Chapitre 5: L'intrication quantique

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La tension était palpable dans la salle de club. Ou du moins, entre les quatre murs sans toit de la cabane de jardin délabrée. Tous les membres étaient réunis autour de la carte de visite d'une certaine Musashi Inagawa. Selon les informations que le bout de carton comportait, il s'agissait d'une puissante femme d'affaires, directrice d'une compagnie de gaz dont le siège se trouvait dans le quartier de Roppongi.

— Donc, résumons, entama Masamune, pensif. Hier, il y avait un type louche devant chez toi. Quand tu as essayé de l'attraper, il s'est enfui et il a fait tomber ça de sa poche, c'est bien ce qu'il s'est passé ?

Violette hocha timidement la tête.

— Encore un coup du Népal ! Puisque tu t'es retournée contre eux, ils doivent tenter de...

— Stop cinq minutes avec le Népal, Édouard, c'est sérieux ! lança sèchement sa jumelle, vraiment inquiète. C'est quoi tout ce foutoir autour de toi, Violette, là ? On devrait en parler à l'administration ! On ne peut pas laisser des gens s'introduire dans l'université comme ça ! Soichiro, t'es d'accord avec moi, hein ?

Le président du club n'avait encore émis aucune théorie ni proposé aucune solution. Il se tenait à l'écart, perdu dans ses pensées, comme à son habitude. Après plusieurs secondes de silence avec les regards de ses camarades braqués sur lui, il finit néanmoins par répondre.

— Je ne pense pas que la direction puisse y faire grand-chose, malheureusement. Le campus est ouvert à tous, et on n'a aucune preuve de ce que nous avançons. On leur dira qu'on a vu des individus suspects, et après ?

Tout le monde baissa la tête. Soichiro avait raison. Aucune infraction n'avait été commise et, sans autre preuve qu'un témoignage visuel sans conséquence, l'administration ne bougerait pas le petit doigt. Rien ne permettait d'affirmer que l'homme qui se tenait là la veille ait eu de réelles mauvaises intentions. Du moins, pas du point de vue d'une personne normale qui ne connaissait pas l'identité que Violette s'efforçait de garder secrète.

— Laissez-moi faire ! s'exclama soudain le garçon au bandeau en se frappant le torse. Après tout, je suis apprenti policier justicier ! Là où le futur commissaire Nishijima passe...

— L'intelligence trépasse, compléta Flore en bâillant.

— Tout à fait ! Premièrement, cherchons une raison. Pourquoi des gens espionneraient-ils notre cadette ? En dehors du fait que c'est une agente népalaise, de préférence.

Édouard, qui s'apprêtait à sortir une grande tirade, baissa les épaules, dépité. L'intéressée, qui n'avait pas spécialement envie que ses secrets soient révélés au grand jour, décida de travestir légèrement la réalité.

— Ma famille a une influence certaine en France. Peut-être qu'ils essaient de m'intimider pour obtenir quelque chose d'eux ? hasarda-t-elle.

— Ça serait un motif valable, oui, acquiesça l'inspecteur en devenir. Sur cette piste, maintenant, a-t-on affaire à un homme seul, ou bien un groupe d'individus ? Telle est la question.

— Les yakuzas sont forcément derrière tout ça, je peux vous l'assurer, affirma le jumeau, la mine sombre.

— T'as pas bientôt fini avec les yakuzas...

— Attends, Flore chérie, pour une fois, ce n'est pas stupide.

Tout le monde dévisagea Masamune avec des yeux ronds, y compris le complotiste à l'origine de cette théorie.

— Si l'argent est à l'origine de tout ça, il ne serait pas étonnant qu'un clan puissant ait eu vent de l'arrivée d'une grande fortune au Japon et essaie de s'en emparer. Ce qui voudrait également dire que cette Musashi Inagawa en ferait partie... Intéressant...

Comme deux atomes intriquésWhere stories live. Discover now