L'amante secrète du Cheikh

Chapitre 56

- Je sais que ce n'était pas prévu mais... je te jure que je ne l'ai pas fait exprès pour te piéger ou quoi que ce soit... Tu me crois n'est-ce-pas ?

Le silence du cheikh inquiétait fortement la jeune femme désespérée, d'autant plus qu'elle n'arrivait pas à déchiffrer son expression faciale. Il avait le don de cacher ses émotions à la perfection et même si elle le connaissait bien, ce n'était pas toujours évident pour elle de découvrir ce qui mijotait dans sa tête bien fait.

- Hakim, dis quelque chose... Je t'en prie.

Elle était à nouveau au bord des larmes et les hormones n'y étaient pour rien cette fois-ci. Il n'allait tout pas lui tourner le dos maintenant... Si ?

Elle se ressaisit vite. Hakim était certes l'homme de sa vie mais pas le maître de son destin. Avec sous sans lui, elle allait y arriver. Cependant sa détermination soudaine n'effaçait point l'inquiétude qui plissait son visage.

- Arrête.

- Quoi ?!

- Arrête de porter le fardeau de la responsabilité. Nous sommes deux à l'avoir conçu je te rappelle.

- Tu n'es pas... fâché ?

- Pourquoi devrais-je l'être ?

Après tout elle n'avait rien fait de mal. C'était plutôt à elle d'être énervée contre lui. Elle était encore si jeune mais allait devenir mère sans avoir profité de sa jeunesse, pensa le roi même si Bobbie n'était pas du genre à vouloir sortir faire la fête tard dans la nuit ou autres choses du genre.

- Je ne sais pas trop..., elle tâtonna en serrant le drap tout contre elle. Peut-être parce que tu n'as pas la tête à t'encombrer d'une simple amante enceinte alors que ton peuple traverse une période de crise.

- Tout d'abord j'aimerais rectifier une chose : tu n'es pas une "simple amante" enceinte. Ensuite il est vrai que cette guerre qui éclate autour de nous n'est pas propice à l'attente d'un héritier. Je crains que Majid profite de la situation, raison pour laquelle cette nouvelle doit demeurer secrète le plus longtemps possible. Mais crois-moi, je ferai tout pour vous protéger... toi et le bébé.

- Notre bébé.

Elle ne le réalisait toujours pas. Dans son ventre grandissait le fruit de leur amour. Le timing était mal choisi au vue de la situation délicate mais ils n'avaient pas le choix.

- Oui, le nôtre.

Il lui embrassa le front et fut soulagé de la voir apaisée de toute inquiétude.

- J'ai entendu ce que Sania a dit.

- Quoi donc ?

- À propos du fait que tu devais m'épouser pour préserver mon honneur, le tien et cetera...

Son ton se voulait nonchalamment calme mais il savait tout le désespoir, la peur et l'incertitude qui animait sa bien-aimée.

- Je ne veux pas te contraindre à m'épouser.

- Tôt ou tard je l'aurais fait Bobbie. On a déjà eu un semblant de cette discussion dans la salle des tableaux royaux, tu t'en souviens.

Oui, elle s'en souvenait. Elle se rappelait de la nuit où il l'avait entraînée jusqu'à la galerie impériale. Il l'avait appelée sa reine. Pleine de doutes à ce moment là à cause des manigances de Ruqqaya visant à la rabaisser et à la manipuler, Bobbie n'avait pas voulu trop y croire.

- En parlant de mariage...

- Oui ? elle soupira avec douceur en revenant à la réalité.

- Viens à Dubaï avec moi, il susurra tendrement alors que ses lèvres n'avaient pas quitté le front encore un peu pâle de sa bien-aimée toujours collée à lui.