Chapitre 20: Lorsque le passé s'invite dans le présent

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Le temps était clair, ce jour-là. La température idéale pour une promenade en ville. Pas un seul nuage ne venait briser la monochromie du ciel d'azur. Le chant des cigales accompagnait l'orchestre de la nature, mené par les percussions des vagues sur la plage et soutenu par le bruissement des vents dans les feuilles des arbres de la forêt.

Pourtant, malgré ce cadre idyllique, Violette n'arrivait pas à apprécier l'instant présent. Elle se tenait là, couverte de poussière de la tête aux pieds, devant quatre murs sans toit dégageant une forte odeur de brûlé. À côté d'elle, Masamune essayait de récolter les morceaux de sa tasse de thé préférée, éparpillée en milliers de fragments. Édouard, quant à lui, avait été éjecté si loin lors de l'explosion que sa sœur avait été obligée d'aller le chercher pour l'emmener à l'infirmerie. Seul Soichiro n'avait pas bougé d'un pouce. Il continuait ses calculs au milieu des ruines, imperturbablement. Une journée ordinaire au club de sciences, somme toute.

Six mois s'étaient écoulés depuis la première apparition en public du duo de scientifiques que la presse appelait déjà « les réincarnations de Mozart et Salieri ». Il fallait dire que leur prestation avait connu un succès immédiat. Le téléphone mobile intéressait de nombreuses entreprises. Toutefois, aucune d'entre elles n'était parvenue, pour l'instant, à reproduire à échelle commerciale l'intrication quantique à l'intérieur des cristaux d'améthystes.

Même si Soichiro et Violette n'avaient pas pu obtenir le titre de docteur à proprement parler puisqu'ils étaient toujours étudiants, leurs travaux avaient été publiés dans la prestigieuse revue scientifique nature. Tous deux avaient également reçu une bourse conséquente pour poursuivre leurs recherches, ainsi qu'une médaille honorifique. Violette se fichait bien de ces récompenses. Néanmoins, elle était heureuse de constater que tous ses efforts portaient enfin leurs fruits et qu'elle était sur la bonne voie pour réaliser ses rêves.

Son prochain objectif était désormais de terminer le « réacteur Kvantiki », un réacteur théoriquement capable de fournir une énergie équivalente à celle de toutes les centrales à charbon du pays. Il s'agissait là du projet le plus ambitieux du professeur Ryoko, qu'il avait malheureusement dû mettre en suspens, faute de résultat. Toutefois, la Mozart des sciences était bien déterminée à mener à terme ce projet, qu'elle considérait déjà comme la plus grande révolution industrielle depuis l'invention de la machine à vapeur. Du moins, elle faisait son possible pour y arriver malgré un environnement de recherche aussi instable que le cœur d'un réacteur nucléaire...

La Française, fatiguée à l'idée de devoir tout reconstruire à nouveau, lâcha un long soupir.

— Misère. Je vous jure que c'est la dernière fois que je fais les travaux ici. Après, vous vous débrouillerez sans moi. Je travaillerai dans ma chambre.

— Eh bien, je vois qu'on s'amuse bien.

— S'amuser ? Tout est relatif. Je...

Violette s'arrêta net. La personne qui avait prononcé ces mots n'appartenait pas au club ni à l'école d'ailleurs. La jeune femme se retourna en sursautant et écarquilla les yeux lorsqu'elle croisa le regard de la nouvelle venue.

Il s'agissait d'une étudiante d'une vingtaine d'années, aux pommettes saillantes et au teint si clair que le moindre coup de Soleil lui aurait été fatal. Son nez pointu et ses iris vert pomme trahissaient ses origines européennes. Ses longs cheveux blonds et ondulés étaient attachés en une fine queue de cheval tombant sur son épaule, laissant son front dégagé. Elle était vêtue d'une robe blanche très simple tandis qu'une paire de lunettes noires était posée sur le dessus de son crâne. Ses lèvres, légèrement rosies, étaient fendues d'un sourire malicieux et amusé à la vue de la scène atypique à laquelle elle assistait.

Comme deux atomes intriquésWhere stories live. Discover now