Chapitre 54

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— Allons, ne faîtes pas cette tête. Le roi ne sait pas résister à vos si beaux yeux clairs, il vous pardonnera bien assez vite.

Bobbie retira sa main de sous son menton et soupira pour la énième fois. La "petite" dispute de la veille l'avait empêché de dormir correctement. Se foutant royalement de réveiller tout le palais, elle avait même tenté de jouer au violon. Mais pour la première fois depuis qu'elle avait commencé par en jouer, ce dernier n'était pas parvenu à l'apaiser avec les sons produits. Au contraire, cela n'avait fait que l'irriter encore plus. La vue de l'instrument lui avait rappelé Hakim, le jour de leur seconde rencontre dans la boutique d'antiquités de Monsieur Everett et les moment qu'elle avait passé à violonner amoureusement pour lui. Ces souvenirs de vieux jours heureux avaient tellement contrasté avec le début de soirée merdique qu'elle venait de passer. Cela avait donc suffit à ce que Bobbie repose son instrument pourtant chéri.

Résultat : elle avait gagné des cernes sombres et une mine déconfite. Seul Fikri l'avait aidé à tenir durant la nuit. Elle avait serrée son chat sauvage du désert tout contre elle jusqu'au petit matin.

— C'est gentil de vouloir me rassurer Yara. Mais cette fois je sens qu'il ne va pas en démordre aussi facilement, même pas sous l'influence de mes "si beaux yeux clairs". Ça m'énerve tellement qu'il puisse défendre Yasmina.

— J'avoue que moi j'ai peur des représailles qu'il me réserve, murmura Chaima en se rongeant nerveusement les ongles.

Elle tremblait littéralement de peur la pauvre.

— Il ne te fera rien. Je suis sa principale et unique cible, va savoir pourquoi.

— Quel dommage que tu ne puisses pas aller à Dubaï.

Bobbie avait dû leur raconter la punition qu'elle avait reçu de la part du roi : elle ne pouvait l'accompagner et ratait ainsi l'occasion d'être vue accroché à ses bras.

—En plus ça va être un mariage grandiose, il y aura la présence de tous les cheikhs des émirats ainsi que des dignitaires d'ailleurs.

— Tu savais que ma sœur a un faible pour le futur marié ?

— Tais-toi Chaima ! J'avais douze ans à l'époque et j'étais stupide... Certes pas avec exagération comme toi quand tu aperçois Furkan, mais stupide quand-même. En plus c'est de l'histoire ancienne maintenant.

Elle semblait étrangement sincère.

— Vous les filles de Sania avez tendance à vous amouracher d'hommes inaccessibles et froids. On dirait une sorte de malédiction qui vous frappe.

— Furkan est peut-être froid mais pas inaccessible pour moi, feula la plus jeune du groupe en s'adressant à Abeer. Tu comprends ?

En guise de réponse, celle-ci haussa les épaules tout en savourant sa boisson chaude.

Elles se turent au moment où Sania arriva en portant deux paniers remplis de petits gâteaux tout droit sortis des fours royaux. Une odeur alléchante se répandit dans la pièce servant de cuisine principale.

— Ça a l'air bon tout ça. C'est pour qui ?

— Les médecins et infirmiers australiens venu porter mains forte aux hôpitaux Khayatiens. D'une minute à l'autre, ils vont venir déjeuner dans la salle attenante avec le roi.

Bobbie fronça les sourcils. Des médecins tout droit venus de sa terre natale ? Et Hakim avait omis de lui faire part de cette information importante ? Plus le temps passait, plus Bobbie avait l'impression que Hakim lui parlait de moins en moins. N'avait-elle plus la valeur d'une Cheikha à ses yeux ? Et si son père avait raison ? Et si pour le roi elle n'était qu'une simple maîtresse décorative ?

L'amante secrète du Cheikh Donde viven las historias. Descúbrelo ahora