Chapitre 11: Confessions et festival de glace

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Flore, vaincue, baissa les bras. Il était inutile de chercher à mentir à un esprit supérieur comme Violette. Elle était capable de déceler la moindre faille de raisonnement dans des calculs de plus de cent lignes, après tout. Ce n'était pas quelques jolis mots qui allaient réussir à la tromper.

— Ce type est un abruti fini, un danger public et le pire forceur qui existe. Il n'a vraiment pas toutes ses frites dans le même sachet pour continuer à me courir après comme ça. En un sens, il me rappelle beaucoup Édouard, avant tout ça.

— Tout ça ?

Un sourire triste passa sur le visage de la jeune femme qui se recroquevilla davantage dans l'eau brûlante.

— Papa était un simple ingénieur qui travaillait dans une grosse entreprise belge sur des molécules fluorées. Souvent, il invitait des collègues à la maison à diner, le soir, et les raccompagnait jusqu'à la station de bus la plus proche. Mais, un jour, il n'est pas rentré. Alors, maman est allée à sa recherche en pensant qu'il avait trop bu. Elle non plus, n'est pas revenue.

Violette déglutit en se revoyant son camarade de club tétanisé dans les rues de Kabukicho. Elle devinait facilement la suite des événements, mais avait besoin de l'entendre de la bouche de Flore pour en être certaine.

— Le lendemain matin, la police est venue chez nous pour nous annoncer que nos parents avaient été percutés par une voiture et étaient morts sur le coup. Puisque les corps ont été retrouvés au même endroit, sans trace du véhicule, l'enquête a simplement conclu à un chauffard ivre et l'affaire a été close. Et ça, mon frère ne l'a jamais accepté. Pour lui, c'était un assassinat, parce que notre famille détenait des informations qui dérangeaient certains. De fils en aiguilles, à force de chercher parmi nos contacts téléphoniques, il a fini par trouver le nom de Gilles-John Inagawa, un Français marié à une Japonaise ayant des liens étroits avec la mafia. Depuis, Ed s'est mis dans la tête de découvrir la vérité, de comprendre pourquoi nos parents ont été assassinés et a promis de se venger en faisant tomber « l'organisation Inagawa ». C'est pour ça qu'on s'est installé au Japon.

La blonde ressentit soudain un poids sur sa poitrine en se rendant compte de son manque de tact. Elle n'avait pas imaginé une seule seconde que les délires de l'idiot du groupe aient pu prendre leur source dans un réel traumatisme. Elle avait encore un long chemin parcourir avant de pouvoir déchiffrer correctement les émotions humaines, se dit-elle.

— Je vois... Je suis désolée de t'avoir obligée à te remémorer ces souvenirs douloureux.

— Ne t'inquiète pas. Avec les années, j'ai appris à vivre avec. Tout ce que je veux, c'est qu'on s'éloigne de toutes ces histoires, maintenant. Comme Édouard, je pense qu'il s'agissait bel et bien d'un assassinat, certainement pour un contrat non respecté ou quelque chose du genre. Mais c'est justement pour ça qu'on ne doit pas chercher à en savoir plus. Ce qui est fait est fait. Si nos parents ont fait une erreur, c'est inutile de se mettre en danger en faisant comme eux. De toute façon, ça ne les ramènera pas. On doit mordre notre chique, c'est tout.

Lorsque Violette discerna l'éclat d'une larme au coin de l'œil de son amie, elle décida de ne pas insister davantage. Elle avait déjà eu bien plus d'informations qu'elle ne le souhaitait. Elle nota ainsi précieusement dans sa tête toutes ces révélations pour s'occuper de cette enquête une fois de retour en France, puis reprit la parole d'une voix plus douce.

— Si je saisis bien, tu t'empêches d'apprécier Masamune parce que tu ne veux pas que son côté policier justicier l'entraîne, comme ton frère, dans des délires dangereux s'il venait à apprendre la vérité. En le repoussant, tu espères le protéger. C'est bien cela ?

Comme deux atomes intriquésWhere stories live. Discover now