Chapitre 4

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Quelques mois plus tard.

La nuit était tombée depuis des heures déjà lorsqu'une longue berline noire se gara dans une des rues de Sydney. Plusieurs personnes s'arrêtèrent brièvement pour admirer la magnificence de l'engin. Un chauffeur en uniforme descendit pour ouvrir la portière arrière se situant du côté du trottoir en piteux état.

L'homme à l'arrière descendit quelques secondes plus tard. Après avoir évité une flaque d'eau due à la récente pluie s'étant abattue sur la ville entière tôt dans la matinée, il referma les pans de son costume trois pièces aussi noir que sa chevelure mi-longue. Un vent aussi léger que frais souleva les mèches de cette dernière. Son long manteau sombre resté ouvert le protégeait du froid nocturne.

Hakim soupira d'énervement lorsque ses yeux d'un glaçante couleur céladon se posèrent sur la bâtisse en briques rouges. La devanture de l'immeuble faisait une avec quelques géants bacs à ordures mal fermées. Des jeunes dont les activités ne laissaient aucune place au doute fumaient ce qui semblait être du cannabis tout en se réchauffant autour d'un feu allumé dans une poubelle en métal. Le cheikh se serait presque cru dans une rue paumée de New-York.

L'immeuble n'était pas vraiment délabrée mais pour un homme tel que lui -un homme habitué à la richesse et un roi de surcroît- c'était un lieu qui puait l'insalubrité. Il ne comprenait pas pourquoi Bobbie s'entêtait à vivre ici alors qu'il avait largement les moyens de la faire déménager dans un appartement luxueux et sécurisé. La première fois qu'elle lui avait dit "non", il était tombé des nues. Lui qui était habitué aux femmes vénales prêtes à tout pour des rivières de diamants et autres, il avait été choqué en comprenant que sa nouvelle maîtresse s'en fichait pas mal de son argent et préférait la simplicité de son studio. Mais Hakim n'était le genre d'homme à céder facilement. Quitte à engendrer une nouvelle dispute, peut-être devait-il insister encore afin que sa maîtresse le laisse la gâter comme cela se devait. Bobbie ne cessait de le rendre fou en refusant ses offres. D'ailleurs elle prenait un malin plaisir à rejeter ses cadeaux. Bijoux luxueux, vêtements de marques et cartes de crédit, rien de tout cela ne semblait intéresser la petite australienne de vingt-deux ans. Même si elle ignorait encore son réel statut, elle le prenait pour un simple homme d'affaires ayant fait fortune dans le pétrolier.

Sans quitter le bâtiment des yeux, le cheikh s'adressa à son homme de main.

– Tu peux retourner à l'hôtel et aller te reposer Sayf. Je t'appellerai au petit matin comme d'habitude pour que tu viennes me chercher.

– Bien altesse, s'inclina respectueusement le chauffeur avant de lui souhaiter une agréable nuit.

C'était un homme de confiance et il faisait partie des rares personnes qui savaient que le roi entretenait une liaison avec une étrangère depuis près d'un an déjà.

Lorsque la voiture s'éloigna, Hakim pénétrait déjà dans le petit immeuble. Ici, c'était un moulin; n'importe qui pouvait rentrer n'importe quand, n'importe comment et avec n'importe quoi. Il traversa un petit couloir vétuste et très mal éclairé dont il avait à présent l'habitude à force de l'emprunter. La couleur bleuâtre des néons fluorescents conféraient au lieu un aspect encore plus glauque de maison clause. Dieu merci, il n'en était jamais arrivé à fréquenter ce genre d'endroit pour pouvoir goûter à une femme. Ses maîtresses, il les choisissait avec soin et minutie. Bobbie n'avait pas échappé à la règle lorsqu'il avait secrètement fouillé dans sa vie. Mais même si Bobbie avait eu un casier judiciaire bien garni ou une vie de délurée, il n'aurait pu s'empêcher de la courtiser.

L'amante secrète du Cheikh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant