le plus haut de la ville-basse, celui de la vieille église. Enfin, je suppose que c'est une église. L'intérieur est effondré. Il ne reste vraiment plus grand-chose, je me demande même comment le toit arrive encore à me soutenir. D'ici on voit au-dessus de toutes les habitations de la ville-basse mais pas au-dessus des murs. J'aimerais tellement savoir ce qu'il y a de l'autre côté du grand mur. Je ferme les yeux et me laisse transporter par mes souvenirs.

Flashback 14 ans plus tôt

- Papaaaaaaaaaaaaaaaaaa !! Thalia elle veut pas me rendre mon doudouuuuuuu ! Les larmes n'arrêtent pas de couler de mes yeux, je tiens désespérément la patte de mon doudou lion alors que Thalia tire de l'autre côté.

- Les filles, arrêtez de vous disputer. Et Thalia, rends-lui son doudou. Il ne nous regarde même pas, concentré dans ses papiers. Thalia lâche mon lion et me tire la langue.

- Tu joues avec nous ?

Il n'a jamais répondu à cette question. Un homme a frappé à la porte. C'est maman qui est allée ouvrir mais papa l'a vite rejoint. Ils ont commencé à se disputer mais j'ai rien compris. Maman nous a demandé d'aller dans nos chambres. En voyant ma peur, Thalia était restée avec moi et m'avait pris dans ses bras. Elle s'est toujours montrée très protectrice même si elle adore m'embêter.

Plusieurs heures plus tard, papa est venu nous chercher. Ensemble, on est monté sur le toit de la maison et on a regardé le ciel.

- Papaaaa, tu nous raconte des choses sur l'Ancien Monde ? Il connaissait énormément de choses. Ce monde le passionnait. Il avait énormément d'objets comme des DVD qu'il nous arrivait de regarder même si certains passages du film étaient coupés à cause du mauvais état du disque ou bien des livres. Alors que je m'attendais à ce qu'il nous raconte des choses amusantes. Il s'est tourné vers nous et nous a regardé sérieusement.

- Vous savez, je ne serai pas toujours là. Alors qu'on s'apprête à le couper, il fait un signe de la main pour nous demander le silence. Mais un jour, je sais que vous arriverez à passer ce mur. Et alors, vous découvrirez le monde. Vous verrez sous un même soleil tant de gens différents qui sont capables de merveilles. Vous verrez, mes enfants. Imaginez un monde à refaire autrement, un monde que j'attends. Sur le coup, je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire. Un monde plus libre. Malheureusement, l'argent sera toujours le guide de certains peuples et les rendra peut-être cruels. Mais vous verrez ce qu'on peut bâtir quand on apprend ensemble, ça vous fera grandir. Je suis certain qu'un jour, vous verrez tout ça. Ne perdez pas espoir. Et n'oubliez pas, finché la mia fiamma brucerà, la speranza non svanirà mai. Il nous avait dit ça en souriant, mais n'étant qu'une enfant de quatre ans, j'avais arrêté d'écouter quand il nous a dit d'imaginer un monde.

- Allez, viens gamine. Maman nous appelle pour manger. J'étais complètement perdue dans mes pensées et n'avait pas remarqué que Thalia me parlait. Finalement, elle m'avait pris dans ses bras et nous sommes redescendues ensemble. Et comme d'habitude, j'avais rétorqué que je n'étais pas une gamine.

Fin du flashback

« Finché la mia fiamma brucerà, la speranza non svanirà mai » ...Que veut dire cette phrase ? Je ne sais pas, mais elle est importante. J'en suis sûre. Alors que j'étais concentrée dans la contemplation du ciel, deux yeux vairons entrent dans mon champ de vision. Le visage à moitié masqué de Pax me gâche complètement la vue.

- Qu'est-ce que tu me veux ? On doit de nouveau voler pour toi ? J'en ai marre. Rien ne bouge !

- Toute révolution prend du temps à se mettre en place. Viens avec moi, j'ai quelque chose à te montrer. Et tu vas me dire ce que tu as fait à Luna parce qu'elle refuse de te voir. Je ris légèrement.

- Je l'ai presque embrassée.

- Presque ? Pourquoi tu ne l'as pas fait ? Hein mais c'est quoi cette question ?! Enfin bref, on y va gamine ? Ça va te plaire mais ça risque d'être sportif.

- Bien sûr que j'arrive. Elle avait réussi à piquer ma curiosité. Et je suis pas une gamine d'abord !

Elle me lance un regard et se laisse tomber dans le vide. Je souffle et la suis en effectuant un salto arrière.

PAX

Mais quelle frimeuse celle-là. Comme prévu, j'atterris sur un gros tas de sable et m'enfonce un peu. Je retiens un rire quand Yoko s'enfonce jusqu'aux côtes et semble être complètement coincée.

- Je devrais peut-être te laisser là ? Elle me lance un regard noir et gigote dans tous les sens mais elle ne fait que s'enfoncer encore plus.

J'attrape ses mains et la tire pour la sortir de là. A cause de l'élan elle me tombe dessus et éclate de rire. Ça me fait sourire, mais elle ne le voit pas grâce à mon masque. On se relève et je la tire jusqu'à un vieil entrepôt. Là, on récupère plusieurs feux d'artifices que Railey a fabriqués. Cette fille sait tout faire. On attend qu'il fasse nuit et j'emmène Yoko devant le mur qui nous sépare de l'extérieur. Celui qu'elle rêve de franchir. A cause des récents évènements et à Yoko, beaucoup de soldats sont à l'hôpital et la sécurité est réduite sur le mur. De toute façon, qui oserait s'y rendre ? C'est le mur le plus haut de tout Terra. Même depuis la Ville-Neuve on ne voit pas l'autre côté. Je tends deux piolets à Yoko et nous attache par la taille.

- Prête à l'escalade ?

- J'attends que ça !

Sans attendre plus longtemps, on commence notre ascension. Aucune de nous deux ne chute mais Yoko semble en difficulté à la moitié du mur. Quand on arrive enfin en haut, on est toutes les deux essoufflées. Plusieurs gardes se dirigent vers nous. Je pose une sphère par terre et appuie sur un bouton. La sphère se plante dans le sol et un champ de force apparaît autour de nous. Tous les gardes sont expulsés et leurs armes ne nous atteignent pas.

- Laisse-moi deviner, Railey ?

- Exact, elle sait vraiment absolument tout faire. Rien ni personne ne peut entrer dans ce champ de force mais n'importe quoi peut en sortir. Profite de la vue. On ne reste pas longtemps.

Je souris en voyant les yeux de Yoko photographier le paysage de l'autre côté du mur. Elle a toujours eu une bonne mémoire photographique. Je la vois mettre des lunettes sur son nez et appuyer plusieurs fois sur une branche. Ce serait donc les fameuses lunettes espionnes dont m'a parlé Railey ? Finalement, elle se tourne vers moi et ensemble nous lançons des feux d'artifices. Plusieurs fois, le mot « flamme » apparait dans le ciel ainsi que « révolution ». Un feu d'artifice laisse dans le ciel noir quelques mots « Railey, la meilleure ». Elle n'en rate pas une celle-là...

- C'est quoi la flamme ? Pourquoi on envoie ça comme message ?

- C'est le nouveau nom que nous aurons lorsque les Reblights et les NightWolf ne feront plus qu'un. La flamme, comme la flamme de l'espoir. Je vois ses yeux s'agrandir. La fiamma della speranza Yoko. Et en même temps que je prononce ces mots, ils s'affichent dans le ciel.

Yoko et Luna- TerraWhere stories live. Discover now