Chapitre 36: La cérémonie de remise des diplômes

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Le grand jour était enfin arrivé. Par miracle, le club de sciences était parvenu à organiser quelque chose de décent pour la fin d'année. Alors que tous avaient déjà bouclé leurs valises et s'apprêtaient à quitter le campus pour découvrir de nouveaux horizons, il restait une chose à accomplir avant de tourner définitivement la page de Rikoukei. Dans les couloirs, beaucoup d'étudiants pleuraient à l'idée d'être séparés. D'autres arboraient fièrement les contrats de travail qu'ils avaient obtenus. D'autres encore arpentaient une dernière fois les salles de classe dans lesquelles ils avaient passé tant d'heures.

Violette, quant à elle, était nerveuse. Son cœur battait la chamade. Derrière le rideau qui n'allait pas tarder à se lever se trouvaient plusieurs centaines de personnes attendant son discours avec impatience. En tant que major de promotion, c'était à elle qu'incombait la lourde tâche de clôturer l'année. Malheureusement, un élément perturbateur était venu s'inviter à la fête : ses parents. Elle ne leur avait pas parlé depuis leur dispute après avoir envoyé l'ambassadeur à l'eau. Et, même si elle possédait désormais la nationalité japonaise, son contrat avec eux n'était pas rompu. Certainement allaient-ils lui demander de revenir avec eux, à présent, et de reprendre ses devoirs. Toutefois, la jeune femme ne comptait pas céder à la pression. Elle espérait que ses mots suffiraient à les convaincre que sa place n'était pas en France.

La majorante de l'académie inspira et expira longuement plusieurs fois pour tenter de se détendre, en vain. Sa plus grande crainte était que le discours qu'elle avait préparé pour l'occasion déçoive ses parents qui avaient tant investi pour faire d'elle la scientifique qu'elle était aujourd'hui.

Elle n'était pas la seule à être nerveuse. Cachée dans la pénombre de l'estrade, Flore épiait la salle d'un œil discret tout en marmonnant des paroles inaudibles. Son frère n'était pas dans un meilleur état, en pleine crise existentielle, que Masamune essayait tant bien que mal de raisonner. Seul Soichiro appréhendait les minutes à venir avec sérénité. Assis dans un coin, le deuxième esprit le plus brillant de Rikoukei — cela avait été prouvé par son classement général à l'année — regardait dans le vide, l'air ailleurs.

Son amante s'approcha de lui et le bruit de ses talons sur le parquet grinçant le tira de ses rêveries.

— Alors, prêt pour le grand événement ? J'espère que ton discours est parfait, monsieur le « Salieri de la physique », railla-t-elle pour détendre l'atmosphère. C'est ta dernière occasion de me battre.

— C'est perdu d'avance. Je n'aime pas parler en public. Je t'accorde cette victoire, gamine. Antonio Salieri n'a jamais eu aucune chance face à Mozart.

Violette haussa les épaules.

— Dis plutôt que tu n'as rien prévu, ça sera plus honnête.

— À quoi bon prévoir quelque chose ? De toute façon, personne ne m'écoutera si je passe après toi. Alors, vas-y, impressionne-les tous, encore une fois.

Une sonnerie retentit. Les étudiants prirent place tandis qu'E.T.H.E.R se rassembla autour de Violette pour l'encourager. Après le discours de Ryoko, la représentante des étudiants s'avança d'une démarche assurée sur l'estrade. Du coin de l'œil, elle repéra sur la gauche ses parents, non loin de Garance et May venues assister à la remise des diplômes.

Violette s'arrêta sur le devant de la scène, soudain prise de nostalgie. C'était dans ce même amphithéâtre que, deux ans plus tôt, elle avait ébloui les foules aux côtés de Soichiro. Après cette journée, sa vie changerait radicalement. Allait-elle un jour remonter sur les planches, avec l'orientation qu'elle avait choisie ? Elle l'ignorait. Toutefois, pour son ultime apparition à Rikoukei, elle comptait laisser un souvenir inoubliable dans les esprits de ceux qui allaient l'écouter.

Comme deux atomes intriquésWhere stories live. Discover now