Chapitre 44

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En arrivant au niveau de Bobbie, Hakim descendit prestement de sa monture et courut s'agenouiller près d'elle. Il s'était attendu à la trouver en piteux état mais la vision lui fendit tout de même l'âme. Cette sotte était si bornée qu'il avait envie de la punir.


Dans son champ de vision, il découvrit la carcasse d'une vipère déchiquetée. Son cœur rata quelques battements. Vu l'état du serpent, ça devait forcément être l'œuvre d'un félin. Néanmoins Hakim vérifia si Bobbie n'avait pas été mordue et pria pour que ce ne soit pas la raison de son état d'évanouissement. Par chance, il ne vit aucune trace de morsure sur sa peau. Même si ce constat le soulagea, il demeurait inquiet. En effet elle avait le teint affreusement rouge et les lèvres craquelés par la soif et la chaleur. Hakim alla chercher une gourde en peau de chèvre. Après avoir calée la brune contre lui, il déboucha l'outre et l'approcha doucement de sa bouche. Il prit le soin de saisir sa mâchoire pour entrouvrir ses lèvres avant d'y verser le contenu incolore et pur. L'eau glissa doucement sur la langue de Bobbie sans qu'elle ne bouge.


Son pouls disait à Hakim qu'elle était toujours vivante mais la voir dans cet état n'avait rien de rassurant.


– Allez, bois ! il l'incita avec une irritation et une nervosité palpables.


Il crut la voir déglutir puis essayer d'avaler du mieux qu'elle pouvait sans pour autant ouvrir les yeux. Mais ce n'était toujours pas suffisant. C'était comme si boire lui coûtait énormément d'effort. Son amant décida donc de l'aider d'une manière particulière. Hakim but à sa place sans avaler le liquide puis approcha son visage du sien. Il plaqua ensuite ses lèvres contre les siennes toujours entrouvertes et y déversa le liquide frais. Il l'entendit gémir faiblement. Elle ne recracha pas l'eau alors il répéta le processus au moins cinq fois. À chaque fois, il ne s'arrêtait qu'après s'être assuré qu'elle ait tout avalé. Sans quitter son visage des yeux, il reboucha finalement la gourde pour éviter que le reste de l'eau ne se renverse. Il espérait que cela soit suffisant pour la rafraîchir et réhydrater son organisme.


Le résultat se fit apidement voir car ses lèvres devinrent moins pâles et gercées. De plus elle se mit à tousser faiblement et à papillonner légèrement des cils. Heureux de revoir ses yeux si bleus, Hakim caressa sa pommette gauche avec son gros pouce.


Néanmoins en retour, il n'eut droit à aucune tendresse. Au contraire, le regard de Bobbie fut foudroyant malgré sa faiblesse physique.


– Sa...le... or...dure..., elle l'injuria d'une voix éteinte tout de même rendue rauque par ce qu'elle venait de vivre dans ce désert.


Le roi soupira de lassitude. Une personne normale aurait demandé encore plus d'eau mais il fallait croire que sa maîtresse ne faisait jamais rien comme les autres. Non, elle se démarquait toujours par son caractère de sauvageonne. D'ailleurs il ressentait encore les résidus du coup qu'elle lui avait infligé en pleine virilité. S'il arrivait à concevoir après ce tacle, c'est que le bon Allah avait eu pitié de lui.


Hakim savait qu'il méritait plus ou moins son mépris mais ce n'était vraiment pas le moment pour les règlements de comptes et il le lui fit savoir.

L'amante secrète du Cheikh Where stories live. Discover now