Chapitre 17

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L'aspect sultanesque de l'intérieur laissa l'australienne bouche bée. Après avoir gravi d'interminables marches, ils avaient franchi la porte d'entrée pour pénétrer dans ce qui semblait être un grand hall. Des gardes royaux se trouvaient un peu partout mais se fondait néanmoins dans le décor. On les oubliait presque et leur présence n'était pas vraiment oppressante. De hautes colonnes corinthiennes couvertes de feuilles d'or parsemaient l'immense pièce de façon à mener vers un escalier large et imposant qui menait sans aucun doute à l'étage. Était-ce du vrai or ? faillit-elle demander en se retenant de toucher un des piliers.


À peine arrivés qu'ils furent accueillis par une horde de jeunes femmes ayant plus ou moins l'âge de l'australienne. Au plus grand désarroi de Bobbie, Hakim l'abandonna aux mains de ces personnes qui lui étaient inconnues. Avant de disparaître dans un couloir, il lui avait juste dit de ne pas s'inquiéter et que ces femmes allaient s'occuper d'elle jusqu'à ce qu'il ne revienne.


L'étrangère offrit un sourire crispé à ces Khayatiennes orientalement vêtues et qui l'observaient sous toutes les coutures comme si elles s'apprêtaient à prendre ses mesures pour lui confectionner des robes dans l'immédiat. Sans vraiment la toucher, elles se mirent à virevolter autour de la brune et à faire des messes basses dont elle ne captait absolument rien. Était-ce des médisances ou des compliments ? Parlaient-elles anglais au moins ?


Pour le faire comprendre sa gêne, Bobbie se racla discrètement la gorge, ce qui eut l'effet escompté. Les quatre demoiselles se reprirent et l'entraînèrent aussitôt avec elles. Tout en avançant à leur rythme, Bobbie jeta un coup d'œil en arrière et fut rassurée de voir que Kader était à quelques mètres derrière elles. Il les suivait avec le violon dans une main.


Le roi referma la porte de son bureau. Furkan s'y trouvait déjà. Il s'installa sur son siège et son ministre vint se placer à ses côtés tandis qu'il mettait le CD dans le lecteur. Tandis ce celui-ci se mettait en marche, il tapota nerveusement ses doigts contre sa jambe dans un signe trahissant sa colère, une ire dirigée contre Majid mais également contre lui-même pour ne pas avoir su protéger ces gens.


La vidéo démarra, l'image était de mauvaise qualité mais n'empêchait pas de voir ce qu'il se passait. En premier lieu, le caméra était braquée sur trois personnes cagoulées, assises sur des chaises et ligotées. Deux hommes et une femme. Le cadre était délabré, c'était un pièce sombre uniquement éclairé par la lumière instable d'un plafonnier. Majid fit son apparition avec une arme en main. Il vêtu d'une chemise et d'un pantalon noire. Un keffieh couvrait sa tête et Hakim se dit combien ce rat était indigne de porter un foulard aussi noble. Il se tenait devant l'objectif avec un sourire malsain qui écœura le cheikh. Ce dernier serra furieusement les accoudoirs de son fauteuil entre ses mains crispées, il ne tenait pas en place.


- Mon très cher cousin, ça fait longtemps que je ne t'ai pas laissé une vidéo comme celle-ci. Et pourtant j'aurais dû car te laisser des mois de répit t'a stupidement fait croire que j'avais peut-être renoncé à mes objectifs. Il est grand temps que je te rappelle ce que tu provoques en me refusant ce que j'exige venant de toi.


L'éclat qui brillait dans son regard bestial ne disait rien que vaille. Derrière lui, on pouvait voir les otages gigoter sur leurs sièges de fortune. Il ordonna qu'on leur ôte leurs cagoules. La femme qui était parmi eux sanglotait. Elle posa ses yeux larmoyants sur la caméra et semblait supplier le roi de lui venir en aide. Ce regard, Hakim ne l'oubliera jamais. Il se sentit si impuissant.

L'amante secrète du Cheikh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant