Chapitre 53

2.3K 237 27
                                    

— Tu donnes enfin donner signe de vie.

Couchée à plat ventre sur son lit, Bobbie roulait des yeux en recevant des remontrances de la part de ses parents. Elle avait contacté ses proches afin d'avoir des nouvelles d'eux mais son père n'était pas prêt à la laisser s'en sortir aussi facilement.

—  Tu me déçois de plus en plus.

Bobbie dut se pincer le nez et diriger ses yeux vers le plafond pour chasser les larmes qui menaçèrent soudainement de recouvrir ceux-ci. Elle détestait entendre de tels propos de la bouche de son père et il le savait. Pourtant il avait eu recours à ce coup bas pour lui faire mal, croyant ainsi pouvoir lui faire entendre raison, la sienne en l'occurrence. C'était clairement une mauvaise idée d'avoir appelé. Néanmoins elle se montra forte et poursuivit la conversation.

— Désolée, j'ai effectivement négligé de vous rassurer régulièrement mais j'ai une bonne excuse cette fois-ci. J'étais partie avec Hakim dans le désert et tu ne croiras jamais ce qu'il m'est arrivé mais je me suis éga-

— Quand est-ce-que cet homme va enfin faire face à ses responsabilités ? la coupa-t-il d'un ton énervé. Ou il compte faire de toi sa simple maîtresse ?

— Papa !

— En tant que bon musulman il se devait de demander ta main avant de te toucher, mais cela n'a pas été fait. Et toi en parfaite idiote, tu es allé t'installer dans le palais de ce supposé cheikh sans moral.

— N'ose même pas remettre en cause son intégrité musulmane !

— Et toi ne me parle pas sur ce ton !

— Si tu ne veux pas que je te parle sur ce ton alors mesure tes propos et renseigne toi sur lui avant de le juger !

Hakim était l'homme le plus droit qu'elle n'ait jamais rencontré. Il avait certes des défauts mais aussi d'innombrables qualités. Cependant Mr Wiggins ne semblait pas prêt à voir le roi comme un ange.

《Chéri, vas-y plus doucement avec elle. C'est une enfant amoureuse, tu risques de la rendre encore plus têtue》, Bobbie entendit sa mère supplier Kurt avec douceur en fond. Mais ce dernier refusa d'entendre raison et poursuit sur sa lancée en s'adressant à leur fille avec autorité.

— Je n'ai pas besoin de me renseigner sur lui avant de deviné qu'il profite de ta naïveté Bobbie. Et crois-moi je suis sur le point de débarquer dans ce foutu désert pour venir te récupérer et te ramener dans le Pilbara de gré ou de force. Attends juste que ma douleur jambière se calme et me permette de me déplacer correctement sans boiter.

En effet Kurt souffrait de douleur musculaire à cause de son travail de fermier. Vu la situation actuelle, Bobbie était bien heureuse qu'il soit dans l'incapacité de faire de longues distances car il était capable de mettre sa menace à exécution.

— Il s'amuse juste avec toi. Tu es prévenue petite entêtée.

Bobbie décida que cette conversation devait cesser avant que d'autres idées saugrenues germent dans la tête de son père.

— Papa, je vois que tu n'es pas disposé à engager une conversation sérieuse avec moi. Je ferais mieux de raccrocher. Dis à mes frères et sœurs que je les embrasse.

Elle coupa la communication tandis que son père lui disait de ne pas oser raccrocher. Cependant elle refusa de lui obéir et n'en fit qu'à sa tête. Bobbie poussa un long soupir en enfonçant son visage dans un coussin à la housse d'aspect ethniquement oriental.

— Et enfin du silence.

Le rire mutin de Chaima lui rappela qu'elle n'était pas seule dans la pièce. Assise à même le sol, la fille de Sania était entrain de raccommoder une robe à l'aide d'une aiguille. Elle avait attaché son nouveau foulard fétiche autour de la taille comme un hommage au dieu "Furkan".

L'amante secrète du Cheikh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant