Chapitre 34: Violette Leblanc

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À quelques mètres des étudiants et des agents du comte de Paris se trouvait Ryoko, habillé de sa traditionnelle blouse blanche usée. Dans sa main, il tenait un petit objet, une sorte de carnet rouge sur lequel était dessiné un chrysanthème doré.

— Qui êtes-vous ? demanda l'ambassadeur, méfiant. Encore un autre de ces Japonais qui essaient d'enlever la princesse ?

Le scientifique, légèrement perdu, se gratta la barbe.

— Bel accueil. J'ai dû rater une étape, je crois. Mais, ce n'est pas grave. J'ai une bonne nouvelle, les enfants !

— Professeur, ce n'est pas le moment de...

— Ma chère Violette, c'était toi que je voulais voir ! Je suis heureux de t'annoncer aujourd'hui que ta demande de nationalité japonaise vient d'être officiellement acceptée par l'empereur en personne !

Le diplomate, à l'annonce de cette nouvelle, blêmit à tel point que Soichiro se demanda s'il n'allait pas s'évanouir.

— La... La nation... nationalité japonaise, vous dîtes ? bégaya-t-il. Est-ce que c'est une blague ? Comment l'héritière du trône pourrait-elle obtenir une nationalité autre que française ?

— En effet, ça n'a pas été facile à cause de ça. Et puis, qu'est-ce que je peux détester l'administration japonaise ! Sans Hakaze et ses relations douteuses, on y serait encore... Bref, je m'égare. Quel que soit votre statut, je vous conseille de déguerpir rapidement avant que la police ne débarque, messieurs. Ici, on n'aime pas trop les étrangers qui s'en prennent à nos citoyens et la prison de Fuchu n'est pas l'endroit où j'irais passer mes vacances.

Talleyrand, au bord de la folie, lança un dernier regard à Violette qui, pour toute réponse, lui tira la langue. Outré, humilié et son autorité bafouée, l'homme au ventre bedonnant fit signe à ses molosses de baisser leurs armes et de se retirer.

— Ça ne se terminera pas comme ça, Violette Pendragon d'Orléans ! Vous, tous autant que vous êtes, craignez la colère de...

— Monsieur l'ambassadeur, je crois que nous ne nous sommes pas bien compris, vous et moi, alors je vais me répéter, lui répondit Ryoko, d'un air ennuyé. Veuillez quitter l'enceinte de mon académie, je vous prie. Ne m'obligez pas à faire appel à la sécurité, ou pire, à mes amis yakuzas.

Le diplomate déglutit. Violette, qui commençait à trouver le temps long, prit la relève. Elle se racla la gorge et déclara d'une voix forte :

— Talleyrand. C'est un ordre de l'héritière du trône de Bretagne : partez d'ici sur le champ. Je vous interdis de remettre les pieds, vous ou vos gorilles, à Odaiba tant que j'y serai ! Cet ordre n'est pas révocable, pas même par le comte de Paris. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

— Votre Altesse, je...

— Hors de ma vue !

D'un claquement de doigts de l'étudiante, l'extrémité de la veste du diplomate se para de flammes bleu intense. Affolé, l'homme se mit à courir dans tous les sens, avant de sauter dans la mer, tout en y laissant sa perruque. Ce dernier s'enfuit à la nage, sous les rires incontrôlables de Violette. Pour elle, c'était comme un nouveau rêve qui se réalisait. Depuis le temps qu'elle mourait d'envie d'infliger ce genre châtiment à un de ces aristocrates imbus d'eux-mêmes, elle avait finalement trouvé le courage d'enterrer définitivement son ancienne vie de la meilleure façon possible. Afin d'enfoncer le dernier clou dans le cercueil, elle se posta sur la plage et cria :

— J'ai failli oublier, monsieur l'ambassadeur ! Je ne manquerai pas de faire remonter vos menaces à l'empereur ! Vous savez ce que ça signifie : c'est à vous de faire vos valises !

Comme deux atomes intriquésWhere stories live. Discover now