Chapitre 24

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Loin de deviner ce que vivait sa favorite, Hakim avait passé la journée à souhaiter ses sincères condoléances aux proches des victimes décédées, à rendre visite à ceux qui se trouvaient à l'hôpital et à leur apporter son aide financière et morale. Sa seule consolation avait été de voir certains retrouver un infime regain d'espérance. Personne ne le tenait pour responsable et si cela avait été le cas, il se serait laissé lyncher d'accusations car lui-même il se flagellait déjà de remords. Hakim avait beau avoir regardé son père mener des guerres et discourir vaillamment devant son peuple quelqu'ait été la finalité, il avait beau avoir été aussi bien moralement que physiquement préparé à être roi, il y avait certaines situations qui échappaient à sa mentalité d'acier et celle-ci en faisait partie.


Il avait très peu dormi et mangé mais c'était le cadet ses soucis car il était habitué à se priver de nourriture. À force de se rendre tout seul dans le désert, il avait acquis certaines aptitudes.


Il s'était également rendu sur la place de l'explosion pour voir si l'usine pouvait être réhabilité. La reconstruction allait prendre des mois et beaucoup de personnes allaient se retrouver au chômage. Il avait remédié à cela en leur fournissant du travail dans une autre usine non loin de là.


C'est avec le cœur lourd qu'il avait sillonné les débris en se demandant comment Majid pouvait détruire ainsi sa propre terre natale sans éprouver le moindre remords. Cela ne fit qu'accroître l'envie qu'avait Hakim de lui trancher la tête. Quand ce sera fait, il viendra l'exposer sur cette place, il pensa avec animosité.


Passant une main nerveuse dans sa chevelure, il offrit son visage au soleil brûlant de l'après-midi. Nazif était une ville un peu campagnarde et il y faisait encore plus chaud qu'à Talhouni. Il se sentait à bout de nerf et un trop-plein d'émotions disjonctait son cerveau à force d'avoir vu toutes ces personnes moralement détruites.


– De l'eau ? lui proposa son ministre alors que les deux hommes marchaient vers leurs chevaux.


– Merci Furkan.


Il prit la gourde faite en peau de chèvre et apporta le goulot à ses lèvres pour en boire. Sa pomme d'Adam se mit à déglutir au fur et à mesure que l'eau fraîche se déversait dans sa gorge. Après s'être désaltérés, les deux hommes décidèrent de reprendre rapidement la route avant la tombée de la nuit.


Imité par ses gardes, Hakim enfourcha sa monture blanche et Furkan en fit de même avec la sienne. Les étalons furent paisiblement guidés par les cavaliers vers la dernière maison de la liste. À présent il lui restait une dernière famille à visiter, ou plutôt une vieille dame dont l'habitation n'était qu'à quelques minutes à cheval.


Ils arrivèrent devant une maison de pierre d'aspect modeste. Elle était implantée dans une rue très calme et où les passants étaient rares.


– Je veux être en tête-à-tête avec elle.


L'amante secrète du Cheikh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant