Yoko et Luna- Terra

CHAPITRE 35

YOKO

De l'herbe qui s'agite sous le souffle du vent, des fleurs aux pétales multicolores ou encore d'immenses arbres aux feuilles verdoyantes. Voilà ce que j'espérais voir de l'autre côté du mur. A la place, je n'ai vu qu'un ciel bleu. Le même que l'on voit en levant la tête un peu partout dans Terra. Je regarde une énième fois les images que j'ai pris grâce à mes lunettes. Donc même ça, ce sont des mensonges ? Sur l'une de mes photos on voit très clairement des espèces de panneaux dans le ciel. Un dôme. Au sommet du mur commence un immense dôme qui recouvre tout Terra. Ça veut dire que même la pluie, le vent et le soleil sont faux. Mais alors, d'où viennent les rares oiseaux que l'on voit ? Et les graines qui font pousser de petites fleurs un peu partout dans la ville basse ? Je veux en savoir plus.

- Ne pense même pas à y retourner. Les paroles de Pax me sortent de mes pensées. Elle sait quelque chose, c'est sûr. Sinon elle ne m'aurait pas emmené. Elle y serait allée seule ou alors elle aurait emmené quelqu'un d'autre. Et comment ça se fait qu'elle connaisse une langue ancienne ? Je crois même que c'est la même que papa utilisait parfois. Je me souviens que Thalia insistait pour qu'il lui apprenne. J'aurais dû, moi aussi. On est monté bien trop facilement. Ils nous ont laissés faire. Ils voulaient qu'on voie le dôme.

- Tu savais n'est-ce pas ? Tu savais qu'on était piégé dans ce dôme.

- Oui. Et je voulais que tu le voies. Maintenant, j'espère que tu comprends que faire exploser les murs ne suffira pas.

- Oui. On doit aussi désactiver le dôme.

- Surtout pas. S'il a été mis en place c'est qu'il y a une raison. Enlever l'image de ce faux ciel, ça je suis d'accord. Mais le dôme et le mur extérieur nous protègent. On ne connaît pas l'état de la planète. Tout ce que je sais, c'est qu'il se passe quelque chose à l'extérieur, des catastrophes naturelles peut-être. Elles sont si puissantes qu'elles fragilisent le dôme et permettent à des oiseaux de passer.

- Je vois. Ça n'empêche que je veux sortir.

- Je sais. Mais d'abord, nous avons une guerre à terminer. Raven a compris notre message d'hier. Elle a décidé que le match de la finale aura lieu demain. Attends toi à ce qu'elle joue sans respecter les règles et que de nombreux gardes nous attendent à la sortie. Ce match n'est que le premier acte qui nous permettra de nous faire encore plus entendre et qui attirera tous ceux qui sont contre le système dans nos rangs.

- Dans ce cas, préparons nous.

Pax, Luna et moi avons passé le reste de la journée à élaborer des stratégies de jeu. On manque tous d'entraînement et on n'a jamais joué ensemble. Ça va être vraiment compliqué mais on n'a pas le choix. On doit gagner.

J'ai passé la nuit avec Alycia et Eliza. (Ceux qui pensent à un plan à 3, oubliez tout de suite merci...) On a beaucoup discuté, Alycia va beaucoup mieux mais elle n'est pas en état d'assister au match. Et c'est tant mieux. A tout moment ça risque de dégénérer. Le match sera diffusé en direct par nos soins. On a aussi demandé à nos supporters de ne pas venir.

Lorsque le jour s'est levé, j'étais déjà réveillée. Je crois que je n'ai jamais autant stressé avant un match. J'embrasse le front d'Alycia et rejoins le reste de l'équipe. Tout le monde à l'air concentré. Ça y est, on part définitivement en guerre. Et je suis prête. Même si je me chie dessus actuellement.

LUNA

Je veux pas y alleeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer !

Non mais sérieux, rappelons que tout ça a commencé... Je sais même pas comment ! Je veux rentrer chez moaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! Je suis une princesse ! Je devrais plutôt être en train de râler à cause de mes cours ennuyants ! Ou parce que mes parents me cherchent un prétendant ! On va tous mourir ! Je veux pas moi ! Je vais leur dire clairement que je ne veux plus participer à leur guerre et je vais partir !

Et c'est ainsi que je me retrouve devant le stade. Il a suffi d'un seul regard de la part de Yoko pour me dissuader de partir. Elle m'a juste regardé et ce que j'ai lu dans ses yeux vairons à suffi à me motiver à la suivre. Elle a peur, au moins autant que moi. Mais surtout, elle me fait confiance. On vérifie une dernière fois notre stratégie et on s'équipe.

- Luna. Je me retourne et vois Yoko me tendre l'un de ses précieux poignards. Et en plus elle m'a appelé par mon prénom ? Waaaaaw. Ça, c'est fou. Prends-le. On ne sait jamais ce qu'il peut se passer. Il y a aussi le Magnum dans ton sac et des balles. Elle prend ma montre, et bidouille un truc dessus. Si jamais on est séparé, rejoins-moi à l'adresse indiquée sur ta montre. Mais c'est qu'elle s'inquiète pour moi en plus !

- Euh... Merci. Elle me sourit et retourne se préparer.

Je cache le poignard dans ma tenue et vérifie qu'il n'empêche pas mes mouvements. Je sens que cette histoire va encore se finir dans les égouts. On entre sur le terrain. Aucun supporter n'est présent de notre côté. Par contre, le Roi et la Reine sont là. Mes anciens parents m'observent. Je lis beaucoup de tristesse dans les yeux de mon père alors que ma mère regarde Raven avec fierté. Elle et son équipe sont déjà là. En ligne avec un maquillage blanc qui recouvre leur visage et des traces rouges sang autour de leurs yeux. Flippant... Yoko se met en face de Raven. Ce n'est que maintenant que je remarque que notre capitaine s'est également maquillée. Une poudre noire entoure ses yeux et semble couler le long de ses joues. Avec ça, elle est juste... Wow. Excusez-moi le terme, mais elle est putain de canon là ! Et je crois qu'elle m'a contaminé avec ses expressions pourries. Ses yeux ressortent bien plus que d'habitude et le maquillage lui donne un air menaçant. Raven à l'air tout aussi surprise que moi et recule très légèrement. Ce mouvement semble satisfaire Yoko qui lui fait un clin d'œil et revient se placer à côté de moi. Je n'arrive pas à détacher mon regard de ses yeux. C'est fou comme ce maquillage peut me perturber.

- Bah alors Princesse, je te fais de l'effet ?

Non mais je rêve. On est sur le point de commencer le match le plus important de toute notre vie et elle me sort des idioties pareilles. Si elle n'essayait pas de me cacher avec cette blague à quel point elle est terrifiée, je pense que je l'aurais frappé.

On se place tous à nos postes et la balle est lancée. Le match commence enfin.