Chapitre 46

2.4K 218 11
                                    

Lasse et moralement abattue, la jeune femme appuya mollement sa tête contre la paroi très peu lisse du la grotte. La honte qui était entrain de la submerger la faisant presque suffoquer de détresse. Le cheikh décela tout cela et la prit en pitié. Il aurait pu jouer aux hommes fiers et la mettre à terre en refusant de lui pardonner aussi vite. Il pourrait faire son macho et faire la gueule, la contraignant ainsi à quémander son pardon jusqu'à ce qu'il ne se décide à reprendre les choses sur de bonnes bases. Oui, il pourrait en profiter pour lui rendre la monnaie de sa pièce.

Mais il n'était pas ce genre d'homme. À quoi cela servirait-il si ce n'est à les retarder inutilement ? À quoi bon tourner en rond à cause de cette histoire ? Il ne voulait pas rentrer au Khayat dans une ambiance malaisante, leur couple ne méritait pas ça. Qu'on le traite d'homme faible, mais il était incapable d'en vouloir longtemps à cette femme. Elle seule était sa faiblesse. Il n'était pas venu la chercher dans ce désert pour faire perdurer le conflit qui avait failli les séparer pour de bon. Elle avait certes commis une erreur en refusant de lui faire confiance mais lui aussi n'avait pas été saint sur toute la ligne. Le roi avait conscience d'avoir échoué à l'épreuve où il fallait gagner la foi de son amante. Et pour cause, il lui avait dissimulé plusieurs choses, la poussant même à le suivre à son insu jusqu'ici. Alors non, il n'allait pas la rejeter pour si peu même si quelque part, une part de lui lui criait de faire poireauter la jeune femme. Ils avaient tous les deux assez souffert comme cela et il était temps pour eux de penser la plaie.

– La prochaine fois j'aimerais que tu me fasses un peu plus confiance habibti.

Bobbie revint prestement sur terre en entendant ces paroles murmurés à son oreille. Quand est-ce-qu'il s'était levé pour se rapprocher d'elle ? Bobbie ne l'avait même pas entendu bouger. Il avait soulevé une mèche de ses cheveux pour la caler derrière son oreille délicat, lui arrachant ainsi une rougeur fiévreuse. Ses iris précédemment enflammés de colère n'étaient plus que amour, indulgence et désir. Malgré ce qu'elle y lisait, ell n'osait pas trop y croire.

– La prochaine fois ?

– Nous ne sommes pas au bout des pièges de ce genre, c'est évident. J'espère que tu le sais.

Elle s'empressa de se détacher du mur pour lui faire proprement face. Elle avait le regard larmoyant mais ne s'en rendait même pas compte.

– Je ne parlais pas de ça. Quand tu dis "la prochaine fois", tu sous-entends que tu me veux toujours à tes côtés ?

– Bien sûr que oui.

– Tu m'as pardonné ? Si vite ?

Elle le fixait avec suspicion et peine. Elle se disait que ça devait être trop beau pour être vrai et qu'il y avait un piège quelque part.

– Je suis prêt à passer outre... parce que je t'aime.

Il prit son visage en coupe et déposa un tendre baiser sur sa bouche qui portait encore des traces de sécheresse. Bobbie papillonna des cils comme une idiote tandis qu'une allégresse et un soulagement sans nom prenaient vie dans son âme. Elle en demeura pétrifiée tellement c'était insoutenable.

– Tu ne te moques pas de moi n'est-ce-pas ?

– Pourquoi ferais-je une chose pareille ?

– Parce que je suis une imbécile, parce que je ne te mérite pas et parce que tu aurais totalement raison de me-

Hakim posa sa paume sur sa bouche pour la faire taire et la poussa en arrière pour qu'elle se retrouve à nouveau avec le dos cloué au mur. Silencieuse, Bobbie l'observait à présent avec les yeux écarquillés.

L'amante secrète du Cheikh Where stories live. Discover now