Chapitre 27: Le dilemme de l'héritière

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— Comment ça, mes parents vont me couper tous les fonds à la fin de l'année ?

Violette, blême, dévisagea son amie d'enfance, cherchant le moindre signe de mauvaise blague, mais May ne plaisantait pas. Elle semblait tout aussi déconcertée à l'annonce de cette nouvelle.

— C'est ce que Garance vient de me confirmer au téléphone. Apparemment, cette histoire avec les yakuzas, ça ne leur a pas plu et ils veulent te faire revenir par tous les moyens... Ça fait plusieurs semaines qu'ils ne parlent que de ça, selon elle.

La scientifique se mordit la lèvre si fort qu'un désagréable goût de sang envahit sa bouche.

— Évidemment. Ils ne peuvent pas laisser leur poule aux œufs d'or dans la nature alors qu'un renard rôde, grommela-t-elle, furieuse contre elle-même. J'ai été vraiment stupide de demander à Elwood de protéger les Delacour en Belgique. La lettre a forcément dû être interceptée par mon père qui s'est saisi de l'occasion...

— Ce n'est pas ta faute. On n'aurait pas dû te mêler à nos problèmes, s'excusa Flore, presque honteuse.

— Ce coup bas est d'une ignominie dont même moi, Édouard Delacour, aurait été incapable ! s'exclama son frère, sous le choc. Ce comte du mal devrait être emprisonné pour cet enlèvement !

— Est-ce que, légalement, il peut ? intervint Soichiro, pensif.

— En théorie, non. Tant que je ne suis pas adulte, il a obligation de subvenir à mes besoins. Cependant... Je ne suis pas sa fille ici. Je suis Violette Leblanc, une Française comme une autre. Pour réclamer mes droits, je devrais être obligée de faire tomber ma couverture.

Le président grogna et croisa les bras sur son torse, cherchant désespérément une solution. Violette, en colère, se leva et attrapa le téléphone pour discuter avec ses parents. L'appel dura vingt longues minutes au cours desquelles tout le club retint sa respiration. La Française, qui utilisait un nouveau portable de sa conception, était sortie dans la forêt pour ne pas être dérangée. Néanmoins, tout le monde pouvait voir à travers la fenêtre à son expression que la conversation n'aboutissait à rien.

— Mon flair de policier justicier m'indique qu'il y a anguille sous roche, comme vous dites en France, déclara Masamune, qui était resté étonnamment silencieux jusqu'ici.

— Ah oui ? s'étonna May. La famille de Violette n'a jamais été pour ce voyage. Ça ne me surprend pas qu'ils se saisissent de la première occasion pour tenter de la rapatrier...

— Cette histoire de Yakuza a déjà presque six mois. Pourquoi ne se réveillent-ils que maintenant ? S'ils étaient vraiment inquiets pour la sécurité de Violette, ils lui auraient parlé juste après l'incident. Ils n'ont aucune raison d'attendre aussi longtemps.

— Tu penses qu'ils cachent quelque chose ?

— Je ne peux rien affirmer pour l'instant. Mais, dès cet après-midi, je vais fouiner du côté de la presse internationale pour me renseigner. Peut-être que j'y trouverai des indices.

— Dans ce cas, je viens avec toi ! s'exclama Flore. Peu importe si nous sommes impliqués ou non, je ne peux pas laisser Violette dans cette situation après tout ce qu'elle a fait pour nous.

L'intéressée revint quelques instants plus tard en pestant. Il n'était pas difficile de deviner que tout ne s'était pas déroulé comme prévu. D'un geste de colère, la blonde jeta violemment son téléphone sur le canapé et claqua la porte d'entrée.

— J'avais oublié à quel point je détestais discuter avec mon père ! Il voit le monde comme une entreprise et croit qu'il peut tout acheter grâce à la pression ! Un vrai mafieux, je vous jure ! Avec quelqu'un comme lui aux commandes, la France serait devenue une dictature depuis longtemps !

Comme deux atomes intriquésWhere stories live. Discover now