Chapitre 43

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Depuis des heures maintenant, Bobbie marchait sans but précis. Le soleil était haut dans le ciel et il devait faire au moins quarante-cinq degrés Celsius. Elle suait et sa robe lui colait à la peau. Pour ne rien arranger, sa gorge était asséchée à force d'avoir pleuré. Elle avait l'impression de traverser l'enfer le plus mortel.


Sous l'effet d'une impulsion brute, elle avait précipitamment fui l'oasis en volant un cheval laissé à proximité. L'animal s'était laissé faire et Bobbie avait galoper aussi loin que possible malgré les larmes de rage qui lui avaient brouillé la vue.


Cependant un incident ne tarda pas à survenir. Elle ne sut ce qui avait effrayé le cheval, un scorpion peut-être. Mais le fait était que après avoir parcouru des kilomètres, il s'était soudainement cambré sans raison apparente. Prise de panique, Bobbie avait chuté de haut comme la parfaite débutante qu'elle était. Par chance, le sable avait amorti le choc et elle s'en était sortie avec une très légère foulure du poignet, rien d'inquiétant toutefois. Quant-à l'animal, il avait aussitôt pris la fuite sous les jurons de l'australienne. Voilà comment elle s'était retrouvée seule entrain de marcher au beau milieu de nulle part et ce, depuis le petit matin.


Il semblerait qu'elle soit perdue car rien n'apparaissait à l'horizon si ce n'est du sable, du sable, et encore du sable. Bref, cette mer jaunâtre ne semblait pas avoir de fin.


Oui, elle avait été stupide de déguerpir ainsi. Oui, elle aurait dû agir en femme réfléchie au lieu de laisser parler sa rage. Mais dans un moment pareil, qui pouvait réfléchir correctement, surtout après ce qu'elle avait vu ?


Comment Hakim avait pu lui faire ça ? Comment ? Son cœur était désormais réduit en miettes et elle avait envie pleurer. Elle poussa un hurlement de rage quand l'image de leurs corps nus accolés lui revint en mémoire pour la énième fois. Elle avait l'impression de ne voir rien d'autre à part ça. Son cri déchirant se répercuta dans l'environnement silencieux.


D'une démarche épuisée, elle dévala une haute dune sablonneuse et manqua de rouler jusqu'en bas. Des ampoules formés au niveau de ses orteils rendaient la marche hardue et douloureuse. Mais si elle retirait ses sandales, le sable brûlant causerait encore plus de dégâts à ses pieds.


Elle avait essayé de retrouver la trace de la tribu en faisant demi-tour mais sans succès. Le vent avait entraîné le sable à recouvrir les traces de ses pas en l'espace de quelques minutes. Et puis le temps était bizarre, le ciel avait une teinte particulière et il ventait de temps en temps avec des soulèvements de poussière. Elle pressentait qu'elle n'était pas au bout de ses peines.


Elle continua néanmoins de marcher. De toute façon elle n'avait pas le choix. Au bout de ce qui lui sembla être une heure environ, elle vit un puit d'eau au loin. Se disant sauvée, elle se rendit jusqu'à l'endroit précis en courant avec fatigue.


La profonde citerne faite en pierre était dotée d'une poulie en bois rongé par les termites puis d'un saut en métal rouillé et cabossé. Le tout n'avait pas l'air très solide d'ailleurs. Le puit était très profond et Bobbie ne pouvait dire s'il contenait de l'eau ou non. Espérant que oui, elle manœuvra le gros engrenage qui fit un bruit sinistre tellement ça faisait une éternité qu'on y avait touché. Le récipient plus ou moins cylindrique plongea peu à peu dans la cavité grâce à la corde attachée à son anse et qui se déroulait au fur et à mesure. Le seau finit par atteindre le font et la corde arriva à sa limite. Le bruit que le récipient fit en touchant l'abysse fit comprendre à l'australienne qu'elle n'allait pas pouvoir se rafraîchir comme elle l'avait espéré. Ses espoirs prirent feu et partirent en fumée. Le vieux puit était asséchée et ce, depuis fort longtemps.

L'amante secrète du Cheikh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant