Chapitre 16: Face à Musashi Inagawa

46 8 28
                                    

Soichiro se força à sourire pour ne pas perdre la face.

— Ça faisait longtemps, madame Inagawa. Je suis content de voir que vous vous portez bien.

— Allons, pas de ça entre nous, jeune homme. Appelle-moi Musashi, comme tout le monde ici. Et puis, ce n'est pas tous les jours que je reçois la visite de l'un des survivants de la grande guerre des clans. Je suis admirative de ce que tu as fait, vraiment. Te lier à un Izrathien au beau milieu du tournoi a peut-être entraîné ta disqualification par manque d'équité, mais cela t'a aussi paradoxalement sauvé la vie. Évidemment, un tel acte est le déshonneur absolu pour tout yakuza et le bannissement de ta famille du clan Yamaguchi était donc légitime. Mais, en tant qu'adversaire, je ne peux que respecter ce courage que tu as eu de briser les règles.

— C'est bon ? Vous avez fini de me faire des compliments creux ? Et si vous en veniez directement aux faits plutôt que de déblatérer des mots que vous ne pensez pas une seconde.

La femme d'affaires lâcha un soupir. D'une démarche assurée, elle s'assit à son bureau, face à Soichiro, et le dévisagea comme si elle essayait de sonder son âme.

— Je sais pourquoi tu es ici aujourd'hui. Tu désires récupérer ce que nos hommes ont dérobé à l'héritière. Est-ce que je me trompe ?

— Et si, au lieu de tourner autour du pot, vous m'expliquiez cette histoire d'héritière que vous radotez depuis des mois ? Qu'est-ce que vous voulez à la gamine, bon sang ?

— Oh, tu n'es pas au courant ? Amusant. Il semblerait que la loyauté de Ryoko envers cette adolescente soit plus grande que nous l'imaginions. Je ferais mieux de le surveiller de près avant qu'il ne fasse quelque chose qui compromette l'avenir du clan...

— Violette peut avoir ses secrets, si elle ne m'en a pas parlé, c'est qu'elle a ses raisons.

— Tu n'es vraiment pas curieux pour un scientifique, gamin. Comme je suis quelqu'un qui n'aime pas les mensonges, laisse-moi te montrer ceci.

Musashi se leva pour se saisir un dossier sur lequel était dessinée une fleur de lys. Elle en sortit une feuille qui n'était nulle autre que la copie du passeport original de Violette, et donc le document où figurait son véritable nom.

Soichiro resta plusieurs secondes sans voix. Jamais il ne se serait douté que sa rivale ait réussi à cacher un passé aussi lourd jusqu'ici... Mais, après quelques secondes de réflexion, c'était parfaitement logique. Les manières et l'éducation de Violette, sa manie à ne pas parler de ses parents ni de son enfance, son traitement de faveur par rapport aux autres étudiants, l'obsession des yakuzas pour elle, et même sa façon de s'exprimer. Le jeune homme n'avait jamais vraiment fait attention à ces détails jusqu'à présent. Mais, si ce document était authentique, alors tout s'expliquait.

— Je vois que je n'étais pas le seul à ne pas assumer mes origines, gamine, murmura le président, à la fois amusé, et attristé en pensant au poids que son amie devait supporter en permanence sur ses épaules.

— Une personne du rang de Violette est une chance inopinée pour nous. Si nous réussissons à la rallier à notre cause, la France sera à nos pieds, reprit Musashi, un sourire mauvais fendant ses lèvres rouge sang.

— Vous n'en avez pas assez d'entraîner des innocents dans vos histoires ? Vous avez déjà détruit suffisamment de vies avec vos activités illégales. Et, maintenant, vous voulez vous attaquer à quelqu'un comme elle ? Je vous préviens, si vous touchez à un seul de ses cheveux, je m'assurerai personnellement que les trois autres clans vous anéantissent une bonne fois pour toutes.

— Allons, Soichiro, je n'ai nullement l'intention de provoquer une nouvelle guerre. Je t'ai montré cela pour te faire part d'une proposition qui pourrait nous arranger tous.

Comme deux atomes intriquésWhere stories live. Discover now