Chapitre 55

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Ce fut Sania elle-même qui vint informer le roi de l'état de la jeune femme. Hakim eut du mal à rester maître de lui-même tellement une violente inquiétude se déferla dans ses veines.

Un léger silence se fit au bout d'un certain temps lorsque la tension qui l'animait fut palpable auprès des convives mais il n'y prêta guère attention.

D'après Sania, Bobbie venait de faire un malaise. Hakim se demanda si c'était parce qu'elle l'avait vu discuter avec Samantha et qu'elle avait mal interprété la chose. Bobbie avait tendance à être impulsive et enclin à une jalousie mortelle quand elle se sentait menacée. Pourtant il n'y avait pas de raison.  Cependant il aurait mieux fait de la rassurer un peu plus la veille au lieu de laisser parler son énervement. Il espérait juste que sa maîtresse n'ait rien de grave.

L'appelation un peu trop répétitive du prénom de cette dernière parmi ce flot de mots arabes intrigua fortement Samantha qui était toujours assise près du cheikh. Comprenant parfaitement leur langue, elle avait tout entendu et osa s'en mêler. Elle arrêta le cheikh alors que celui-ci se levait de son siège après une brève excuse à l'endroit des tous.

— Veuillez poursuivre ce repas sans moi.

— Si vous le permettez Altesse, j'aimerais venir avec vous pour ausculter cette jeune femme.

Le roi analysa le pour et le contre. Bobbie allait-elle supporter sa présence ? N'allait-elle pas s'imaginer des scénarios qui n'avaient aucune raison d'être ?

— Ne vous gênez pas. La palais dispose de médecins qualifiés.

— Je n'en disconviens pas mais j'aimerais tout de même me montrer utile. Vous n'avez pas à vous inquiéter car je suis médecin généraliste, ne l'oubliez pas. Et ça ne me dérange pas. En plus je suppose qu'elle sera beaucoup plus à l'aise avec une compatriote.

— Comment savez-vous cela ?

— Quoi donc ?

— Qu'elle est Australienne tout comme vous.

— Eh bien, cette dame vient de prononcer son prénom. Bobbie n'est très certainement pas un prénom arabe.

— Oui mais elle aurait très bien pu être américaine ou anglaise.

Sa nature soupçonne fit surface alors que ce n'était pas le moment. Sans se départir d'un sourire calme qui se voulait rassurant, Samantha s'essuya aristocratiquement le coin des lèvres avant de dire :

— En effet. Mais je dois également avouer avoir eu vent de votre idylle puisque j'étais en Australie à ce moment là. Les tabloïds s'en donnaient à coeur joie. J'avoue que c'était divertissant et digne d'un film à l'eau de rose.

— Vous ne manquez pas de toupet, il fit partagé entre amusement et irritation.

Cette femme n'avait clairement pas peur de lui. C'était la seconde après Bobbie d'ailleurs à lui tenir tête. Il ne savait pas comment le prendre. Devait-il la laisser faire au risque qu'elle se fasse des illusions ? Ou au contraire allait-il mettre les points sur les "i" ? La seconde option lui paraissait raisonnable car Samantha était là pour le travail et non pour se lier d'amitié avec lui. Et lui, il avait une réputation à maintenir.

— Hakim ! les pressa l'ancienne nourrice avec un ton impatient.

L'heure n'était en effet pas aux débats. N'ayant pas le temps pour des analyses, Hakim autorisa Samantha à venir. Elle se leva aussitôt pour les suivre.

Ils trouvèrent la jeune femme dans son lit. Elle était d'une pâleur cadavérique mais la seule chose qui rassura le cheikh était que son amante avait les yeux ouverts. Elle eut même la force de les fusiller du regard, ce qui était bon signe dans un sens.

L'amante secrète du Cheikh Where stories live. Discover now